Je vous ai présenté le combo Black avant-gardiste DODECAHEDRON il y a à peine un mois et me voilà en train d'enchaîner avec le side-project de deux des membres de cette entité déjantée : le batteur Jasper Barendregt et le guitariste Joris Bonis. Retenez le nom de ces Néerlandais, ils font partie de la relève métallique nationale et conduisent leur train de démolition à toute vapeur !

ULSECT penche davantage vers un Death Technique apocalyptique, dissonant, aux branchies Postcore pleinement assumées. Là où DODECAHEDRON nous perdait un brin, soit dans ses méandres intellos-brutaux, ULSECT ralentit le tempo et construit des atmosphères absolument magnifiques, qui viennent sublimer un sans faute au niveau de l'interprétation. Sans oublier la production nickel de chez hyper nickel. On écoute ULSECT en 2017 et rien sur cette galette ne nous fera douter du contraire, tant dans le contenu scotchant que le véhicule blindé le protégeant des balles tirées par ses possibles détracteurs.

Car oui, il y en aura toujours pour déplorer autant de talent, d'équilibre et de retenue dans la débâcle. ULSECT débarque du nid un peu après que des groupes comme ULCERATE et GORGUTS aient pavé la voie à un Death nouveau, étouffant, limite horrifique dans certains cas. Un Death semblant partir en vrille, mais qui bénéficie de géniteurs en plein contrôle, dont le seul désir est de briser les conventions à la faveur d'une liberté totale. "Ulsect" est le résultat de ces années d'expérimentations, de débroussaillage, d'essais-erreurs et de patience.

Matez cette pochette, ce trou noir vous aspirant comme un vortex dentelé qui vous mettra en charpie… Appréciez ensuite l'arrière-plan rocheux, montagneux, qui vient trancher avec cette forme ronde sans équivoque. Cette dualité est le noyau artistique d'ULSECT, celui de tous les groupes issus de cette écurie bâtie de pierres métamorphiques et de bois d'ébène. Ceux qui ont choisi d'amener le Post plus loin, de faire maturer le Hardcore vers une variante plus mélodieuse et moins adolescente, de rendre la puissance du Death plus subtile. Ceux qui ont réussi à emboîter de la violence brute et des ambiances à cheval entre la geôle et la nature sauvage. DÉPARTE et ZHRINE jouent dans les mêmes eaux, vous le savez, vous qui suivez mes pérégrinations dans l'univers contemporain du Metol…

C'est donc une expérience à consommer d'une traite, ouais, comme les derniers SVART CROWN et ZEAL AND ARDOR, par exemple, à laquelle les Néerlandais vous convient. ULSECT, c'est avant tout un son qui doit être adopté, dompté, qui doit s'infiltrer, s'immiscer en vous comme un antibiotique. Ensuite, c'est le grand saut style parachute ou deltaplane, chacun sa drogue, avec les élucubrations d'ULSECT en sourdine. Z'allez vous en souvenir longtemps !

Une des meilleures sorties de Metal Technique extrême cette année pour ma part. En plus, à 42 minutes, la dose ne gave pas trop. Gageons que plusieurs grands malades parmi vous auront envie de vous envoyer une seconde rafale illico presto… Avec de telles guitares acérées et aériennes et un jeu de batterie aussi enlevant, c'est normal !

J'ose espérer que DODECAHEDRON et ULSECT sauront poursuivre leur ascension vers les pics rocailleux du Metal Extrême en défiant les vents antagoniques de la modernité. Ce "Ulsect" est un sacré beau témoignage de ce que l'évolution représente quand on y prête une oreille « à tentatives » !

Indice de violence : 3/5.