Ah, cher DiNiCed, tu touches là une vaste problématique.

Honnêtement, il n'est pas facile de distinguer les groupes et artistes de Slam Death qui sont réellement misogynes de ceux qui ne le sont pas car, à mon sens, il y en a qui le sont réellement, et d'autres qui, comme dans toutes les autres variantes du Death Metal, jouent du cliché, de l'outrance, du dégoût, du "shock".

Franchement, la misogynie n'est pas vraiment "bankable", et même si les groupes peuvent s'en foutre, les labels et maisons de disques, eux, c'est moins sûr, parce qu'il faut vendre le bouzin derrière. Il est plus facile de vendre en se cachant derrière le second degré que derrière une authentique opinion misogyne.

Et puis comme je l'ai souligné à plusieurs reprises dans mes chroniques d'artistes du genre, le pur Slam est un genre musical revendiquant un côté rétrograde, complaisant dans sa péquenauderie. Et quoi de plus péquenaud que de rabaisser la femme ? Néanmoins, les bons artistes existent dans le genre et sans pouvoir déterminer l'authenticité ou non de leur misogynie, il serait dommage, je pense, de ne pas chroniquer leurs disques.

Quant aux phallus arrachés, d'opérations de prostate ou d'ablations de scrotum, on en trouve aussi dans le Slam, mais comme le Goregrind en a fait sa spécialité il y a déjà un bon paquet d'années, difficile de se différencier sur ce créneau de choc. Alors on va plus loin dans l'atroce, à l'image des pochettes de FETAL DISGORGE que, comme toi, je trouve bien dégueu, mais que j'essaye de lier aux éventuels penchants du groupe pour les bons vieux Slashers mêlant viol et meurtre, ou les films de cannibales qui fleurissaient au début des années 80 et qui n'étaient pas avares en mutilations féminines non plus.

Il est même étonnant que les ligues de femmes n'aient pas encore prise position, a propos de ceci.

Les groupes veulent frapper je trouve, plus l'imaginaire avec leur pochette au lieu de leur musique.

Je ne croit pas que les gars (où femme) soit misogyne dans le contexte de musique, remarquez que d'autre artiste de Metal font du Black raciste etc, donc la question demeure...

Texas. Je pense que tout est dit.
DEVOURMENT ont choppé ce créneau là, avec des paroles ultra gores se donnant une image récurrente de tueurs en série kidnappant et torturant des prostituées, entre autres sévices. Le reste de la scène étant basiquement des repompes plus ou moins assumées de DEVOURMENT et DISGORGE, pas étonnant que le même créneau soit pris en tentant la surenchère.

Tout ce qu'on veut c'est repousser toujours plus loin le Gore Photoshop et les textes choquants. Et l'ennui c'est que la misandrie choque personne alors que les paroles misogynes vont tout de suite faire péter les plombs à certains, d'où les cumuls juste pour attirer du clic (et le fait qu'on se retrouve carrément régulièrement avec des femmes enceintes).

C'est gamin, mais c'est pas non plus comme si c'était globalement une scène qui se prend au sérieux vu le niveau musical et technique au ras des pâquerettes. Et y'en a quand même une bonne partie qui parle avant tout de SF (c'est à ça qu'on reconnaît les bons en 2017).

Merci pour les réponses, je comprends mieux la démarche. Une démarche où ces musiciens excellents car pour moi, c'est réellement choquant, donc le taff est rempli.

C'est vrai que la misandrie ne choque pas autant, je ne connaissais même pas le mot ! Il doit aussi y avoir un facteur impact. Le jour où FETAL DISGORGE remplit Bercy, les boucliers se lèveront probablement.

Pour ce qui est du "bankable", j'ai du mal à imaginer mettre 20 boules pour un album où, vous le dites vous-même, le niveau est si bas. Je suis pas loin de penser que dans certains groupes, ils sont meilleurs illustrateurs que musiciens ! Enfin encore une fois, chacun ses goûts. Merci pour les explications, je retiendrai que le Brutal Slam Death Metal est plus proche de la démarche que de la musique.

Ouais alors je suis pas d'accord avec ta conclusion diniced. Y'a des tas de musiciens et d'auditeurs à fond dans le Slam qui en écoutent plein et qui kiffent le genre et même des groupes qui n'ont presque pas d'imagerie gore. KATALEPSY ou JENOVAVIRUS, pour ne citer que des groupes que j'ai chroniqué, possèdent un intérêt musical indéniable et même un truc aussi beauf que les bassdrops d'EXTERMINATION DISMEMBERMENT (ce nom mdr) sont assez marrants à écouter. Et pourtant j'ai jamais eu le moindre intérêt pour l'imagerie gore dans la musique (ou au cinéma) à part deux ou trois paroles un peu moins mal troussées de Lord Worm.

Et puis quant au gore misogyne, on a rarement fait mieux que "les 120 journées de Sodome", alors...

Oh et puis faute de ligues qui se révoltent noisey a fait un article dessus.

Coucou DiNi

"J'ai du mal à imaginer mettre 20 boules pour un album où, vous le dites vous-même, le niveau est si bas".

Tout dépend ce que chacun recherche à se mettre sous la dent !!

Le niveau technique n'a jamais été qu'un critère parmi d'autres. Si le mec cherche un défouloir musical (sans parler de l'imagerie), un groupe qui prend position politiquement, des prouesses techniques, un concept en béton, ou des atmosphères prégnantes, de nombreux choix de style vont s'ouvrir, forcément ...

A bientôt.
W.

Je dois bien admettre que vos arguments sont justes.

En fait j’ai le même problème avec l’art moderne. Si je peux comprendre la démarche de la toile « carré blanc sur fond blanc » j’ai beaucoup plus de mal à applaudir le « carré bleu sur fond bleu » deux ans après et je crie au scandale quand cinq ans après l’artiste sort son « carré rouge sur fond rouge ».

J’ai consacré ma matinée de congé aux raclures d’évier dans les tympans et il en ressort qu’on n’est pas uniquement dans la course à l’hyper violence misogyne. Désolé pour le cliché. Il y a de ça mais pas que. J’ai écouté JENOVAVIRUS, EXTERMINATION DISMEMBERMENT, ANALEPSY, INFANT ANNIHILATOR… Et KATALEPSY me plaît assez car il touche au Slam du bout du micro. Peut-être une bonne porte d’entrée dans le genre, même si je sens bien que le Slam et moi, ce sera pas une grande histoire d'amour.

Je n’ai rien contre le Slam et quand bien même, pour voir ou entendre du Slam, miso ou non, je suis obligé de chercher. Des tonnes d’autres artistes, même féminins, me cassent les tympans à longueur de journée à essayer de faire croire à nos ados de 12 ans qu’elles « like it like it come on » et personne ne trouve ça hors-contexte et encore moins misogyne. Alors que je n’ai aucune hésitation sur le contenu du dernier VULVECTOMY. Et ça je respecte, même si je déteste.