"Hellbound" est l’album qui m’a donné envie de suivre la carrière de Doro, et finalement avec le recul, il reste toujours mon album de référence. Sur les deux premiers albums de WARLOCK on trouve une certaine fraîcheur et un brin de désinvolture. En 85, le groupe viens juste de signer chez une major, et il semble beaucoup s’amuser avec son métal mélodique mais très rageur et ses improbables histoires de démons et de psychopathes. Un instantané éphémère, avant d’être rattrapé par les contraintes et les obligations du show-biz.
J’ai l’impression que Doro elle-même conserve une forte nostalgie de cette période, car elle n’a jamais cessé d’interpréter des titres comme "Earthshaker Rock" ou "Hellbound" durant sa carrière solo. Ces titres font partie intégrante de son patrimoine, et même de son « ADN ».
Généralement les chroniqueurs citent en référence le quatrième album de WARLOCK, "Triumph & Agony" qui est plus professionnel, mais pour ma part, je le considère davantage comme un album solo de Doro.
Alors que "Hellbound" nous montre ce qu’était WARLOCK en tant que véritable groupe, même si on peut déplorer certains effets de production un peu kitsch commis par Henry Staroste, le son reste dense, homogène. Le seul moment ou Doro s’autorise l’usage de sa voix claire, c’est à la fin, sur "Catch My Heart", une ballade qui n’est pas un véritable hit, mais cependant utile pour l’ambiance.
La voix de Doro, très juvénile, ne bénéficie pas de traitement de faveur, elle est ici mixée en retrait, tel que cela se pratiquait à l’époque pour les chanteurs de Metal masculins, et cela ne fait que confirmer ce sentiment de cohésion.
WARLOCK, malgré son succès rapide, restera un groupe allemand de seconde zone, foudroyé en plein vol et qui ne deviendra jamais un groupe de référence comme ACCEPT ou HELLOWEEN.
Cela tient sans doute beaucoup à des problèmes de management. Pourtant ce groupe pétri de talent aurait mérité un meilleur sort, que celui d’une fusée de lancement pour mettre la carrière de Doro sur orbite.
Il y a un titre que j’affectionne particulièrement, moins frontal mais cependant plus pittoresque que "Hellbound" c’est "Out Of Control" qui ouvre la face b du vinyle et ressemble un peu à ce que faisait HELLOWEEN à la même époque, avec sa pulsation un peu folle et devenant joyeuse, et ses petits arrangements de claviers. Après une intro qui pose une ambiance cinématographique de série B, Doro se lance dans une prestation vocale particulièrement épique, et alors là, on comprend que la petite blondinette n’est pas là uniquement pour faire joli sur la photo : Non seulement cette nana peut chanter du Métal aussi bien qu’un mec, mais en plus elle sait inventer des lignes de chant originales.
Ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire ses fans, elle continue toujours à reprendre ce titre en live, mais à mon humble avis, "Out Of Control" n’est plus vraiment adapté à sa voix actuelle de femme mûre. L’âge lui a apporté sagesse, maîtrise et expérience, et même si Doro a su conserver une voix exceptionnelle, ses cordes vocales de jeune fille, elles, ne sont désormais plus qu’un souvenir.
Ensuite, Il y a d’autres titres solides, comme "Time To Die" et même si les guitares empruntent des chemins déjà balisés par ACCEPT ou par la NWOBHM, cela reste convaincant, après toutes ces années j’arrive toujours à écouter toutes les pistes de "Hellbound" sans avoir envie de zapper, ce qui n’est pas forcément le cas avec les autres albums de WARLOCK.
À noter que dans le coffret "I Rule The Ruins" paru en 2015 On trouve une version CD de cet album incluant des titres du maxi single "You Hurt My Soul" avec notamment "Evil" et "Turn It On" qui auraient mérité de figurer sur le LP d’origine.
