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BRUTAL DEATH METAL  |  STUDIO

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2013 Rebirth Of Jatisunda

JASAD - Rebirth Of Jatisunda (2013)
Par DARK MORUE le 30 Décembre 2013          Consultée 3914 fois

La scène Brutal Death du Pacifique, c'est quand même toute une histoire.
Deux foyers principaux sont à noter : les Philippines, et l'Indonésie. Pourquoi, ça j'en sais fichtre rien, mais quand il s'agit de blaster ta race, ça y va fort dans les îles. Une infinité de groupes, quelques labels de renom (tout particulièrement Rottrevore Records), mais au final ça arrive pas tant que ça par chez nous.
Pourquoi donc ? Ben... Parce que globalement le niveau reste très peu élevé malheureusement. Avec une telle profusion de groupes, on peut s'attendre à ce que ce soit globalement bien puant, et hélas c'est le cas (à noter cependant qu'en Indonésie c'est quand même infiniment mieux qu'aux Philippines).
M'enfin, au sein de cette scène encore plus active et fourmillante qu'au Texas (formez un projet Grindcore random, créez une page Facebook, la moitié des personnes qui aimeront la page seront des Indonésiens hurlant au génie), on arrive à extraire des combos de la masse. Des noms ? Les excellents FORGOTTEN, ASPHYXIATE, DOWN FROM THE WOUND également, ANTRAKS... Et j'en passe, les listes c'est chiant, mais j'ai au moins balancé 4 noms alors j'ai la conscience tranquille et je donne l'impression de m'y connaître.
Et on a même en tout et pour tout (du moins de mon point de vue) pas moins de 3 groupes qui sont passés à postérité et ont assis un sacré statut sur la scène internationale.
Les tueurs de chez WORMROT, le titan SIKSAKUBUR et les grosses brutes de JASAD.

Donc, pour présenter JASAD (qui signifie à la fois Cadavre et Âme, dépendant de la langue), nous pourrons simplement dire que c'est le groupe qui a accouché en 2005 de "Annihilate The Enemy" ou l'un des albums les plus mastocs de la scène en cette région. Formés en 1990 (avec le bassite Yuli comme seul rescapé du line-up d'origine), première démo avec un titre en français 6 ans plus tard, un premier full-length pas inoubliable en 2001 après donc pas moins de 11 ans d'existence, puis une œuvre ultime il y a 8 ans de cela et quasi plus de nouvelles par la suite. Prévu initialement en 2010, "Rebirth Of Jatisunda" débarque finalement en 2013 et a donc bien intérêt à tenir ses promesses.
Parce que JASAD, en 2005, c'était quoi ? Tout simplement l'un des plus puissants héritiers de DISGORGE, nous servant un niveau de brutalité suffocant incroyablement élevé, véritable mur de blasts et de riffs qui n'invente rien mais réussit à maintenir l'équilibre parfait pour attraper à la gorge et écraser les tympans dans une ambiance malsaine et étouffante 40 min durant. Et en 2013 ? C'est pareil, mais avec un peu de subtilité en plus.

Je ne sais pas si la nationalité a quelque chose à voir avec ça, mais le Brutal Death de JASAD sonne différemment du reste. Bien que totalement ancré dans cette vague "blasting Death" qu'on voit partout dans tous les coins, ici la production est crue, et n'a pas du tout le même grain que toute la masse Slam Brutal Machin aux guitares grasses et abyssales. Le son sec et très clair, pas du tout ancré dans l'optique 2013, a quelque chose de changeant, reléguant un peu les guitares derrière et décuplant par là même la force de frappe d'une batterie dont le son à moitié en Toc aurait été gênant avec un autre mixage, mais passe cette fois comme par miracle et sonne véritablement brutale. Et surtout, crée une ambiance. Une ambiance sombre, ritualiste, transformant le matraquage de caisse claire en hypnose. Rien qu'à voir cette introduction de l'album au riff lent et aux growls haranguant l'auditeur avant de faire débarquer les choses sérieuses sur la très violente "Naraga Regana Naraga", on sait qu'on va en prendre plein la tronche. Et le nouveau batteur Abaz, ayant déjà officié chez UNDERGOD ou EMBALMED, sait y faire (y'a même du bon gros gravity blast sur le titre éponyme). Mais pas question de réduire la musique à ça.

