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SPACE COUNTRY  |  STUDIO

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2014 Casualties Of Cool
 

- Membre : Devin Townsend Project, Devin Townsend , Strapping Young Lad, Steve Vai

CASUALTIES OF COOL - Casualties Of Cool (2014)
Par DARK MORUE le 25 Juin 2014          Consultée 2833 fois

Devin... Devin... Devin...
En voilà bien un qui en fait voir de toutes les couleurs à ses fans. Mais au fond c'est un peu pour ça qu'ils sont fans de lui alors bon, la force de l'habitude désormais. Du coup, a priori c'en est fini du DEVIN TOWNSEND PROJECT. Fin de la thérapie, et du sketch "bon on garde le logo pour "Epicloud" vu qu'il est joli" et on passe à autre chose. Le projet de longue date "Ziltoid 2" en chantier et finalement enregistré, en forme de double album avec un concept qui serait Ziltoid VS DTP... Bref ça promet du n'importe quoi et au final on dirait que la désintox lui réussit pas mal. Mais alors que le suspense est à son comble et que tout le monde attend ce space opera totalement fou dont on a déjà entendu une chute sur "Epiclouder", voilà que finalement on apprend qu'avant tout ça, on va avoir la parenthèse CASUALTIES OF COOL qui n'est en fin de compte pas un nouvel album mais carrément un nouveau groupe. Supposé suivre la lancée d'ondes positives de "Ghost" tout en jouant davantage sur le feeling et le concept. Et après des mois de Crowdfunding dont les objectifs ont été littéralement explosés et dont les bénéfices seront réinvestis dans Z2, ben il est là... Et surprend.

Je savais que ce serait ambiant, différent. Mais pas comme ça. CASUALTIES OF COOL n'a rien de Metal et ne sonne même pas comme du Townsend. Le genre est baptisé "Space Country" pour l'occasion et c'est on ne peut plus approprié : dépouillé, planant, acoustique et au final varié et profond bien que semblant linéaire et plat dans un premier temps. Et je vais le reconnaître d'office : mes connaissances en Country sont proches du néant, du coup j'aurais du mal à la ramener avec plein de références et savoir aiguiller les gens sur des trucs mieux. Alors prenons la pièce comme elle est : une œuvre d'art se laissant bouffer par un concept étrange, volant autour de nous, toujours délicate et à fleur de peau mais pas toujours bien optimisée.
Je vais l'avouer, dans un premier temps cet album m'a juste profondément emmerdé. Parce qu'aux premières écoutes ça semble vide, unidirectionnel, une note par-ci par-là, minimaliste et surtout Devin est aux grands abonnés absents, ne poussant jamais son chant et passant le plus clair de son temps à murmurer en backings en laissant les pleins phares sur Ché Aimee Dorval (qu'on avait déjà entendue sur "Ki"). Et je pense que beaucoup seront laissés sur le carreau. Même avec 4-5 écoutes, rien à faire, quelques morceaux ressortent mais globalement... Jusqu'à l'étape obligatoire, l'écoute intégrale concentrée au maximum afin de se laisser porter par le concept. Et là, "Casualties Of Cool" s'ouvre.

Ledit concept est d'ailleurs totalement incompréhensible. Du moins, il n'est pas explicite. Ne pensez pas que lire les paroles suffise, on y apprend juste que "Aaaaaah oooooh yeah hundreds miles, we've got to move heeeeyyyyy" pendant quelques 70 min. Au détour d'interviews et de communiqués, on découvre que l'album traite du voyage spatial d'un homme qui se retrouve seul piégé sur une planète après avoir été attiré par la voix d'une femme, en fait issue d'une vieille radio. Notre héros se retrouve alors isolé et part en méga dépression au moment où la radio en question s'éteint, mais finit par être contacté par la femme dont est issue la voix lui apprenant qu'il lui faut affronter ses peurs pour quitter cette planète glauque s'en nourrissant, et finit donc par créer un pont fait des os de ceux qui s'y sont fait piéger avant lui. C'est perché, c'est foireux, mais c'est prenant et merde, cette errance et cette solitude spatiale colle parfaitement à tout ça et donne les clés, les images à visualiser pour apprécier chaque instant.

