Délicat exercice que de donner une note à un disque. Bien sûr, il ne s'agit là que d'appréciation subjective ; cela n'engage à rien, mais reconnaissons que notre faculté à juger se trouve parfois tiraillée entre une composante affective non négligeable et un regard esthétique plus pragmatique.
Surtout quand on est en possession de l'intégralité de la discographie d'un groupe.
Mais quand on aime un groupe, on a tous (avouons-le) Un Album préféré. Et là, c'est plus le cœur qui parle.
Tous les albums de Priest sont particulièrement intéressants chacun à leur manière, car ils sont le reflet et la matérialisation sonore d'une démarche très précise. Chaque disque de Judas adopte une direction particulière donnant à leur carrière discographique une dimension ô combien riche, complexe et passionnante.
Mais ce "Screaming For Vengeance" a ce petit quelque chose qui fait de lui mon préféré.
SFV, c’est avant tout une atmosphère, une ambiance faites d’une infinie sincérité musicale.
A mon sens, ce disque représente l’essence de la musique de JUDAS PRIEST à l’état pur.
Et plus encore que "British Steel" sorti deux ans auparavant, auquel je reproche des accents légèrement forcés. C’est celui que je recommande à quiconque souhaite découvrir JP.
Oui, chaque note de ce disque coule de source et les musiciens sont en pleine possession de leurs moyens.
Quant à Rob Halford… En bientôt quarante ans de musique, le début des années 80’ représente à mes yeux, l’apogée de ses qualités de vocaliste (je sais, ça se discute). C'est une des seules périodes où, sans jamais forcer sa voix, il obtient des résultats miraculeux en toute simplicité, comme si pour lui, c'était normal.
De plus, la variété n’est pas ce qui manque ici : des accents speed métal, en passant par des sonorités hard US, ou plus Hard FM, à du heavy musclé comme Van Damme jusqu’à des colorations rappelant plus AC/DC. Mais cela reste toujours de très bon goût, avec un feeling incomparable et ininterrompu.
Et avec de surcroît, une sublime pochette que le public japonais a dû apprécier (imaginez le fond jaune en blanc), contrairement au Goldorak multicolore de l'album suivant.
Des passages d'anthologie, vous en voyez ? Moi oui. Plein, même.
Suis-je le seul sur Terre à avoir les poils de bras qui se dressent lors du cri triomphal du titre éponyme, qui transperce la chanson à 4'01 ? (cf "Victim Of Changes")
Ou à gigoter la nuque ou les pieds comme une andouille dès les premières secondes de " You've Got Another Thing Comin' " ?
A chanter l'hymne démarrant le disque ?
Je dirais simplement qu'il est scientifiquement impossible d'écouter cet album sans y participer (chantez, dansez, tapez dans vos mains!) tant l'énergie positive développée y est palpable, communicative et même bouleversante de sincérité.
Quiconque aime le Métal, ou tout simplement la musique de qualité, se doit impérativement de posséder ce monument de la musique contemporaine.