A la déferlante des reformations-événements de la fin des années 2000 (ADX, Satan Jokers, pour ne citer que les plus célèbres) a succédé une vague bien plus discrète de retours sur la pointe des pieds, en toute modestie. Nous étions par exemple passés totalement à côté de la reformation des FACE TO FACE, qui ont refait surface en 2012 sous l'impulsion de l'ex-bassiste de TRUST et membre fondateur du groupe Frédéric Guillemet. Si le groupe, qui a notamment compté en ses rangs le batteur Farid Medjane (co-fondateur, ex-TRUST) et le guitariste Patrick Rondat, a connu quelques belles années, jouant entre 1988 et 1992 à l'occasion de festivals renommés (les Monsters of Rock de 1990) ou de premières parties prestigieuses (Johnny Hallyday), il n'a jamais réussi à accrocher le wagon de la célébrité, la faute à un contexte de moins en moins favorable aux groupes de hard rock (les années 90) et à des albums froidement accueillis par la critique. Après un troisième opus orienté rock-fusion, le groupe jette finalement l'éponge en 1996.

20 ans plus tard, et après quelques années d'ajustement et de composition, FACE TO FACE se présente donc de nouveau aux amateurs de hard rock pêchu par le biais d'un quatrième album qui, s'il fleure bon la nostalgie d'une époque révolue, n'est pas qu'une madeleine de Proust passéiste. Olivier Fillol, guitariste présent depuis le milieu des années 90, et le dernier arrivé Olivier Del Valle, excellent chanteur des trop rares SHANNON, se font entre autres les artisans d'un retour convaincant, qui prend vie sous la forme d'une musique à la fois énergique, rugueuse et accessible.

On alterne ainsi, sur l'ensemble de l'album, entre des ambiances légères et orientées Hard US ("She's Nobody Angel"), et des titres bien plus lourds, plus proches des influences de la scène européenne, façon Scorpions, certaines lignes de guitare sur "Wasted Time" ou "Fight For Love" évoquant les travaux de Matthias Jabs, une belle référence.

Il y a sur cet album de véritables moments de bravoure, à commencer par l'introductif "Fly to The Rainbow" et son riff typiquement 80's (on pense au "Kingdom Of The Night" d'AXXIS), le morceau-titre "After The Storm" doté d'excellents riffs et couplets (le refrain tombe malheureusement quelque peu à plat), ou encore la power-ballad "Remember", portée par de belles lignes mélodiques. Si l'exécution est remarquable (on passera sur l'accent parfois approximatif d'Olivier Del Valle, que ses prouesses vocales font oublier), on apprécie également la maîtrise de ces vieux briscards qui n'ont pas de leçons à recevoir et mènent leur barque avec justesse et conviction, en atteste le fulgurant "For One Night" qui clôture l'album (on est ici presque plus proche du Heavy Metal que du Hard Rock).

Ces nombreux points positifs parviennent, malgré la présence de certains titres plus poussifs ("Rock'n'Roll Teacher" au refrain un peu lourdaud malgré un superbe riff d'intro), à faire de ce quatrième opus de FACE TO FACE un album abouti, témoignage d'un groupe dont l'expérience et le talent brut de ses membres permet de pallier à un certain manque d'originalité et une production légèrement trop crue. Un retour discographique réussi, servi par des compositions béton. De quoi permettre aux FACE TO FACE de nourrir l'espoir de marquer enfin la scène hard rock française de leur empreinte. Welcome back messieurs.