Sur NIME, on parle pas des masses de Rogga Johansson. Faudrait s'y mettre quand même.
Qui est donc cet étrange personnage avec un nom tellement suédois qu'on ne peut que s'imaginer le grand blond bestial et sexy qu'il est en vrai ? Eh bien, probablement le plus gros stakhanoviste du Death Suédois actuel, encore plus que Dan Swanö, un personnage fort et pesant dans la scène en faisant ses bidouilles dans son coin, un indispensable qui transcende rarement par son travail mais attire tout de même un capital sympathie monstrueux. En fait, le seul individu avec un tel débit d'albums sortis par an que j'ai trouvé est Bob Egler, dont je vous conseille fortement la page Metal Archives pour vous payer une bonne tranche. En revanche contrairement à Rogga, ce que fait ce monsieur est juste intégralement profondément merdique. Boum, en une intro je vous présente deux individus fascinants à leur manière, sauf que pour le coup on va s'attarder que sur le premier, le second vous serez gentils de fouiller vous-mêmes.

Et donc notre Rogga, il a fait quoi dans sa vie ? Mefisto en a déjà parlé vite fait avec son DEMIURG, mais ce n'est pas son groupe principal. Tout d'abord leader de PAGANIZER, puis fondant au fur et à mesure d'innombrables projets sortant des opus dans absolument tous les sens. Et le tout est caractérisé par un Death Suédois souvent mastoc mais bas du front, et c'est forcément très inégal, allant de "tout pourri" à "franchement pas mal". Tout dépend juste d'avec qui il s'associe au sein de ces groupes semblant presque tous fondés spontanément un soir de beuverie.
Notre Rogga, si on le met par exemple avec un Paul Speckman (MASTER) pour le projet JOHANSSON & SPECKMAN, ça le fait. Ou un petit Dan Swanö pour DEMIURG, bim dans ta face. On lui fournit un Kam Lee, ça nous donne BONE GNAWER et franchement ça pète (par contre avec The GROTESQUERY c'est de la merde). Ou alors Dave Rotten (AVULSED), et là on obtient PUTREVORE, sans aucune hésitation le meilleur de ses projets à ce jour, "Morphed From Deathbreath" étant une tuerie monumentale. Même quand il essaie de ramener le plus de potes possibles avec MEGASCAVENGER au fond il s'en sort pas trop mal.

Par contre quand on le laisse tout seul avec ses musiciens attitrés, comme le batteur Brynjar Helgetun qui le suit un peu partout ces derniers temps, ça coince souvent un peu. Pourquoi ? Ben parce que ça nous donne juste du Death Metal ultra direct, basique et efficace. Mais putain, il nous a déjà sorti ce genre de trucs une bonne trentaine de fois maintenant, en 2014. Et c'est précisément ce qui arrive avec ce dernier RIBSPREADER. Parce que notre Rogga a deux "gros" groupes, qui sortent tout plein d'albums, ont démarré très fort à leurs débuts mais s'enlisent totalement ces derniers temps par manque de fraîcheur : PAGANIZER et donc euh ben RIBSPREADER, qui est actuellement le sujet d'étude avec ce tout frais "Meathymns" et sa pochette laide mais dans l'esprit.
Et le constat est sans appel : dès "Orchestrating The Cacaphony" (non j'ai pas fait de faute de frappe, y a vraiment du caca dans le titre, oui c'est assez fun en VF) on est déjà lassé. Mais le tout reste tellement efficace et plein de bonnes énergies que... Ben qu'on arrive pas à détester et qu'on a juste envie de faire un gros câlin à ce gentil ogre passionné.

Aller boum le gros son qui tronçonne, la voix ultra typique de notre Rogga (toujours aussi jouissive, on va pas lui enlever ça), bref tout ce qu'il faut. Et c'est tout. Troisième zone de chez troisième zone. Pas la moindre ambition, zéro imagination, juste un album de plus dans la longue discographie du monsieur. On a du coup juste envie de faire les gros haters, parce qu'en plus de pas être original, c'est une immonde auto-repompe qui ne fait rien avancer à rien et dont on ressort sans n'avoir rien appris. Et pourtant... Ben pourtant c'est cool à écouter. Parce que le gros Death bien basique, il fait plaisir. Parce que "Asylum Of The Rotting" est quand même bien intense et vaut presque l'acquisition de la galette à elle toute seule. C'est accrocheur parce que notre gus a une voix surpuissante et prononce distinctement chaque mot, en bon sous-Åkerfeldt qu'il est (pas étonnant que ce soit lui qu'on retrouve sur le "Crimson II" de EDGE OF SANITY du coup), que de jolies petites leads sont placées de partout et donc que la mélodie qui fait mouche soit souvent là (l'excellente "Skeletonized" également), bref, enjoyable comme on dit.

C'est juste dommage que le tout soit aussi plat sur le long terme. Les deux morceaux que j'ai cité ressortent totalement du lot, mais le reste ne présente au final que peu d’intérêt véritable. Enfin, en valeur absolue si, mais comparé rien qu'à d'autres opus d'autres combos de notre homme, ou même de plus anciennes œuvres de ses entités les plus sollicitées, ce "Meathymns" a du mal à convaincre. Parce que c'est la base de la base, c'est franchement cool à écouter, mais au niveau artistique pur et dur on reste au ras du sol.
Alors du coup, c'est recommandable aux aficionados qui feraient n'importe quoi pour avoir leur dose de Death Suédois, parce qu'il y a bien un sens du riff, des trucs sympas, que c'est bien branlé et que ce serait une excellente première réalisation pour un groupe débutant, mais là en l'état, on commence à vraiment trop tourner en rond pour apporter un support total.

Rogga : Bon ben... Parfait pour rentrer dans l'univers du bonhomme, c'est bovin, basique, vu et revu mille fois, mais ça arrive à faire un petit effet. Parfois.