Ça ! Il est certain qu'un titre comme "Dying in America" ne respire pas franchement la joie de vivre au pays des bisous, que DIO a déjà chanté de meilleures choses que le bidulique "Double Monday" et qu'il est relativement ardu de pécho sur la ballade finale qui, dans le genre Paul McCartney névrosé, donne surtout envie de se pendre !
Néanmoins j'aime assez cet album que je réécoute régulièrement depuis sa sortie, comme quoi, si, si, il peut plaire.
Il s'avère un peu indigeste en raison d'une inspiration un brin saumâtre passé le septième titre et, en celà, il est difficile à avaler d'une traite, ce qui n'est jamais le signe d'un très grand disque, j'en conviens.
J'imagine également que l'amateur d'épico-mélodico-chantonnant à la mode "Love is all" doit bien tomber de haut lorsque, se promenant dans la Forêt Enchantée avec son glaive, il découvre au détour d'un buisson, DIO le nain chantant en panoplie de scaphandrier, en train d'écraser tous les schtroumpfs avec ses semelles de plomb.
Il n'empêche que dans son style "Hard Rock pâteux et lourd à l'ambiance sinistre", ce disque est quand même loin d'être la merdasse infernale qu'on prétend qu'il serait. Parmi ce qu'il reste de mélodie, "Big Sister" est un chouette morceau heavy et "Don't Tell The Kids" n'est pas mal. Dans un style davantage bûcheron des Carpathes, on peut sans problème sauver "Stay Out Of My Mind", long et excellent morceau fort délicatement plombé, une compo étonnante signée par le bassiste de DOKKEN où DIO est impérial. Et pourquoi pas "Hunter of the Heart" et "Institutional Man" qui sont loin d'être des bouses quand même ? J'en viendrais presque à trouver quelques qualités au modernisme prétendument foireux de "Black" mais bon, je prends des cachetons, ça aide à trouver tout génial.
Et puis il y a de nombreux bons moments dûs à la qualité de l'orchestre. Inutile de revenir sur le talent de DIO, mais rien que Vinny Appice, par exemple, il arrive a développer un jeu assez fin tout au long du disque, le bougre. Jeff Pilson n'est pas n'importe qui non plus (c'est MONSIEUR Jeff Pilson !), quant au décrié Tracy Grivalja, si à l'époque Ronnie faisait clairement mine de vouloir le pousser vers la porte, je dirais même vers la fenêtre, et que, par conséquent, ses interventions décisives sont rares, son style heavy dissonant fait parfois mouche (joli salto arrière suivi d'une double vrille sur le solo de "Golden Rules", les connaisseurs apprécieront).
En somme un album particulier, pesant et triste (mais ça peut aussi être une qualité) Pas la huitième merveille du monde, certes, mais pas un truc nul, loin de là. Non seulement il est parfaitement écoutable mais on n'est même pas à l'abri d'une bonne surprise.
