Cet album crépusculaire, qui n'a en réalité pas de nom et que les fans ont baptisé par erreur avec le slogan qui orne la pancarte au premier plan sur la photo ("Welcome To Sky Valley"), est comme le décrivent les critiques et commentaires unanimes, un monument incontournable du Stoner rock en particulier mais aussi, soyons fous (donc justes), du Rock en général.
D'emblée, Josh Homme s'impose comme étant LE Maître de la cérémonie toxique qui s'ensuit, tout cela sent les opiacées, la mescaline, le peyotl, les acides,la bière, la téquila et la sueur…
Le géant roux empile les prises de guitares accordées plus graves que la normale, jouées sur des cordes à gros tirant, sorties d'un ampli basse dont les lampes sont en surchauffe afin d'obtenir un grain énorme pour un résultat Dantesque: une pincée de wah-wah par ci, un chouïa de delay par là, de discrètes harmonisations,une utilisation appropriée des silences, pas vraiment de soli et on a l'impression qu'une armada de six-cordistes jouant à l'unisson est en train de dévaster les enceintes de la chaîne. Le souffle brûlant du désert lèche nos nuques, la tempête de sable approche...
Les trois autres (le) suivent, Scott Reeder et Brant Bjork en particulier qui confèrent à l'ensemble une élasticité bienvenue, insufflant au groove hypnotique des guitares, le petit truc qui permet de rendre l'ensemble passionnant d'un bout à l'autre.
John Garcia est le plus discret du lot, la faute à un album essentiellement instrumental, qui laisse s'installer les ambiances par la mise en avant de riffs entêtants, néanmoins ses interventions sont remarquables au service de mélodies incroyablement ciselées.
On pense à BLACK SABBATH, bien entendu et ce n'est pas le sublime intermède psyché que constitue un "Space Cadet" planté au mitant de l'album qui n'est pas sans rappeler "Planet Caravan" qui contredira le propos, néanmoins on n'oubliera pas de citer BLUE CHEER voire le GUN de "Race With The Devil" (repris par GIRLSCHOOL), s'il s'agit de fouiller du côté des références et influences de KYUSS.
"Sky Valley" ressemble probablement à un enfer traversé et chanté par un poète Florentin des temps nouveaux (d'où l'expression qui lui est dédiée plus haut dans ce commentaire), transfiguré en sombre rocker, mais dont nous retiendrons avant tout la beauté magique du discours, ainsi que sa force.
Huit ans avant "Songs For The Deaf", le miracle s'était déjà produit.
"Il n'est de pire sourd, que celui qui ne veut entendre".