Peut-on aller plus vite que la musique ? Bien sûr, on peut atteindre la vitesse du son. Peut-on dépasser la vitesse du son ? Évidemment, il y a la vitesse de la lumière. Peut-on dépasser la vitesse de la lumière ? Si l'on s'appelle ASCENSION, que l'on vient d'Écosse et que l'on a bouffé du DRAGONFORCE à tous les repas depuis son adolescence, oui, c'est envisageable. Toujours plus vite, voici un adage auquel le Speed Metal semblait avoir renoncé depuis quelques années, bien conscient d'avoir fait le tour de son sujet et désireux de varier son champ d'action. ASCENSION fait pour sa part marche arrière toute. Le groupe revient directement à la source, et rend un hommage appuyé aux Britanniques spécialistes de la vitesse sus-mentionnés. Fast, mais pas vraiment Furious.

Formé en 2004, quelques démos et EP dans la besace jusqu'en 2012, et voici donc que le quintet calédonien propose un premier opus studio avec ce "Far Beyond The Stars" qui, pied au plancher, dépasse toutes les limitations de vitesse autorisées. Cela a-t-il un sens ? Pas vraiment, car le groupe, s'il maîtrise bien ses instruments et se voit mis en valeur par une production au poil signée Andy LaRocque (FALCONER, EVERGREY), tend à se fourvoyer dans des compositions brouillons, sortes de patchwork faussement complexes qui laissent une impression de vide et de bruitisme inutile. De "Somewhere Back In Time", qui ouvre l'album, on ne retient rien, si ce n'est un jeu de guitare d'inspiration néoclassique qui peut rappeler la bonne époque de STRATOVARIUS. De même, les deux instrumentaux que sont "Orb Of The Moon" et "Far Beyond The Stars" ne séduiront que les fans les plus acharnés et nostalgiques du Speed Metal, tant ces titres se contentent d'être de simples alignements de note, sans queue ni tête et pire : sans but, si ce n'est en mettre plein la vue.

Quelques variations bienvenues de tempi nous permettent tout de même de découvrir le (véritable ?) visage du groupe, ou en tous cas une facette différente de sa personnalité, qui se fait bien plus convaincante : sur "Reflected Life", plus mesuré, on pense à un EDGUY plutôt bien fagoté, tandis que "The Silver Tide", ballade convaincante, permet d'entendre enfin la basse, jusque là écrasée par la frénésie de la distorsion. Cet aspect de la personnalité d'ASCENSION se fait plutôt agréable, et donne l'impression d'avoir affaire à un groupe qui, à défaut d'originalité, semble capable de voir au-delà des dépassements de records de vitesse. C'est en effet le cas sur l'épique "The Avatar (Ascension)" et ses neuf minutes au garrot, qui évoquent un GAMMA RAY en bonne forme.

Malgré 9 années d'existence, l'enthousiasme des débuts est sans doute en partie responsable de cette énergie brutale et peu calculée, qui frappe en pleine face et n'offre que peu de pauses et de respiration. Avec un peu de bouteille, et s'il cesse de prendre DRAGONFORCE en maître du style, ASCENSION semble capable de devenir un représentant sympathique d'un Speed Metal à la recherche de sang neuf. Une sortie à conseiller uniquement aux "ultras" du genre.

2,5/5.