Dr. Lupus vient vous conseiller une thérapie par le cosmos.
La technique du « Hin », dont je vais prouver l’efficacité, est brevetée par TRIST. Elle fait partie du programme d’Ambiant/Atmospheric Black Metal initié par le triumvirat auquel notre artiste appartient. Je parle bien entendu du rédempteur PAYSAGE D’HIVER et du spatial DARKSPACE.

L’univers ici introduit possède justement de nombreux points communs avec ce dernier : il s’agit d’un voyage cosmique, mais d’un autre genre. Aucune crainte que votre vaisseau tombe en rade comme l’évoquait l’angoissant "Dark 2.9" du Sombre Espace. Ici, c’est votre esprit lui-même qui s’en ira vers l’infini et l’au-delà. Prêt pour le voyage ?
Alors, allongez-vous. Fermez les yeux. Ne pensez à rien. Laissez défiler les images hypnagogiques. Ces visions, réminiscences des éléments perturbateurs de votre journée, ne doivent en aucun vous détourner de cette méditation. Portez votre attention sur les points d’appui de votre corps. Un par un. Prenez votre temps. Votre relaxation n’en sera que plus profonde. Vous aurez l’impression de vous enfoncer dans un confortable matelas. Concentrez-vous sur votre respiration. Relâchez tous vos muscles, sentez vos points de tension se détendre. Bien. Si vous entendez des bourdonnements, des sons, si vous sentez un courant électrique passer au travers de votre peau ; si vous avez la sensation que votre corps s’est endormi et se repose alors que votre esprit reste conscient, vous êtes sur la bonne voie. Maintenant, nous allons effectuer une respiration alternée pour basculer dans un autre état de conscience. Hélas, n’ayant jamais achevé mon doctorat (ma tentative de projection astrale à l’intérieur d’un loup [consentant] ayant déplu à mes enseignants) je ne me souviens plus vraiment de la technique. Du coup, je vais laisser "Hin" prendre la relève.
Cette longue plage mélangeant ambiances sombres et musique extrême dure 60 minutes. Divisée en trois parties, elle débute sur une atmosphère éthérée. N’ayez crainte et laissez-vous plonger dans les ténèbres absolues. Échos lointains, vents astraux, sonorités d’un autre monde… et même chair écartelée… Vous pénétrez dans une autre dimension. Ou dans les tréfonds de votre être. Car ce passage est introspectif.

**Quinze minutes de conditionnement envoûtant passent**

La voix claire et monocorde que vous entendez à présent explique le but de ce voyage. Soyez attentifs, car son timbre est particulier : lointain, discret, dénué de tout effet. Elle se pose naturellement, refusant de vous tirer de votre torpeur. Les riffs arrivent et le blast-beat se déchaîne. À première vue linéaire, ce passage Black, mélangé aux sonorités mystérieuses du clavier, réussit le tour de force de n’être en aucun cas lassant. Alors, laissez-vous entraîner et captiver. Très pertinent, psychédélique même, il accompagne toute votre progression. Lâchez prise, maintenant ! Si votre esprit s’échappe de votre corps, emporté par ces instruments torrentiels, ne résistez pas !

**Une vingtaine de minutes plus tard**

Soyez apaisé. Le calme revient. La voix aussi. Laissez-la vous initier. Elle parle d’une perception différente de la réalité, d’expériences, des étoiles, de l’univers. Mais aussi, de ne faire plus qu’un avec l’espace.
« I am the Cosmos. I am a part of this Space ».
Et vous revoilà entraînés vertigineusement par les instruments. Le rythme est encore plus haletant qu’avant. Au milieu de ce capharnaüm musical, un mystérieux hurlement, à peine audible, mais bel et bien présent, saisissant, résonne soudainement. Votre esprit s’élève maintenant, votre corps astral sort de la dimension terrestre ! Vers la cinquantième minute, la guitare devient nettement plus audible.
Ce n’est qu’une fois arrivé aux confins de la galaxie que l’apaisement revient. Vous flottez désormais dans le néant. Prisonnier d’une masse d’énergie informe. Entendez-vous ces sons indescriptibles, amenés par les courants astraux ? Seraient-ce les échos et les résonances des mondes lointains ? Comme un voile s’apprêtant à s’ouvrir sur un autre univers, le vent s’intensifie autour de vous. Frissons. Serait-ce le son d’une cascade au loin ?
Et puis, plus rien. Le silence. Juste un souffle constant.
De cet apaisement naîtra votre libération ? Le nirvana ?
À moins qu’il ne s’agisse d’une mort consciente ? Votre âme est-elle condamnée à errer éternellement au travers de ces dimensions cosmiques ?

Ainsi se termine votre première séance. Cela vous coûtera 200 euros. Et si vous êtes aimable, ce dont je ne doute pas une seule seconde, un pourboire en supplément me ferait très plaisir ~

4/5 pour ce disque ~

PS : J’aurais voulu arrêter la chronique ici. Hélas, l’album nous offre une seconde galette dont nous nous serions bien passés. "Fort" n’est rien d’autre qu’un film sans image. Nous avons droit aux dialogues, aux bruitages, à la musique, mais nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe. Du coup, pour éviter le spoil, à part un synopsis, je ne peux pas faire grand-chose.
« Deux jeunes femmes sont emprisonnées dans le manoir d’un savant fou. Alors que l’une compte avec terreur les secondes qui précèdent l’arrivée du monstre, l’autre réussit à se détacher. Ensemble, parviendront-elles à s’enfuir ? ».
Du moins, c’est ce que suggère le premier morceau, "Angst". En plus de couper radicalement avec l’atmosphère mystique de "Hin", ce deuxième disque malsain et inquiétant joue sur le terrain du thriller d’horreur. Il est donc partagé entre morceaux chiants d’ambiance sombre et samples cinématographiques. Mais c’est l’échec, on s’ennuie ferme. La volonté de raconter une histoire peut être saluée, mais d’autres groupes horrifiques font bien mieux (ELEND, GNAW THEIR TONGUES). Et surtout, on se demande ce que ça fait là. 1/5 pour celui-ci, mais chut, c’est le premier disque qui compte.