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2018 The Room
 

- Style + Membre : Turbulence
 

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OSTURA - The Room (2018)
Par METAL le 30 Juillet 2018          Consultée 4244 fois

Le talent ne suffit pas toujours… Peu importe vos aptitudes et zone d'activité, pour percer il vous faut parfois un petit coup de pouce ou un carnet d'adresse bien rempli. OSTURA, formation libanaise ne dira sûrement pas le contraire car après un premier album plutôt confidentiel ("Ashes Of The Reborn" - 2012) le groupe originaire du district de Kesrouan (Mont Liban) est en train de créer un engouement certain dans le monde du Prog, à l'aide d'un concept-album d'une très grande qualité mais surtout de quelques guests bien connus du milieu.

Présenté comme un Cinematic Score Metal "The Room" est bâti, en partie, comme une musique de film à laquelle s'ajoutent les dialogues des protagonistes. Toutefois, bien que le côté cinématographique soit omniprésent, "The Room" ne pousse pas le concept théâtral jusqu'au bout comme un "The Theory Of Everything" d'AYREON et propose tout de même une ossature de chanson traditionnelle à base de couplet/refrain. C'est donc une histoire qui nous est contée mais chaque titre garde une identité propre.

L'histoire narrée est d'ailleurs assez complexe car elle possède plusieurs degrés de lecture. Elle nous raconte la réclusion intentionnelle d'une femme dans une pièce fermée (the room) ainsi que de la recherche de sa place dans un monde où elle se sent exclue. Cette introspection et cet enfermement étant tout autant physique que psychique, l'histoire sera donc un dialogue/combat intérieur entre la jeune femme, son utopie et son érosion mentale (ainsi que de l'utopie humaine et de l'érosion du monde entier, par extension). sa libération, aussi bien réelle qu'abstraite, résultera ainsi de ce bras de fer neuronal... Un peu comme "The Human Equation" de... AYREON (tiens, encore lui).

Musicalement, nous avons à faire à du Metal Prog dans une facette assez Heavy où les guitares saturées domineront globalement les débats. Proche parfois d'un SYMPHONY X dans sa version la plus bourrine et d'un BEYOND TWILIGHT dans sous sa forme la plus folle, OSTURA n'échappera pas non plus à la comparaison avec... AYREON, tant dans la conception de certains titres (la fin de "Darker Shade Of Black" se rapproche pas mal de "The Eye Of Ra" du premier STAR ONE) que dans l'utilisation, à petite dose, d'instruments folkloriques tels que flûtes, ouds, violons et violoncelles). Tantôt Heavy, donc, tantôt plus intimiste à l'aide de douces nappes de piano ou de violons, "The Room" est un savant mélange de styles et d'atmosphères qui se permettra même, en fin de parcours, de s'aventurer dans l'Indus pour un résultat des plus probants.

Mais là où les Libanais se démarquent c'est dans l'apport magistral de l’orchestre philharmonique de Prague (dirigé pour l'occasion par Dany Bou-Maroun, lui-même) et l’orchestre du film libanais (chœurs et quatuor à cordes) permettant à "The Room" d'atteindre des sommets rarement atteint par une formation musicale souhaitant se rapprocher de l'atmosphère d'une œuvre du septième art. Faisons simple, c'est magistrale de maîtrise et de composition : les deux orchestres ne sont pas des ajouts de la musique d'OSTURA, ils font partie du groupe et si le résultat final peut parfois sembler déjà entendu des centaines de fois, de part la profusion de groupes Metal Symphonique, c'est tout simplement bluffant d'y parvenir aussi bien sur l'ensemble d'un album. En comparaison, "Speak Of The Dead" de RAGE était bourré de qualité mais se montrait inconstant et globalement décevant là où "The Room", qui parfois fait penser à l'album de la bande à Peavy, enthousiasme quasiment du début à la fin.

Les personnages, quant à eux, se répondent à merveille avec des voix masculines complémentaires : puissante et rauque pour l'excellent Elia Monsef (Erosion), clair à large tessiture pour le premier guest abordé ici : Michael Mills (TOEHIDER, AYREON) qui joue le personnage d'Utopia. N'oublions pas le chant harmonieux et parfaitement maîtrisé, bien qu'un peu quelconque de Youmna Jreissati qui se rapproche en chant traditionnel comme en lyrique de Marcela Bovio (mais avec un peu moins d'émotion, toutefois). Et pour citer les autres invités de marque, outre les excellents soli de Marco Sfogli (guitariste des albums solo de James Labrie) et le réputé batteur de session Thomas Lang, c'est surtout la présence d'Arjen Lucassen (AYREON, donc) qui attirera l'attention avec un solo de six-cordes peu technique mais poignant, plein de feeling et dans son style inimitable...

C'est d'ailleurs sa présence qui est à l'origine de mon intérêt pour OSTURA mais également d'une petite interrogation de ma part : certes nous voyons l'intérêt d'avoir de nombreux invités sur certains albums. Il permet non seulement de découvrir de nouveaux artistes et par leurs biais, d'élargir nos connaissances musicales. Mais est-ce que ces formations ne perdent pas un peu de personnalité en multipliant les apparences étrangères ou bien finalement n'est-t-il question que de produit fini et plus d'entité propre. OSTURA sort donc un magnifique album mais à y regarder de plus près, est-ce vraiment OSTURA, auteur en 2012 de "Ashes Of The Reborn" qui a sorti cet enregistrement ou bien est-ce un projet collégial, dirigé par Dany Bou-Maroun qui l'a fait ?

Peu importe, "The Room" est vraiment mon coup de cœur du moment et en plus de nous raconter une belle histoire, il nous propose également de véritables tubes pouvant se savourer séparément du concept ("Escape" et "Darker Shade Of Black" en tête). Alors même si le solo de synthé sur "Duality" est trop atmosphérique et que les "ooooh aaaaaaah" du final sont un peu trop larmoyant et font traîner en longueur les toutes dernières minutes du concept-album, ne passez surtout pas à coté d'une telle pépite, l'album de l'année 2018 est peut-être déjà là ! ("The Room" est sorti en févier... Oui, je suis encore à la bourre et du coup j'ai gâché ma chute).

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- Danny Bou-maroun (claviers, orchestrations)
- Elia Monsef (chant, guitare, prod)
- Youmna Jreissati (chant)
- Alain Ibrahim (guitare)
- Alexander Abi Chaker (batterie additionnelle)
- + Guest :
- Michael Mills (chant)
- Thomas Lang (batterie)
- Dan Veall (basse)
- Marco Sfogli (guitare)
- Arjen Lucassen (guitare)
- Ozgür Abbak (guitare)
- Yamane Al Hage (violon)
- Jokine Solban (violon)
- Nobukomiyazaki (flûtes)
- Mohannad Nassar (oud)
- Roger Smith (violoncelle)
- Orchestre Du Film Libanais
- Orchestre Philharmonique De Prague


1. The Room
2. Escape
3. Beyond The New World
4. Let There Be
5. Erosion
6. Only One
7. Morning Light
8. Deathless
9. Darker Shade Of Black
10. The Surge
11. Duality
12. Exit The Room?



             



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