Bon sang ce que PROSTITUTE DISFIGUREMENT c'est bon.
Ce groupe possède sérieusement un des meilleurs noms de tous les temps. C'est bourrin, presque normal dans le milieu, mais suffisamment hors-normes pour qu'une fois qu'on l'ait lu une fois on s'en souvienne toute sa vie. Je sais pas, ils auraient pu s'appeler BUTCHER THE BITCH ou SLUT DEFACING voir CHAPOUK AND DOLORES GANGBANG (pardon) que ça serait pas aussi efficacement rentré dans notre esprit. PROSTITUTE DISFIGUREMENT quoi. Je saurais pas dire pourquoi j'aime autant ce nom, ses sonorités, tout ça. M'enfin voilà.
Toujours est-il que ces Hollandais ont toujours été à part dans le monde du Brutal Death. Pratiquant une musique dérangée, malsaine et à l'ambiance de psychopathe, avec surtout le chant ultra typé de Niels Adams et ses gruiks sur-violents jouissifs. Mais ça, c'était avant.

On sentait déjà venir une évolution plus mélodique sur "Left In Girly Fashion". Le groupe variait son propos et offrait des soli de tueurs (bordel de merde ce "Freaking On The Mutilated" absolument inoubliable) tout en gardant sa très forte personnalité, et livrait donc par là même son meilleur album. Et deux ans plus tard, voilà que ce "Descendants Of Depravity" paraît sur le marché, et divise. D'un côté, ceux qui aiment le style de PROSTITUTE DISFIGUREMENT, et de l'autre côté... Ben les autres.
On sait à quoi s'attendre. L'illustration de Par Olofsson (qui serait cool si c'était la seule qu'il avait jamais réalisée, là quand on voit les similitudes avec les HOUR OF PENANCE et HUMAN FILLETED sortis quasi en même temps on sature un peu) fait déjà tiquer, ce dernier n'ayant pas franchement pour habitude de bosser avec des groupes aussi bas du front et sanguinaires que PD. Euh. Merde. Argh, les initiales ça marche pas ici. Je vais donc continuer à écrire le nom du groupe en entier, heureusement que je le kiffe.
Donc, un artiste comme Par Olofsson n'est pas supposé coller à la musique de PROSTITUTE DISFIGUREMENT pour des évidentes raisons de style. Et quand on voit les changements opérés ici, on avait bien raison de s'inquiéter.

En 2008, le Brutal Death Technique est en plein essor. Pas mal d'albums gigantesques sortent, bref, c'est totalement en vogue et c'est ce que tout le monde veut écouter. DECREPIT BIRTH casse la baraque, DEEDS OF FLESH retourne sa veste, BRAIN DRILL fait peur à tout le monde et ORIGIN fait poser un genou à terre avec son tétanisant "Antithesis". Du coup, nos Hollandais se jettent dans le train en marche, technifient leur musique le plus possible et la lissent autant qu'ils le peuvent. Et c'est carrément à un autre groupe que nous avons affaire. La production est claire mais plastifiée, et surtout, surtout, Niels a allégé son chant et alterne désormais entre growls gras et hurlements en nombre. Et là, non. Juste, NON.
Je suis pas contre l'évolution, l'innovation tout ça. Mais désolé, un album de PROSTITUTE DISFIGUREMENT sans les "uiiiiiiiii uiiiiiiii gruiiiiiiii uiiiiiiii" n'en est pas un. C'est comme si OBITUARY sortait un album uniquement en chant clair. Genre... Non. Non.

"Descendants Of Depravity" est-il un mauvais album pour autant ? Non, bien sûr que non. Tout est en place, technique, efficace, brutal. Bref, c'est clairement un bon opus. Il y a juste tout ce qu'on veut entendre dans un bon clone de DYING FETUS avec un propos bien plus mélodique. Sauf que voilà, c'est quand même PROSTITUTE, et là ça passe pas. Et c'est pas comme si on entendait pas ce genre de musique absolument partout, et c'est une honte quand un tel opus vient d'un groupe ayant une identité aussi prononcée.
Franchement, pourquoi sacrifier sa personnalité à ce point ? Le groupe était auparavant totalement à part dans le paysage Brutal Death, par ses vocaux certes mais surtout par son ambiance saignante et meurtrière (mais rappelez vous de ce "She's Not Coming Home Tonight" quoi!). Un combo solide totalement séparable de la masse. Et qui a profité d'une mise en avant d'un genre pour totalement détruire tout ce qui faisait son intérêt et rameuter un public nouveau, qui n'aura de toute façon rien à foutre des albums précédents du combo. Véritable suicide artistique qui a néanmoins trouvé écho. Mais merde. Ce sentiment de perte d'une entité qui comptait dans le milieu est franchement désagréable. Sacré gâchis.

Et le problème, c'est que cet album est au final plutôt bon. Et c'en est rageant vu à quel point il est détestable. Au vu du virage à 180° pris par le groupe, on a envie de vomir dessus, de le frapper à mort, le défigurer comme une pute, tellement il a au final tué tout l'intérêt du combo et l'a métamorphosé en un groupe de plus dans le paysage. Mais non, on prend quand même du plaisir à l'écouter, et on s'en sent sali. De devoir un minimum apprécier un opus si opportuniste et annihilant tous les points forts d'un groupe ayant marqué sa décennie pour les remplacer par des qualités certes évidentes, mais qu'on trouve déjà chez un bon milliard d'autres formations, ayant à l'époque totalement le vent en poupe.
D'ailleurs, après cet album le groupe splittera brièvement, pour se reformer en 2010 et livrer quelques concerts (pour avoir été témoins, ça arrachait toujours la gueule et ça gruikait comme il faut, que les fans se rassurent) et nous envoie "From Crown To Crotch" en ce 4 Février 2014. Le retour aux sources semble plus que mal barré et nous n'attendons aucun miracle, mais bon. C'est toujours bon à prendre au fond.

Pas gruik : un opus de Brutal Death Technique correct, mais une balle tirée dans le pied pour nos PD préférés.