Quelques semaines à peine avant la sortie de ce qui s'avère donc être son dernier album solo, Brett Walker est mort. Comme ça, dans son sommeil, à 52 ans à peine. Une fin un peu tristoune pour un rocker, à l'image d'une carrière un peu trop silencieuse et discrète, quoique bien fournie. Moins connu qu'un Bryan Adams ou un Rick Springfield, le bonhomme reste pourtant un artiste-référence, auteur-compositeur, interprète et producteur émérite, qui aura laissé sa trace sur le petit monde de l'A.O.R., qui lui doit notamment le premier (et unique succès) du groupe ALIAS, en 1990, de belles collaborations avec Jimi Jamison, Jim Peterik ou Jeff Paris ainsi qu'une poignée d'albums studios solides et inspirés, parmi lesquels le formidable "Spirit Junky" paru en 2007, s'il ne fallait en retenir qu'un.

Brett Walker est mort donc, mais a pris le soin de laisser derrière lui une dernière cartouche, "Straight Jacket Vacation", un sixième album solo qui constitue un épitaphe de fort belle facture. Sachons tout de même raison garder, puisque nous parlons ici d'A.O.R., un genre musical figé qui n'a que peu évolué depuis son explosion dans le courant des années 80. Cet album est donc, comme la plupart des opus du style parus depuis le début des années 2000, prévisible et exempt de toute surprise. Le Rock présenté par Brett WALKER, marqué par la présence remarquée de guitares électro-acoustiques, se veut riche en influences country qui confèrent à l'album un petit côté "roots" pas désagréable. L'album, comme les précédents du bonhomme, prévaut grâce à deux éléments : la voix toute en feeling de l'artiste, et la capacité de ce dernier à proposer des "one-shots", des morceaux imparables qui font (forcément) pencher la balance du côté de l'adhésion. D'entrée donc, on succombe à "Reaching For The Stars", petite leçon d'A.O.R. qui place la barre haut, grâce à un refrain imparable et une énergie maîtrisée qui font de ce titre un moment de pur bonheur. D'autres titres parviennent à renouveler ce petit exploit, à l'image de "I'm Gonna Fly", à l'énergie bien plus rugueuse et débridée, "What About You", qui fait la part belle à la guitare acoustique, ou encore "Someday I'm Gonna be Famous", dont les paroles pleines d'espoir et d'humour clôturent l'album sur un sentiment étrange de complétude, comme si l'artiste avait tout tout ce qu'il avait à dire.

Des titres les moins intéressants ont également droit de cité sur cet album, en atteste un "So Happy" noyé sous des claviers sirupeux et datés qui donnent naissance à un morceau largement dispensable, au même titre que les ballades ("Good Enough") et les titres aux influences country trop marquées ("Unlucky At Love"), qui ressemblent trop au générique de 7 A La Maison pour être honnêtes. Malgré ses quelques baisses de régime, "Straight Jacket Vacation" reste néanmoins un bien agréable album d'A.O.R., idéal pour les nostalgiques ou les non-initiés. De quoi garder en mémoire le sympathique témoignage d'un "besogneux" du style qui n'aura, jusqu'à la dernière note jouée, jamais vraiment déçu. R.I.P. Brett.