Cette fois, je suis d'accord avec Dark Beagle. J'ai tendance à penser que "Love Gun" constitue l'apogée studio du KISS « vintage ».
La pochette, bien machiste, réalisée par Ken Kelly (déjà responsable de celle de "Destroyer"), nous rappelle qu'en 1977, le Baiser n'était plus un simple groupe de Rock mais une escouade de super-héros Marvel.
À nouveau produit par Eddie Kramer, connu pour son travail avec Hendrix, "Love Gun" constitue une sorte de juste milieu entre la sophistication excessive de "Destroyer" et la dominante « Hard » de "Rock And Roll Over". Le groupe est uni, véritablement soudé et s'en donne à coeur joie dans le style qui lui réussit le mieux, à savoir un Hard Rock simple et sans prétention.
Autre facteur clé de la réussite d'un album de KISS : Stanley et Simmons sont tous les deux impliqués et inspirés. "I Stole Your Love" et "Love Gun" demeurent deux des meilleurs compos du Starchild qui cite souvent le morceau-titre, qu'il aurait écrit en avion lors d'un voyage au Japon, comme sa composition favorite du groupe.
Quant à Simmons, il se fend de quatre chansons imparables, notamment le libidineux "Christine Sixteen", le grivois "Plaster Caster", hymne à la gloire de Cynthia Plaster Caster, célèbre pour avoir réalisé sur des rock stars consentantes des moulages de l'organe dont il est métaphoriquement question dans le titre de l'album et le fabuleux "Almost Human" (intro grand-guignolesque, ambiance marécageuse genre vieux film d'horreur de série B avec monstre caoutchouteux)...
Si l'album fonctionne aussi bien, c'est aussi parce que chaque membre du groupe a son mot à dire. Le "Hooligan" de Peter Criss, co-écrit par Stan Penridge - le même Penridge qui cosigna "Beth" – est un rock violent qui déménage. De son côté, Ace Frehley nous propose le cinglant et très réussi "Shock Me", ce qui lui permet de faire brillamment ses grands débuts en tant que chanteur.
Seuls deux titres sont en-deçà du reste : le dispensable "Tomorrow And Tonight", chansonnette mâtinée de chœurs Soul, qui figurera inexplicablement sur le deuxième "Alive", et la reprise du "Then He Kissed Me" des CRYSTALS, rebaptisée ici "Then She Kissed Me" pour couper court à toute ambiguïté qui ne présente pas un intérêt criant, mais s'inscrit dans la liste des covers dont le titre contient le mot "Kiss".