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Stone Temple Pilots
No. 4
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le 06 Janvier 2018 par STEVE TAK


Pas d'accord du tout.
Ce N°4 est un très bon album, certes pas inoubliable ni le meilleur de STP, mais beaucoup de petites piques me semblent inappropriées. Et un point en particulier qui ne porte pas spécialement sur le groupe lui-même, certes, mais qui m'a fait dresser mes rares cheveux restants :
"C’est surtout oublier hélas que le Grunge a toujours été une musique plutôt lisse et accessible, et pas un foutoir bourrin".

Eh bien, on ne connait pas le même Grunge, mon ami !
Peut-être si tu as été éduqué aux derniers albums de PEARL JAM, NIRVANA (surproduits) et autres "unpluggederies", ok, ce commentaire peut-il faire sens, mais quand on parle véritablement de l'essence même du Grunge, c'est tout bien tout sauf "lisse et accessible". Pose donc une oreille sur les juvéniles essais de SOUNDGARDEN, les premiers MELVINS, les chappes torturées de SKIND YARD ou les beugleries cradingues de TAD, MUDHONEY (époque 80's, forcément) ou autres Cat Butt et tu te rendras compte que le Grunge n'a rien d'une musique lisse et aseptisée, faite pour plaire au plus grand nombre. Ça, c'est arrivé bien longtemps après, lorsque les gougnafiers des grandes majors se sont rendus compte que "Smells Like Teen Spirit" permettait de vendre quelques CD's et t-shirts sympas qui allaient avec.
Mais à la base (since 1985), le Grunge est une musique sale, bordélique et totalement "fucked" qui n'a rien à voir avec la description que tu en fais, Baazbaaz.

Après, hein, je ne fais pas ce commentaire pour te descendre ou quoi que ce soit (d'ailleurs j'apprécie en général tes chroniques), mais étant un grand fan du style, je me devais de faire une petite rectification.

Concernant ce "Number Four", bien que j'admette que ce ne soit pas leur album majeur ou le plus cohérent d'un point de vue artistique, j'y attache une certaine valeur affective. Bien que fan à l'époque de STP depuis déjà quelques années, c'est le 1e skeud que je me suis acheté à sa sortie avec mes propres deniers (j'ai découvert "Purple" et "Tiny Music" via l'échange de K7 audio) et j'ai pris le temps de le découvrir, écoute après écoute, un jour, une semaine après l'autre, le long d'un hiver 99 sacrément long et paradoxalement jouissif, pour le jeune homme en devenir que j'étais à l'époque.

Alors, peut-être y ai-je transfusé une partie de mes affects/expériences et souvenirs du moment, mais à la réécoute, j'y retrouve aussi une certaine "fraîcheur" qui fait tout le sel de cet album. On ressent l'envie de revenir sur le versant "plombé" de "Core", tout en poursuivant les échappées pop de "Tiny Music", en offrant au final un album d'un bel ecléctisme. Les riffs sont bons et Weiland, revenant de désintox', chante aussi bien qu'il hurle. Il embrasse à mon avis ici à la perfection le statut d'icône Rock auquel il aspirait depuis le début : tour à tour ombrageux, séducteur ou complètement déchaîné, il donne là une parfait aperçu de ses capacités, tout en écrivant quelques paroles fortes de sens et lucides quant à sa destinée de camé irrépressible plongeant son entourage dans la torpeur. Mais pour mieux comprendre cette démarche, peut-être faut-il aussi prendre cet album en doublette avec son essai solo "12 Bar Blues", qui jette une lumière encore plus crue sur les vices et les zones sombres du bonhomme.
Ceci dit, même en mettant de côté le point Weiland, les morceaux sont inspirés et défouraillent sévère, aussi bien qu'ils nous font valser sur des flots de nuages cotonneux. Eric Kretz a appris de ses erreurs passées (Core et ses tapes monocordes), les frangins De Leo se surpassent pour nous fournir de délicieuses mélodies parfaitement complémentaires et merveilleusement entraînantes et la track-list est très bien pensée, entre mid-tempos puissants, ballades délicatement assaisonnées et gros morceaux de bravoure déchainés. Un exemple ? Aaah... cet excellent et surpuissant "No Way Out" qui n'aurait pas dépareillé sur "Core" ; l'expérience en plus, entre gros palm-mute bien gras et phases mélodico-psychédéliques : un vrai hit en puissance.

J'ai un coup de cœur particulier pour la sublime "Sour Girl", poursuivant les tendances poppy et délicieusement sucrées de "Tiny Music", tandis que les paroles un fond beaucoup plus sombre (les désillusions d'une nana vivant d'amour et d'eau fraîche s'éprenant d'un camé qui lui pourrira finalement son bonheur). Et même si je suis fan des morceaux plus puissants et "grungy" de cette galette, j'ai aussi un gros "kiff" particulier pour le dernier morceau, "Atlanta". On ressent ici tout l'amour du groupe pour les 60's, débutant telle une ballade "lambda", avant que les orchestrations et le timbre "crooner" adopté pour Weiland (un vrai caméléon) ne lui donne des allures de grande frasque pop intemporelle. On pourrait penser à une 1ere écoute à un simple pastiche, mais le groupe autant que son chanteur - encore une fois magnifique sur ce titre et encore plus en version acoustique, pour les amateurs de YouTube - semblent tellement habités dans leur interprétation que l'on sent comme une sorte de souffle épique nous souffler dans les côtes...
Moi en tous cas, je le ressens à chaque nouvelle écoute.

Alors oui, peut-être s'agit-il d'un album "imparfait" des STP (oui, je suis d'accord, il manque une ligne directrice forte, comme sur les 2 albums précédents), mais il montre aussi un groupe qui a la gniaque et capable de balancer des putain de killer songs, ici ou là. Comme par exemple ce jouissif Pruno aux riffs saturés/compressés et très justement contrebalancés d'élans psyché (presque à la SOUNDGARDEN, ai-je envie de dire), qui donnent le pouls d'un groupe tout à fait sûr de ses capacités.
Nan, honnêtement, ce "N°4" est un excellent disque ! Pas aussi culte qu'un "Purple", peut-être, mais qui révèle son arôme après de nombreuses écoutes et au milieu de quelques volutes opaciées, peut-être, qui pourront nous aider à mieux cerner l'état d'esprit de son chanteur... Peut-être.

Mais l'un dans l'autre, ce "N°4" est pour moi un excellent cru des STP (et peut-être le dernier : "Shangree" n'étant bon et parfois même brillant, mais seulement par intermittence).

Pour ma part, c'est le testament d'un de mes groupes de jeunesse. Et le meilleur qui soit.













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