Ainsi, si j'ai toujours du mal avec une "Daddy" bien trop niaise, une fois qu'on arrive à "Flight" on est aux anges ; parce que ce morceau est beau à en chialer. Parce que Ché fait tellement des miracles avec sa voix douce sur ces quelques notes acoustiques que nous aussi on a envie de traverser l'espace pour aller la chercher, la puissance émotionnelle tirerait des larmes à n'importe qui. Tout comme l'arrivée sur "Moon" monte en puissance après la traversée des plaines cosmiques précédentes. Malgré l'utilisation d'instruments purement organiques et sonnant totalement terrestres et charnels (guitare, banjo, saxophone), l'atmosphère est anxiogène et on ne s'imagine qu'un horizon lointain, un décor vide. Du coup, c'est une fois arrivé au final de ce cinquième morceau qu'on a l'impression de foutre le pied quelque part, après que la douce voix tout en retenue de Devin nous ait mené jusqu'à l'envolée du saxophone (joué par le gus de SHINING, ceux de Norvège, alors craquez, mortels) qui réchauffe le cœur et monte tout d'un cran. "Ether" sonne comme un regain d'espoir après le désert émotionnel oppressant de "Pier", tout comme la plus Bluesy "Forgive Me" se permettant carrément de groover et révélant encore Ché comme un talent incroyable. Et après ça bascule.

Dans une dernière partie d'album partant un peu dans tous les sens. Le personnage a finit de galérer et ne cherche plus un sens à sa vie. Pas de manque à combler, ni rien. La galère et l'angoisse sont derrière, et ça se sent. Place à la tristesse désabusée sur une "Bones" qui semble simplement regarder en avant avec les yeux emplis de larmes, pour enchaîner sur une "Deathscope"... Bizarre. Ici tout comme sur "The Bridge", nous avons plusieurs moments où Townsend semble juste reprendre le dessus. Genre... "Hey mais en fait vous vous rappelez, c'est mon groupe, c'est moi qui suis derrière, alors faut un peu que ça ressemble à ce que je fais non ?". Et du coup ça y va des montées de pression avec explosions de grandiloquence contenues derrière la Space Country, que ça fait péter des chœurs énormes et une surproduction avortée, pour un rendu déstabilisant et qui, pour moi, défonce totalement l'ambiance et met un terme à l'immersion vu qu'à partir de ce moment-là nos pensées sont dirigées vers des considérations extra-musicales et on y est plus tellement ça donne une impression de générique de fin de Happy End Disniais. Et surtout, la fin de "Deathscope" et "Pure", c'est d'un chiant... Heureusement que la simple et réconfortante "The Field" et ses discrets violons est là mais voilà, je trouve dommage de finir un opus si exigeant sur une note un peu hors de propos, même si je suis convaincu que certains n'en aimeront rien d'autre.

Mais du coup, pourquoi seulement 3 étoiles ? Parce que même si j’émets quelques réserves sur la fin, cet album m'a totalement transporté, ouvert les yeux sur un autre monde à force de tenter de le pénétrer, tout ça... Non ? Eh bien comment dire ? CASUALTIES OF COOL est ultra exigeant. C'est typiquement un album ambiant qui ne peut pas s'écouter de manière ambiante tellement il se casse la tête sans le montrer. Et autant il peut parfois, en de rares occasions, si tous les paramètres sont là et qu'on est dans le bon état d'esprit (un peu nostalgique et en peine, mais pas trop, et totalement calme), se montrer prenant et poignant, autant la plupart du temps on s'emmerde quand même un peu. Parce que trop dépouillé, parce que ne reposant au final que sur un bricolage entre de splendides mélodies vocales et des arrangements discrets et sobres, un point d'équilibre sensible qui ne touche pas la corde de la même manière à chaque fois. Et parce que ça reste fichtrement inégal, avec de sacrées longueurs (en particulier en début d'album) et même si dans ses instants de grâce l'album touche les cieux, de loin il y a comme une impression de bâclé. D'incohérence. De place trop importante donnée à un concept totalement abstrait qui desserre plus la musique qu'autre chose en le rendant hermétique alors que le style pratiqué est à l'opposé de cet état d'esprit. Et fichtre, avoir un monstre comme Morgan Agren à la batterie juste pour lui faire poser trois coups de baguettes toutes les 5 min, va falloir m'expliquer.

Roh et puis merde je réfléchis trop. C'est ça d'être un putain de fanboy. Devin a tenté un truc différent en le cachant dans un autre groupe, et a dilué son talent dans celui d'autres prodiges. Ce qui nous donne un truc touchant et agréable, mais demandant à être bien dompté. Et puis pour "Flight", "Moon" et "Bones", ça vaut au moins un peu le coup d’œil.

Et d'ailleurs y'a la compile de chutes "Ghost 2" qui est supposée venir avec l'édition Deluxe. On va voir au prochain épisode ce qu'on peut en tirer tiens.

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   DARK MORUE

 
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- Devin Townsend (chant, guitare, basse, arrangements)
- Ché Aimee Dorval (chant, guitare)
- Morgan Âgren (batterie)
- Kat Epple (flûtes)
- Jorgen Munkeby (saxophone)


1. Daddy
2. Mountaintop
3. Flight
4. The Code
5. Moon
6. Pier
7. Ether
8. Hejda
9. Forgive Me
10. Broken
11. Bones
12. Deathscope
13. The Field
14. The Bridge
15. Pure



             



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