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2016 No One Deserves Happiness
 

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The BODY - No One Deserves Happiness (2016)
Par POSITRON le 12 Avril 2016          Consultée 2244 fois

"Nul ne mérite le bonheur".
L'ambiance est posée et elle n'est pas franchement rose. Nul ne mérite le bonheur sauf que nul n'a ce qu'il mérite. Voilà pourquoi le bonheur existe – en suivant la logique de ce titre – mais le sujet n'est pas le bonheur mais THE BODY. THE BODY est un corps malade. Un corps qui ne vomit non pas en signe de haine ou de dégoût, mais simplement pour purger ses entrailles des toxines qui le rongent. Écouter un album de THE BODY c'est observer un différent rejet, comparer les poisons qui rongeaient ce corps ou les méthodes et traitements qui ont produit un tel résultat. Une démarche scientifique en quelque sorte. Je vous avais prévenu, l’ambiance n'est pas franchement rose.

"L'album pop le plus immonde de tous les temps"
Ne vous fiez pas à cette phrase qui si elle décrit une certaine idée de "No One Deserves Happiness", est plus conclusive que descriptive. La chair de NODH est constituée de Sludge primitif, de Drone bourdonnant, de Noise hurlante et d'Industriel glaçant. A cette non-substantifique moelle viennent ce greffer les éléments déjà évoqués mais pas encore explicités – laissez moi finir j'y viens. THE BODY a beaucoup parlé en interview des éléments dance, pop et des "ayetizes" présents dans le disque. On retrouvera inséré dans ce rude emballage des interventions féminines qui évoqueront BJORK, KATE BUSH, ou même parfois DEAD CAN DANCE déformées par le climat ambiant, tristes et malsaines, un peu à la manière des voix féminines insérées dans PESTE NOIRE, bien que dans un registre radicalement différent. En plus de ces féminins appâts le disque possède pour nous distraire d'occasionnels 808s hip-hop ou technoides ainsi que quelques brefs passages supposés évoquer la pop moderne ("Two snakes"). Vous me voyez sur ce point dubitatif, le tout restant fermement ancré dans une volonté et une esthétique industrielle. Si l'aspect "pop immonde" peut se ressentir dans l'album je hume plus qu'une volonté artistique dans sa promotion, mais chut – j'en ai déjà trop dit.

"Ne pas faire un album de Metal"
C'est plutôt réussi. Le power chord de guitare n'est évidemment pas la propriété exclusive et brevetée du genre traité sur ce sémillant site internet. Certains passages du disque évoqueront immanquablement les métaux lourds que sont le Sludge et le drone, on pensera évidemment aux MELVINS de "Lysol" et particulièrement à TEETH OF THE LIONS RULE THE DIVINE sans que je puisse me l'expliquer. Peut-être n'est-ce que moi. Il n'y a peut-être aussi que moi qui pense à un SUBROSA bruyant et suicidaire sur la poignante ouverture.
Ces récifs ferreux ne sont qu'archipel au sein de l'album. Le crissement vocal aigu – qu'on remercie de n'être pas plus présent – est plus un hurlement indistinct qu'un growl métallique. Les guitares se font souvent shoegaze ou noise : le riff bien de chez nous se fait absent ou de faible importance face à la souveraine texture. Ce corps n'hésite pas à se greffer des cuivres, des synthétiseurs, de violoncelles et de diverses machines pour s'éloigner de ses origines.
Il y a la un problème.
Il y a une grande différence entre "essayer de ne pas faire un album de Metal" et "ne pas essayer de faire un album de Metal". Peut-être un simple dérapage sémantique mais je ne le crois pas. Ne pas essayer de faire un album de Metal est une démarche d'ouverture qui est supposée générer des idées, essayer de ne pas faire un album de Metal est une démarche de fermeture qui conduit à se priver d'idées. Dérivons un peu pour expliquer le principal défaut du disque : THE BODY compare les guitares de NODH au shoegaze alors qu'il n'en injecte qu'une quantité microscopique, il s'agit plus d'une similitude dans le travail de la texture. Hors, cette démarche ne suffit pas. Les grands du genre savent injecter d'autres éléments dans leur mixture, dans le cas d'école "Loveless" il y de la britpop, du rock alternatif, de la mélodie enchanteresse cachée sous les couches de guitares. Dans un genre un chouïa plus proche THE ANGELIC PROCESS fait beaucoup mieux tout en étant il est vrai beaucoup moins méchant.
En substituant à son socle métallique des éléments qu'il ne maîtrise pas totalement THE BODY se fait maladroit et instable. L'abstraction dans l'abrasion et l'abrasion dans l'abstraction sont deux chose terriblement délicates à manier et Bobby Krlic n'est plus la pour les guider comme sur "I Shall Die Here" qui n'était déjà pas parfait. THE BODY n'a jamais empilé ou enchaîné les riffs pour construire ses morceaux, tant les percussions jouaient un rôle important dans sa dynamique mais ces riffs sont une convention, un tuteur bien utile dans tout ce qui est lié de près ou de loin à la musique dont on parle en ces pages. Mais THE BODY la vomit.

"Négatif, mais un négatif plein d'espoir"
Car THE BODY est malade. Il ne cherche pas à montrer un muscle brutal et phallique mais son esprit blessé et amer. Il s'est souvent mêlé à d'autres corps et son dernier enfant ( aujourd'hui répondant au prometteur nom de "One Day You Will Ache Like I Ache" ) était en fin de gestation au moment ou sort NODH. Sûr de ces accouplements parfois fructueux, toujours enrichissants, THE BODY se sent prêt à produire quelque chose de grand seul, et pourtant. Quelque chose l'empêche de muter complètement, de dépasser "I Shall Die Here", de tenir la force dramatique de "Wanderings" pendant quarante-sept minutes. Quelque chose empêche ce tas de négativité de s'accomplir et de se réaliser pleinement.
Au fond de lui-même il sait que nul ne mérite le bonheur, et pas même nous, ses auditeurs.

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- Lee Buford ( batterie)
- Chip King ( guitares, voix)


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2. Shelter Is Illusory
3. For You
4. Hallow / Hollow
5. Two Snakes
6. Adamah
7. Starving Deserter
8. The Fall And The Guilt
9. Prescience
10. The Myth Arc



             



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