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DOOM METAL  |  STUDIO

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2011 Doom, Be Doomed, Ör Fuck Off

CHILDREN OF DOOM - Doom, Be Doomed, Ör Fuck Off (2011)
Par CITIZEN le 15 Avril 2014          Consultée 2897 fois

Comme un sticker sur le dernier album de REVEREND BIZARRE le proclamait, le Doom est mort par un beau dimanche d’hiver 2007, (ok l’album est sorti en août mais vous me suivez, le Doom existe dans une réalité à part plongée dans un hiver perpétuel et particulièrement frisquet, avec les gentilles fleurs toutes mortes et tout), "Doom metal iz dèd" en VO (on m’informe dans l’oreillette que ça sonne plus rock’n’roll), reflétant le split programmé du groupe et se lamentant sur la disparition de l’acte de Doom le plus… doomesque ? de ce début de siècle. Mais la nouvelle n’est apparemment pas arrivée chez leurs collègues du nord (pas le grand nord, celui de la France), les CHILDREN OF DOOM, qui piquent leur nom à une obscure chanson du reverend (ou est-ce à SAINT VITUS ? Bon assez de name dropping pour le moment), et qui se sont fendu d’une tuerie doom en l’année 2011.

CHILDREN OF DOOM étoffe l’offre de musique lente d’Emanes metal, très axé tradi, qui a sorti notamment BOTTLE DOOM LAZY BAND, avec lesquels C.O.D ont commis un split l’année de cet album. Avec un titre d’album tel que "Doom, Be Doomed, Ôr Fuck Off" (cherchez l’umlau), le moins qu’on puisse dire c’est que C.O.D a l’art et la manière de poser d’emblée ses couilles sur la table et de vous communiquer un plan franc et détaillé du contenu de leur premier full-lenght (c’est toujours plus sympa que de faire ça par présentation PowerPoint). Le genre de disposition péremptoire qui fait ricaner lorsque le résultat n’est pas à la hauteur de la belle promesse. Mais si C.O.D affiche son intention avec le même sérieux indéboulonnable que les saints patrons du genre, ils se permettent en fait une musique moins cadrée, plus spontanée et plus libre.

Si en concert C.O.D offre un côté plus "doom pogotable" (mais lance des piques contre les gars qui considèrent que leur style n’est pas assez doom-y), cet aspect est lissé en studio, où le groupe se trouve un son bien à lui et écrit des chansons qui, si elles transpirent le rock et l’énergie, laissent filtrer en temps utile un gros côté misérable qui brumise l’ensemble. Rythme plus souvent calé sur une cadence coups de poings que sur celle du fossoyeur épuisé qui creuse une tombe et guitariste qui a avalé et fusionné avec sa pédale wahwah, voilà comment C.O.D compose. Et les compos sont emballées d’une tension générale, elles ont beau laisser la place très naturellement aux plans écrasants comme aux riffs plus acérés, on ne fait jamais exploser le chrono qui reste sagement autour des 5-6 minutes/chanson pour le plus clair de l’album, exception faite de la dernière piste. Difficile de trouver des travers à ces morceaux au feeling distinct, graisseux et parfois un peu psyché.

Étude de cas pour cerner ça, et au hasard parce que j’en suis à cette chanson mais toutes feraient l’affaire : "1916", le groupe vient d’achever un solo bien massif dans lequel il s’est un peu perdu avec délices, ce qui domine maintenant est un chant puissant mais désespéré, le rythme est écrasant mais la trame assez aérienne, on flotte quelque part dans un nuage de fumée dense et voilà que l’orchestre s’est relancé dans une course intrépide le temps que j’écrive ces deux lignes, le genre de course qui va les conduire dans le mur mais, c’est peut-être ce qui fait l’essence du disque de doom réussi, leur mélancolie est si communicative qu’on n’est que là pour compatir et observer cette fin avec bienveillance. C.O.D montre les muscles fréquemment, jamais en vain, mais ne trompe pas son monde, sa brutalité c’est qu’il est agité de spasmes d’agonie, on a vraiment l’impression d’un album écrit pour matérialiser et chasser les tourments de ses musiciens.

Le dernier morceau, "Mia’s Desert", fait craindre un exercice de style en doom poussé dans ses retranchements (12 minutes ça s’improvise pas), s’ouvrant sur le seul passage minimaliste de l’album, avec instruments grinçants, touches mélodiques espacées, et ce pour le quart de la chanson. Mais c’est géré avec brio et dès qu’il brandit à nouveau toute sa puissance de feu le combo se ménage des moments très intenses, se calme et repart, évolue constamment et ne s’englue pas, même sur son plan final très lent avec saxophone plaintif et aride, même si le changement est assez surprenant et détonne avec les compos plus headbangables. Mais le pari est tenu et ce morceau, qui ne contient en fait que quatre minutes de déferlantes de guitares infernales qui semblent vous piéger pour bien plus longtemps, relève un peu plus la signature de C.O.D qui décidément ne prend pas les choses à la légère, s’en sort aussi bien dans les énormes grattes que dans les sons discrets et moribonds, bref, ne déconne pas (même si je sais pas si je fais beaucoup avancer le schmilblick avec des formules clichés comme ça).

Faux hâbleur, C.O.D réalise un premier album énorme et torturé à souhait, qui met dans le mille au niveau de ce que doit évoquer un disque de doom sans jamais en frôler les travers, à tel point que j’en regrette qu’il ait utilisé ce nom d’album qui ne reflète pas assez la qualité très personnelle de ces chansons !

Note finale extra-musicale pour vous donner un peu plus l’eau à la bouche pour des concerts de CHILDREN OF DOOM : en tournée avec les occultistes québécois de CAUCHEMAR C.O.D avait fait passer une bouteille de rouge dans le public, mais bon je jure que je n’ai pas rajouté d’étoile juste parce que le groupe est assez sympa pour entretenir mon taux d’alcoolémie sans devoir passer par le bar !!

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- Reinheitsgebot (basse)
- Vincent Mc Doom (batterie)
- B.b.f (guitare, chant)


1. Mr Nasty
2. Technophobia
3. 1916
4. Bottle Ben In The Streets
5. Doom, Be Doomed, Ör Fuck Off
6. ...mia's Desert...



             



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