Questions pour un balcon épisode 25.

Je suis une formation de Power Metal suédoise active de 2005 à 2006 puis de 2013 à aujourd'hui. Fondée par deux frères Patrik et Nicklas Von Porat en parallèle de leur projet principal dont le premier avait quitté les rangs depuis plusieurs années. Auteur d'un unique album de très belle qualité en 2017 passé sous les radars nightfalliens, je suis, je suis…

Alors je reconnais il faut être un peu expert en Power Metal et particulièrement de la scène nordique, et que même si l'on est mercredi, c'est plutôt le dimanche que j'aurais dû poser cette question pour des super-balcons. Le printemps nous attire sur nos terrasses, nos balcons et autres fenêtres. Il apparaît évident que la période que nous traversons est historique, et qu'elle nous donne l'occasion de nous recentrer, de redécouvrir certains plaisirs, et d'étancher notre soif de découvertes, de chroniques et j'en passe.

En rattrapant le bal des sorties 2019 (j'y arrive ; encore quelques poissons comme EXCALION, GALNERYUS ou NOVERIA et je serai à jour, au moins pour le Power Metal, si j'en ai zappé, n'hésitez pas à vous manifester via la Boîte à demandes) et en m'intéressant de près au dernier FRETERNIA je suis reparti dans le passé, à la lumière d'une chronique de Bast et de l'éloge de "Dragonsong" par notre ami Anima (oui : il sort de Dark Souls et des poneys de temps en temps), et j'ai découvert une formation dont la discographie n'attendait qu'une bonne âme pour être complétée, même s'il faut s'attendre à ce qu'un de ses jours je donne un avis détaillé sur son premier effort "Warchants & Fairytales". Et FRETERNIA a mis ses couilles sur la table en 2019.

Le groupe avait eu son moment médiatique à l'époque de son premier album avant de retomber progressivement dans un relatif anonymat avant d'entrer en hiatus. Dans l'intervalle et pour une raison que je ne connais pas (et que je n'ai pas réussi à trouver), son chanteur Pasi Humppi a retrouvé Patrik Von Porat, premier guitariste de FRETERNIA, qui avec son frère a fondé un combo appelé CROMONIC. Ce que je lis entre les lignes c'est que le premier est le bébé de Tomas Wäppling et Tommi Johansson. Reste à savoir si les deux formations parviennent à suffisamment se différencier. Et là c'est peut-être pas si évident que ça. Mais on observe des différences.

La première est que Pasi Humppi adopte un chant plus mélodique, ce qui ne l'empêche pas de délivrer quelques screams de temps à autres, mais on est clairement sur un Power moins frondeur que FRETERNIA. Si vous voulez je ferais bien l'analogie entre l'interprétation de Daniel Heiman sur les albums de LOST HORIZON et celle qu'il a pu avoir au sein de HEED. La musique est clairement plus Speed Mélodique traditionnel, avec beaucoup d'aération, un clavier moins présent (enfin moins aux avant-postes surtout), et une faculté à construire des titres relativement directs, sans tous les pièges et cassures dont sait se montrer friand FRETERNIA. C'est moins riffé aussi globalement.

Est-ce moins bon ? Et bien là clairement, non. "Time" s'avère même étrangement plus réussi que le FRETERNIA qui devait suivre deux ans plus tard. Comment est-ce possible ? Et bien parce que les compositions apparaissent plus maîtrisées, compactes et directes, et surtout portées par des mélodies soignées et particulièrement addictives, comme la pièce-titre permet de le mettre en évidence de façon assez claire. Vous aurez avec ce deuxième titre un ressenti global de ce que vous allez trouver sur l'album. Vous aurez "Paradise", qui arrangée différemment aurait carrément pu être un tube Hair Metal, et que le groupe avait eu le bon sens de sortir en single à l'époque, et de même proposer un clip. "Prophecy" vaut aussi le détour pour ses acrobaties vocales. Il n'y a bien que la marche un peu pataude de "The Hunt" qui peine à se maintenir au niveau du reste. Et encore...

Parce que je me rends compte qu'à force d'écouter ce disque, je finis par m'y laisser prendre. Écouté au départ pour comprendre l'évolution de FRETERNIA jusqu'à "The Gathering", j'y suis au final beaucoup revenu et avec plaisir, ce qui doit sans doute vouloir dire que j'avais dans les oreilles un très bon disque de Power Metal et sans doute l'un des meilleurs de 2017 (avec LIONSOUL, CONCERTO MOON, SERIOUS BLACK et la révélation UNLEASH THE ARCHERS). Mais maintenant je ne présage plus de rien, car mes recherches sur CROMONIC m'ont guidé vers un autre ressortissant suédois, PALANTĺR, qui semble lui aussi tenir ses promesses.

Ah oui j'oubliais ! CROMONIC a profité de cet album pour revisiter l'hymne du premier FRETERNIA qu'est "Dragonsong". Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s'agit d'une power-ballade admirablement menée (comme pouvait l'être "The End Of This Chapter" de SONATA ARCTICA à la même époque), et clairement le titre qui devait attirer l'attention des fans de Heavy. Mais si l'interprétation originale pouvait être touchante de par son degré de naïveté qui donnait une énorme importance à des mots pourtant très simples, cette nouvelle version transcende le titre qui parvient ici à maturité, avec une progression beaucoup plus maîtrisée, des soli de guitare bien plus cleans et percutants (sans pour autant modifier les mélodies originales), et une interprétation habitée et dantesque de Pasi Humppi qui vient tenir l'ensemble avec maestria. Il est rare que les reprises surpassent les originaux, c'est ici une éclatante exception.