"Arrêtez de lui prendre la tête / Arrêtez de jouer vos zoulettes / Classez le dans la variet", chantait DOC GYNECO dans les années 90. À quoi il ajoutait "Y'a qu'du rap à l'eau sur toutes les radios", que l'on pourrait traduire aujourd'hui en "Y a qu'du metal en tutu sur tout le YouTube".

Une signature avec Napalm Blast (ou Nuclear Records) plus tard, AETHER REALM semble lui aussi en avoir marre de faire une musique sérieuse. Désormais sous la capote d'un prestigieux label allemand à la stratégie media bien rodée, AETHER REALM est dans la cour des grands. A-t-il été contaminé en plus de ça par Chris Bowes et sa bande de pirates à la bière maltée après une tournée à ses côtés ? C'est fort probable.

En soi, le virage pris par les Américains n'est pas à déplorer. "Tarot" livrait en son temps l'album que ce constipé de Jari Mäenpää n'arrivait pas à nous pondre : du Death Mélodique "Viking" à la fraîcheur nordique, bourré de riffs mémorables et de compos ultra chiadées. Mais il aurait été difficile d'imaginer une seconde claque et le changement de cap était nécessaire. Comme un Jari Mäenpää inversé, AETHER REALM passe de WINTERSUN à ENSIFERUM. Le ENSIFERUM d'aujourd'hui, celui qui fait du banjo et du Disco, pas celui des premières heures (en fait, pas celui de Mäenpää).

Il n'y a pas trop de focus dans tout ça, les Américains livrent aujourd'hui un album fourre-tout en mode menu McDo. Un album concept autour du Tarot, oubliez. On fait les fifous, dès le premier titre on sort le banjo youpi youpla avec un refrain pour une foule bourrée. On a même des trucs qui sortent clairement l'artillerie lourde dans le cheesy dégoulinant, "Guardian" tout choupi, ce "Goodbye" vraisemblablement soufflé à l'oreille par AMARANTHE et ce "Cycle" qui tente l'émotion et rate le coche. Bon, on le registre Death Mélo domine toujours, avec du tube à refrain fastoche ("Hunger"), "One Hollow Word"/"She's Back" plus symptomatique (et pas dégueulasse au passage) d'un Viking Metal moderne et mélodique, et "Lean Into The Wind" qui rappellerait les cousins Black Sympho de chez XANTHOCHROID. On passera par un peu de COB en mode Metalcore avec "Slave To The Riff" (oui, il y a une guitare hispanique au milieu mais ça ne passe plus pour une idée brillante en 2020) et en mode COB première école avec "TMHC". Au final, les dix minutes de "The Craft And The Creator" n'arrivent pas à sceller l'ouvrage comme le faisait si bien l'incroyable "The Sun, The Moon, The Star" malgré quelques bonnes mélodies. Le résultat est un grand hochement d'épaules.

Comme d'autres formations de Death Mélodique désormais converties à faire du "Metal moderne" (AVATAR étant l'exemple-clé), voilà un album qui fleure bon la décontraction anale, et il est presque bon de constater que signer chez Napalm a cette vertu chez les groupes de Death Mélo ou de Folk Metal. EQUILIBRIUM est à peu près au même régime, à cela près qu'on ne l'a jamais vraiment pris au sérieux.

L'unité du thème en moins, AETHER REALM pond un truc pro mais peu impactant. Je dois vous admettre qu'après cette chronique, je le laisserai de côté, avec deux trois titres sélectionnés pour des sessions de ménage en slip. On en est quand même là.