Allez, j'avoue ! Jusqu'à maintenant je pensais que les COAL CHAMBER étaient morts et enterrés depuis plus d'une dizaine d'année et quand j'ai entendu qu'ils s'étaient reformés et sortaient un nouvel album cette année, j'avais un peu peur franchement. Je pensais écouter la même chose que ce qu'ils faisaient au début des années 2000, avec peut-être un son plus gros et actuel, mais je ne m'attendais pas à tomber sur de la bonne came.

Comme quoi l'expression qui dit qu'on ne doit pas lancer un j'aime pas bien franc avant d'avoir goûté est vraie !

L'ami Fafara a déclaré que "Rivals" ne révolutionnait pas COAL CHAMBER mais annonçait un renouveau du groupe qui s'était quitté dans des conditions exécrables il y a environ 13 ans. Ouf, vous n'aurez pas droit à une sorte de mixture bizarre entre DEVIL DRIVER et le COAL CHAMBER d'antan... Non, cette formation fait toujours du Néo, les riffs de Meegs sont toujours simples, groovy et gras, Nadja est revenue tenir la basse et Dez est toujours fidèle à lui-même : enchaînant les growls bien sentis et les chuchotements dérangés qui lui sont si chers.

Cependant on sent quand même quelques évolutions dans la musique du groupe. Il y a déjà l'approche, nettement plus catchy qu'auparavant, qui vient nous frapper dès les premières écoutes. Le groupe ne s'est pas enlisé dans des fioritures Pop, bien au contraire, le résultat est toujours brut de décoffrage, mais les riffs et les lignes de chant se retiennent beaucoup mieux tout en sonnant honnête. Ça s'entend bien dans "Light In The Shadows" entre l'intro et ce changement de rythmique sur le refrain, où les riffs se font plus mélodiques, mais on le perçoit aussi dans "The Bridges You Burn" qui malgré son penchant massif et Hardcore offre un refrain très catchy tout en restant percutant. C'est là la grande force de COAL CHAMBER en 2015 : ils ne font plus du Néo basique, du moins plus réellement. Si l'on écoute cet album d'une oreille, on pourrait penser que leur musique est la même que dans les années 2000, mais c'est faux, le groupe a réussi à intégrer subtilement des éléments qui apportent tous un souffle d'air frais bienvenu à leur Néo basique. La présence de "Orion" en guise d'interlude en est également une preuve, le groupe pour une fois mise plus sur l'ambiance que sur la puissance, et cette piste qui même si elle est dispensable, reste agréable et introduit très bien l'intro très SOAD et le roulement de double pédale de "Another Nail The Coffin".
Mais leur meilleur exemple de cette habile évolution reste "I.O.U. Nothing", le premier morceau, qui fait office de parpaing propulsé à pleine vitesse dans ta tronche.

Quand je parle de divers éléments bienvenus, il y a évidemment également ce gros penchant Indus qui se retrouve dans la structure de morceaux comme "Bad Blood Between Us", qui me donne obligatoirement envie de fredonner "Sick Bubblegum" de Rob ZOMBIE par-dessus sa ligne de chant, ou encore "Suffer In Silence", marqué par la présence de Al Jourgensen de MINISTRY. Je crois que c'est mon titre préféré : des riffs gras très KORNiens, des breaks à la SLIPKNOT, un concentré d'énergie, et les "Suffer In Silence" de Jourgensen, sublimés par un petit effet sonore, qui sont juste monstrueux et sonnent bien au milieu de ce concentré de violence !

Enfin après réflexion, non il n'est pas le seul à m'avoir séduite, "Rivals" tire bien son épingle du jeu également. Oubliez tout les éléments qui viennent habiller les titres précédents, ce morceau aurait très bien pu figurer sur l'éponyme du groupe avec "Loco". Du Néo gras, bas du front, au chant pleurnichard parfois, avec des growls puissants et acérés sur le refrain, voilà de quoi est composé ce titre qui dans sa simplicité montre que COAL CHAMBER reste COAL CHAMBER peu-importe les années.

Mais cet album n'est pas non plus totalement nickel du début à la fin : à partir de l'autre instrumentale, qui cette fois ci n'est pas aussi convaincante que la première ("Dumpster Dive"), les morceaux deviennent plus poussifs et moins accrocheurs. Exception faite de "Over My Head" avec sa rythmique bondissante et de "Empty Handed" avec son refrain fédérateur. Le problème que l'on rencontre à ce moment-là c'est cette désagréable impression de tourner en rond. Bien sûr tous les riffs de cet album nous donnent une sensation de déjà entendu, c'est le risque à prendre lorsque l'on joue une musique aussi peu technique, alors ça fait sourire et rend un peu nostalgique dans un premier temps, mais dans un second ça devient saoulant et on lâche le fil.

Néanmoins je suis surprise par ce "Rivals", je ne m'attendais vraiment pas à quelque chose d'aussi convaincant de la part de COAL CHAMBER, et même si amputer une partie de l'album l'aurait rendu encore meilleur, je ressors de plusieurs écoutes de ce dernier avec l'impression globale d'avoir passé un bon moment. On sent que plus de dix ans se sont écoulés et que les membres ont tracé leur bonhomme de chemin avant de se réunir à nouveau sous la bannière CHAMBER. La maturité, l'expérience et surtout la désintox sont passées par là et ont laissé des traces. Ce qui se ressent logiquement dans cet album et le rend à la fois authentique et agréable. Je le recommande à tous les fans du groupe qui passeront un bon moment en l'écoutant, pour les autres, il n'y a pas vraiment un grand intérêt pour vous à vous jeter dessus mais si vous êtes curieux et ne haïssez pas le groupe de base, vous pourrez trouver la première partie du skeud sympa.

Au final tout le monde est content !

3/5.