Je n'ai jamais accroché au Metal français, ni dans le fond purement musical ni dans la manière dont il nous a été présenté à l'époque. Dès les premières photos de SORTILÈGE, JUDAS venait à l'esprit. À la première écoute, aucun risque de confusion. SORTILÈGE, malgré d'évidentes qualités d'interprétation, restait un groupe de bons amateurs et fans de, désolé pour eux. Et finalement idem pour les H BOMB, BLASPHÈME, SATAN JOKERS et autres VULCAIN ou DEMON EYES. Ils étaient tous moins bons que TRUST à leur meilleure époque. Quant à la voix de Zouille, ouais, super chanteur mais un poil fatigant. N'est pas Halford qui veut.
Quant au sempiternel argument du manque d'engouement du public et du manque de promo, je rappelle qu'un groupe comme CANDLEMASS a enregistré son premier album culte dans une cave située dans une rame de métro désafectée de Stockholm ou Ragne Wahlquist (HEAVY LOAD) avait entreposé du matos d'enregistrement. Il ne faisait guère plus de 8°c dans le studio si on en croit Leif Edling. Le même Leif était quasiment sdf au milieu des années 90 et avait vendu toute sa collection de vinyls pour pouvoir survivre pendant ces années de vaches maigres... mais il est toujours là, la passion chevillée au corps. Et si CANDLEMASS a son statut de groupe culte Doom c'est pour une bonne raison : les compositions étaient bonnes, ce qui n'était pas le cas de nos groupes français. Des bons musiciens, c'est bien, de bonnes compos c'est mieux. Les parcours se résumant à un ou deux albums pour la plupart d'entre eux en est la meilleure preuve. Ils ont eu du bon temps malgré tout et c'est le principal.
Je les avais tous vus en concert lors d'un festival près de Redon en Bretagne en Juin 85 : On avait bien rigolé. DUM DUM BULLET avait ouvert le bal, une tuerie. BLASPHÈME était très bon, DEMON EYES très mauvais. J'étais parti me coucher avant SORTILÈGE que j'avais déjà vu dans une boîte de nuit non loin de là quelque temps auparavant. Bon mais sans plus. Seul H-BOMB manquait à l'appel mais il était déjà mort en ayant remplacé Didier Izard au chant par un Anglais aussi mauvais que prétentieux. Le groupe splitta quelques semaines après sa désastreuse prestation dans la même boîte. Enfer magazine publia dans sa rubrique des petites annonces celle du bassiste qui vendait sa basse BC Rich. Mort de rire. Leif Edling, qui sortira "Epicus Doomicus Metallicus" un an plus tard n'a jamais vendu sa basse, burn-out ou pas .