Un disque immense qui n'est qu'une suite ininterrompue de monstrueux brulôts Cyber-Punk-Rock où l'influence de MOTÖRHEAD du premier LP est mise en veilleuse au profit d'une rage froide inédite jusqu'alors dans le petit monde du Hard Rock, lequel n'était dominé que par le glam, le speed, le heavy, le FM, Jean-Pierre Sabouret et quelques rescapés des 70's complètement à la masse avec leur feeling à la con.
Le ROGUE MALE de "Animal Man" n'était rien de tout cela. C'était nouveau.
Evidemment, quiconque est familier aujourd'hui des disques de PRONG, GODFLESH ou VOIVOD, celui pour qui les vieux disques de KILLING JOKE ne sont déjà plus que d'aimables petites plaisanteries New Wave, ne verra pas forcément le caractère de nouveauté lui sauter au tarbouif à l'écoute des Mad Max du Rock Lourd des 80's de la mort qui tue, mais ROGUE MALE c'était ça : le groupe le plus original de 1986 (avec SIGUE SIGUE SPUTNIK, soyons honnêtes...), ce sentiment nouveau, ce souffle sur ma peau, le désir de faire crâmer les semelles de mes baskets Ilie Nastase pour aller me procurer derechef cette rondelle à la F.N.A.C. - la Fontaine Nourricière de Amateurs de Cyberpunk - après l'avoir louée sans conviction (pour 9 francs les 24 heures) dans une boutique de location de vinyles spécialisée dans la piraterie sur k7 Chromium Dioxide.
Reste un disque qui envoie toujours du bois de nos jours, et le souvenir d'un beau gâchis à l'annonce du split du groupe, les musiciens n'ayant rien trouvé de plus intelligent à faire que de se mettre sur la gueule, alors même que des cohortes de fans transis et de critiques enthousiastes venaient gratter à leur porte. Il y en a qui n'ont vraiment pas le sens de l'Histoire.
Ah oui, ERWIN, je me souviens aussi de "Télé Commando", une emmission spéciale des "Enfants du Rock" consacrée au Métal qui n'a duré que deux numéros, l'un avec ROGUE MALE et l'autre W.A.S.P. (avec un Blackie Lawless complètement ridicule) qui nous aura permis au moins de voir quelques vidéos de JUDAS PRIEST et autres, entre deux reportages bidons et d'une vulgarité sans nom visant à faire passer les musiciens et leur public pour des bovins décérébrés... Merci, ô, Philippe Manoeuvre !