À chaque partie de Civilization que je lance, je paramètre ma race et mon blase de façon à incarner le « Grand Canard WC, Seigneur et dictateur à vie des Thrasheurs ». Puis, j’oriente ma politique, je décrète que « Metallica City » sera ma capitale, je fonde mes petites villes qui deviennent rapidement des mégalopoles etc. Slayer Land me fournit une armée de guerriers sanguinaires, tandis que Megadeth-sur-Mer mise tout sur la science et les nouvelles technologies. Alors mes beaux Thrasheurs deviennent prospères, ils font plier des nations entières et saccagent tout. J’extermine des races entières sur fond d’OVERKILL et de DEATH ANGEL et je ris à bec déployé en voyant le jeu afficher des messages comme :

« Les Thrasheurs ont découvert l’écriture »
« ANTHRAX sur Oise rentre dans un âge d’or »
« Le Grand Canard WC, seigneur et dictateur à vie des Thrasheurs est le plus grand leader de la planète »

On est peu de choses, pas vrai ?

Bref.
Alors que la carte du monde se remplit de villes aux noms lugubres et que j’emporte maintes batailles sanglantes, je peine de plus en plus à rebaptiser mes conquêtes. KREATOR Land et SODOMANIA ont été créées depuis belle lurette. La race des Thrasheurs compte plus d’une centaine de villes, alors je commence à transpirer pour trouver des noms de ville décents pour mon peuple tout de cuir clouté vêtu. EXUMER existe, tout comme EROSION-ville et même TOXIK City ! C’est en général réduit à de telles extrémités que j’envisage sérieusement de fonder DEATHRIDER-sur-Loire, et pas avant.

Cette introduction métaphorique pour vous faire passer le message suivant : DEATHRIDER, c’est vraiment du super superflu. Si vous êtes sur le point d’écouter la relique, c’est que vous en êtes au stade où vous avez épuisé des trucs comme EXCEL ou PYRACANDA. Ce qui vous donne un aperçu de l’infini désœuvrement que draine le Thrash de troisième division et sa multitude de sous-groupes à deux ronds.

Donc DEATHRIDER, voilà quoi. Du Thrash formaté, qui pue la fin des années 80 et puis c’est tout. Ni Speed, ni brutal, à peine violent. Une violence raisonnable que je qualifierais de « DEATH ANGELienne » pour vous donner une idée du degré. Ça « thrashe » avec du chant pas hurlé, avec le timbre passe partout de Phillip Patton qui se permet de temps à autre de prendre des petites intonations revanchardes. Il est comme ça, le Phillip. Derrière, ça riffe, ça tabasse dans les règles de l’art mineur. Disons : dans la norme. DEATHRIDER fait tout « comme il faut » : quelques solos comètes, un peu de double pédale, accélération et décélération de rigueur. Avec même une intro / outro au piano pour faire son original. Quelques titres tout en mid-tempo un peu lourdingues morcellent ce morne paysage (citons "Plague of Death", histoire de prouver que j’ai bien écouté l’album), ce qui permet à un titre comme "Manslaughter" de contraster un peu.

A priori, le thrasheur de base est content avec ce "Requiem" : il retrouvera tout ce qu’il aime bien dans l’assiette. De quoi se plaint-on merde à la fin ?

Manque juste les compos. DEATHRIDER est fade, manque cruellement d’inspiration. Les titres se suivent, se ressemblent et on s’en fout un peu. L’album se termine sans avoir modifié de quelque façon que ce soit votre perception des choses, sans même vous avoir demandé la moindre bribe d’attention. "Requiem" est mort depuis le début, souffre de cette indifférence que draine la banalité. Le groupe lui même a renoncé ("I Can't Win"). Du coup, il s’agit juste d’un album de plus qu’on peut citer pour faire style ou pour combler un bout de carte de Civilization quand vous vous appelez « Grand Canard WC, Seigneur et dictateur à vie des Thrasheurs ». Et pour répondre à la critique que vous commencez à formuler sur le bout de vos lèvres peu ragoûtantes : oui, il y a pire. Mais en général après « DEATHRIDER-sur-Oise », je réfléchis à fonder des villes comme « HIRAX bien qui HIRAX le dernier ».

C’est vous dire.


Note : 2/5 (et je suis sympa tout plein).