WORDS OF FAREWELL est un jeune groupe allemand de Death Mélo à tendance Prog de grand talent. Je les ai découverts par hasard en surfant chez les concurrents, une activité que je pratique chaque jour que le Diable veut bien m'accorder, question de me tenir au jus et de ne pas devenir trop à côté de mes pompes. Le sextette frappe fort avec ce deuxième album et ce n'est pas volé !

J'évoquais le Prog plus haut... Eh bien, avec un peu plus d'expérimentations et de « décrochages contrôlés », WOF officierait sûrement dans ce style tellement les guitares, et surtout le synthé, taillent de fouillées et matures compositions. Des morceaux remplis de lumière, d'espoir, de mélodies fédératrices pouvant plaire autant au vétéran fan de Death Mélo engraissé à IN FLAMES ou DARK TRANQUILLITY qu'au mordu de Prog futuriste.

Oui, car le synthé, en plus de tapisser les dix plages de "The Black Wild Yonder" de jolies lignes réconfortantes, verse dans l'indus kitsch version robot. Mais pas trop, juste pour nous faire oublier qu'il nous parle parfois de relations humaines et qu'il ne fait pas que s'inquiéter pour notre avenir... J'ai bien aimé le boulot abattu par Leo Wichmann, qui fournit la majorité des moments marquants du skeud. Je pense illico aux ambiances accrocheuses de "Continuum Shift", l'irrésistible "Telltale Notion", "The Outer Rim" et l'excellente "Temporary Loss Of Reason"

Le groupe possède un côté plus tendre, que l'on voit sur la pochette et entend sur "In Kingdoms Of Rain" ou "Antibiosis". Mais WOF est aussi capable d'envoyer la sauce et de cisailler comme un grand ; les riffs de "Beauty In Passing" et "Luminary Ghosts" sont là pour le prouver. Et à la fin, on a "Riven", qui s'avère un condensé de toutes ces facettes qu'exploite la formation. Ce qui nous donne un album complet, ambiancé au possible, assez rentre-dedans mais pas trop violent, qui s'écoute tout seul et sait charmer la majorité des tympans.

Là où les Allemands risquent de décevoir est que leur Death Mélo argenté et bidouillé ne réinvente rien. Bon, allo mission impossible en 2014 de mêler les cartes que d'autres géants ont usées avant eux ! C'est quand même assez convenu, mais pas mièvre, aussi générique que surprenant ! Mais je ne crois pas que WOF en soit arrivé à son plein potentiel ; il est d'abord trop tôt dans sa carrière et les promesses qu'il nous livre sur ce solide "The Black Wild Yonder" ne pourront que produire de plus brillantes perles dans le futur.

L'indice ultime de cet énoncé réside dans le plaisir évident qu'on prend à écouter ces dix titres. Les atmosphères des Allemands sont aguicheuses, on se laisse emporter par la vague assez aisément, on voyage suffisamment pour contenter son imaginaire et on bouge passablement les cervicales. Quoi demander de mieux ? Seul le temps le dira et accordera à WOF, avec ses efforts, une identité propre et imprégnée. Si le groupe poursuit dans sa quête futuro-épique, tout en ne perdant pas son petit mordant et sa « sensibilité », on devrait être gâté...

Pour un second album, c'est déjà foutrement bien réussi. Ça vaut bien un gros 3,5 largué avec enthousiasme et shooté à l'espérance.