Cet enregistrement est, je le crois, indépassable.
Difficile de faire plus urgent, plus rude, plus rentre-dedans. Quelle panique terrible dans ces rythmes sans syncope, dans cette voix arrachée au dédain et à l'apathie de son public, sans bestialité, terriblement humaine, dans ces riffs destructeurs, dans cette production d'une puissance de feu inégalée ! Quelle colère dans ces paroles, ces constats terribles qui peuvent tenir en quelques mots suffisants à eux-mêmes !
Tous les groupes qui se sont inspirés de cet album-clé ont essayé d'aller plus loin, plus vite, plus fort, plus bruyant, mais aucun n'a réellement compris la réalité du cauchemar qu'il décrit à la perfection. Il suffit de comparer à d'autres sortis plus tard, aussi contestataires, comme, disons, "From Enslavement To Obliteration" de NAPALM DEATH. Trop extrême pour signifier quelque chose. L'indignation était déjà dépassée par ses moyens d'expression en 1988. Chez DISCHARGE, la vitesse et le bruit ne sont rien. Le constat est le tout. S'il remue encore aux tripes, c'est que le monde n'a pas changé. Et que sous le constat brûle toujours un irrésistible appel à l'action.