La dominance est au gros blast, à la partie rapide et intense qui met la tête dans le sol. On le sait. Les trois quarts de l'album sont placés sous le signe du blast-beat brutal, bête et méchant, mais d'une efficacité redoutable. Parce que le groupe place mine de rien des riffs derrière, que la clarté du son permet de distinguer, on ne tombe donc pas dans l'écueil de 90% de la scène qui nous propose du tabassage de cordes sur fond de blast débile façon ENMITY. Le chant de Man a également un peu évolué, se fait moins guttural dégueulé et quelque peu plus intelligible et puissant. Pas de beaucoup hein, il pourrait toujours prendre le poste de frontman de DEVOURMENT sans trahir personne, mais l'évolution est notable, finies les imitations de siphon d'évier, maintenant ça growle. Très bas et avec les intestins, mais ça growle. Bref, en quelques mots : JASAD gère. Ils font certes du Brutal Death à l'américaine tout con, dans sa forme la plus pure, mais avec une telle maîtrise et un tel équilibre que c'en devient véritablement addictif.

Et non, pas question de résumer l'album à un monticule de blasts. Ce genre de lattage n'a de sens que s'il est mis en relief. Et ça aussi ils le savent très bien. Et pour une fois, chose très peu commune dans le genre de nos jours, il est totalement possible d'isoler les morceaux. Tous ont une structure semblable basée sur l'alternance, mais les passages marquants sont en nombre. "Kujang Rompang" est à ce niveau là la pièce maîtresse de l'album, le niveau de violence y est certes élevé mais riffs lents, Slam parts, aspect mélodique plus épique et autres sont bien présents (argh ce riff mélodique caché derrière les murs de blasts sur le final). Les grosses décélérations sont mortelles avec un sens du Slam aiguisé, et surtout, ben y'a "Siliwangi" et sa mosh part façon DYING FETUS qui termine le morceau qui s'impose comme LE riff de l'album tellement ce passage à lui seul, isolé de cette manière, peut donner envie de tabasser tout ce qui nous tombe sous la main.
Mais ce qui séduit chez JASAD c'est avant tout cette férocité. Une hargne toute particulière, résultant d'une musique si naturelle et instinctive. Pas facile de mettre les mots là dessus, toujours est-il qu'un sentiment guerrier tout particulier nous agrippe le cœur à l'écoute de "Rebirth Of Jatisunda". Surtout dans la seconde moitié, moins axée tabassage de tronche et davantage accrocheuse que la première.
La mise en retrait de la brutalité et la baisse d'intensité est finalement plus bénéfique. "Rebirth Of Jatisunda", sans être meilleur que son prédécesseur, est bien différent et évite bien des écueils.

Nous avons donc ici probablement la meilleure œuvre du genre que l'on trouvera en 2013. Ne disposant certes pas du niveau technique de DEEDS OF FLESH ou SUFFOCATION, pas de surproduction, mais de l’honnêteté. De la puissance brute de décoffrage admirablement bien composée, d'une force de frappe hallucinante, réussissant sur tous les plans. Rien d'incroyablement original sous le soleil levant, mais bon. C'est pas tous les jours qu'on tombe sur un album de cette trempe non plus, le sommeil de DISGORGE ne laissant aucun équivalent à "Consume The Forsaken" sur le marché depuis plus de 10 ans.
Alors je pense personnellement que JASAD mérite ici amplement la Sélection. Ne serait-ce que pour attirer l'attention de tout le monde sur une scène qui a bien plus de choses à dire qu'on ne le croit, et mettre les pleins phares sur l'une des formations les plus talentueuses et sincères du moment dans un tel genre de niche.

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- Man (chant)
- Ferly (guitare)
- Yuli (basse, chœurs)
- Abaz (batterie)


1. Pasukan Karuhun
2. Nagara Ragana Nagara
3. Fearless
4. Cengkram Garuda
5. Rediamaton
6. Kujang Rompang
7. Siliwangi
8. Rebirth Of Jatisunda
9. Sunyaruri
10. Precious Moment To Die



             



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