Il y a de ces groupes qui aiment tellement leurs idoles qu’ils souhaitent que ça se ressente dans leur musique, normal me direz-vous. Mais quand ça frise le plagiat est-ce que c’est encore excusable ?

Zoltán Farkas a toujours adulé Monsieur Cavalera, c’est pourquoi il s’est auto-proclamé digne sosie hongrois du bonhomme et a fait d’EKTOMORF une sorte de copie de SEPULTURA, SOULFLY et CAVALERA CONSPIRACY en même temps. Pourquoi pas après tout s’ils excellent dans ce domaine… Mais ce n’est pas tout à fait le cas… Là où SEPU' transcende, EKTOMORF soulève juste un « c’est pas mal là » (ouais !).

Oh foncièrement ce n’est pas mauvais hein ! Les riffs Thrashy poussent parfaitement au jump et les hurlements primaires de Zoltán sont tout à fait convaincants et efficaces. "You Can’t Control Me", avec son intro à faire tortiller du cul un metalleux Brésilien, pousse très facilement au pogo/headbang mais résume aussi quasi tout ce que l’on peut trouver sur ce "Retribution"…

Eh oui, appliquer cette même recette sans jamais bouger d’un iota, ça devient ennuyeux. C’est dommage surtout vu les influences prises par-ci par-là par le groupe pour élaborer ses compos, il y aurait surement matière à faire quelque chose de nouveau (pour le groupe j’entends) ou de surprenant. Car les Hongrois ont eu quelques bonnes idées tout de même !

Bah oui prenons "Numb And Sick" où Cristian Machado de ILL NIÑO effectue les parties en chant clair, on se rend compte que ce morceau mi-Thrash mi-Neo est assez bien foutu, dans le sens où il oppose et lie en même temps les deux styles. Je m’explique… Chaque style est différencié par une partie du titre, par exemple l’intro et les premières notes sont trempées dans le pur jus Thrash Hardcore d’EKTOMORF, tandis que sur le refrain c’est une atmosphère typée Neo Metal qui transparaît. Alors on observe cette dualité sur une bonne partie du morceau mais Docteur Jekyll et Mr Hyde finissent par se rassembler après le break de fin. Le son est typiquement EKTOMORFien (niveau rythmique, style de chant) et les paroles complètement Neo.

Et ce n’est pas le seul moment dans l’album où l’on sent que les Hongrois ont un petit penchant pour le Nu Metal. "Escape" de par ses riffs et ses lignes de chant me rappelle fortement KORN. Et "Who The Fuck Are You" aurait pu être présent sur un skeud de SLIPKNOT. C’est fou, dès que j’entends l’intro de ce morceau je ne peux pas m’empêcher de compléter avec les paroles de "The Heretic Anthem" c’est instinctif, alors que pourtant musicalement la comparaison est difficile voire impossible puisqu’il n’y a pas vraiment de ressemblances. À part peut être dans la brutalité des deux titres, et dans le nombre d’insultes qui réapparaissent dans les paroles.

Et puis surtout il faut écouter "Whisper" LE titre vraiment surprenant de cet album. L’intro et les premières minutes groovent carrément (oui, oui moi ça me fait cet effet) grâce aux riffs syncopés et à la ligne de chant. Le refrain un peu plus Pop-Rock-Grunge est efficace sert bien le morceau. L’interlude limite Ambiant, mais surtout inquiétant, fait bien monter la pression pour un retour explosif sur du Thrashcore énervé. Et là où c’est bien joué je trouve, c’est que ce dernier s’estompe progressivement et de façon totalement fluide pour laisser place à un final flirtant avec le Post-Rock ou le Shoegaze (ou les deux en même temps en fait, je ne sais pas trop).

Bon par contre faut pas non plus déconner, tout ce qui sort de l’ordinaire chez EKTORMORF n’est pas forcément un gage de qualité. "Collapsed Bridge" (qui dans le fond ne sort pas tant que ça de l’ordinaire, vu que le groupe s’est déjà essayé aux morceaux acoustiques sur le précédent album, "The Acoustic") fait plus rire qu’autre chose. Sur un album bourrin au possible, et vu le titre du morceau, je ne m’attendais pas une ballade aussi mignonnette que ça. Ça me fait rire (alors qu’en temps normal ça m’exaspérerait) de voir les paroles, d’une niaiserie affolante, qui ont pour sujet l’amour, les anges, le ciel, les oiseaux (et ta mère !), perdues au milieu d’un tas de « Fuck » et de « I hate you », présent tout au long de l’album. Bref un raté total, mais qui aura au moins le mérite de me faire marrer.

Alors pour conclure, non, ce groupe n’est pas à jeter. Ils ont vraiment du potentiel, mais veulent beaucoup trop se calquer sur les groupes des frères Cavalera. C’est dommage, car même s'ils ne sont pas trop mauvais dans ce domaine-là c’est ce qui leur coupe vraiment l’herbe sous le pied en termes de renouvellement et d’innovation. Et c’est surtout de ça dont ils auraient besoin pour parfaire leur style.