TOOL : FEAR INOCULUM (2019)

Prenons un peu de recul sur le contexte particulier de la sortie de cet album tant attendu. Ne tergiversons pas, ce "Fear Inoculum" est tout bonnement excellent.

Dès les premières notes du "title track" (qu'on connaissait déjà depuis début août), on est en terrain connu. Le morceau se met en place lentement, propose une progression toute en retenue (l'une des marques de fabrique de TOOL) mais n'explose pas comme TOOL nous y a si souvent habitué (e.g. "Forty Six & 2" sur "Ænima", "The Grudge" sur "Lateralus", "Vicarious", "The Pot" sur "10,000 Days"). On navigue plus sur les sphères hypnotiques et addictives d'une sorte de mix "Parabola"/"Jambi" (sans leur côté "énervé"). Hypnotique et addictif sont des adjectifs qui siéent parfaitement à cet album. Du coup, le trip que nous propose TOOL permet l'évasion irréfrénée et le terrain connu que j'évoquais ci-dessus devient finalement un "simple" décorum à cette nouvelle expérience TOOLienne. C'est un vrai tour de force. Car l'album ne donne pas l'impression de la redite. On sent que tout a été pensé et peaufiné jusque dans les moindres détails. La production est d'ailleurs monstrueuse ! Quel son ! C'est puissant, c'est clair, c'est limpide !

À l'exception des interludes (version numérique) et de "Chocolate Chip Trip", l'album est plutôt homogène, le chant de Maynard est quelque peu en recul (il est en tout cas moins présent que sur les albums précédents) et plus en retenue (aussi), moins virulent dans son expression en tout cas, ce qui, par vases communicants, accentue le côté "tripesque" de cet album. Depuis que je les ai vu en concert au feu Point Theatre (aujourd'hui The O2) de Dublin en 2006, je trouve que, pour résumer, TOOL c'est la version Metal de PINK FLOYD. Ce n'est pas ce "Fear Inoculum" qui me l'infirmera. Et cette homogénéité devient donc plus technoïde (dans le sens addictive) que rébarbative. C'est un autre tour de force. Encore une fois, le tout est chiadé à l'extrême mais fait irrémédiablement mouche.

Et pourtant, l'album (bien que composé de "seulement" six véritables morceaux) est long, très long, progressif, complexe et technique dans son écriture et néanmoins plutôt facilement accessible. Tout en découvrant de nouveaux détails à chaque écoute, la première d'entre elles ne reste pas prisonnière de cette digestion et offre une accroche et un plaisir immédiats. Voilà encore un autre tour de force.

Je parlais d'homogénéité précédemment, il y a un commentaire qui revient souvent à propos de ce "Fear Inoculum", c'est qu'on change de chanson préférée à chaque titre. Ça résume plutôt bien cet album.

Note: 5/5
Morceaux préférés: "Fear Inoculum", "Pneuma", Invincible", "Descending", "Cutting Voices", "7empest"

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Revenons maintenant quelque peu sur le contexte. L'arlésienne à la "Chinese Democracy". Le "business game" (notre musique ne sera pas sur les plateformes... Et puis finalement si). Etc... Passons. Je ne suis sans doute pas assez "fan" (en général) pour être véritablement touché par ces à-côtés. Je prends note. Et prends garde des postures.

Par contre, le format et le prix de cet album, c'est une autre histoire. Une édition limitée à 80€ (79,99€ + 0.01€ de frais de port -_-') ou une édition digitale. C'est une blague ? C'est limite un encouragement au piratage... Bon, ma compagne m'a offert l'album en pré-commande. C'est un très bel objet, packaging classieux, une innovation originale (cet écran qui diffuse un clip TOOLien dans l'âme quand on ouvre le digipack) et sympathique bien que fondamentalement gadget et geek, un joli artwork sur le slipcase du CD mais jamais ça ne vaut 80€! Même les packaging de fou de The OCEAN (coffret double CD, DVD, poster, artworks innovants et originaux et gadget de géol-geek) ne sont pas proposés à un tel prix. Si on décompose mathématiquement la bête, on a le CD 20€, la version digitale (dont le code de téléchargement est offert) 10€ (on est d'accord ce n'est plus offert du coup), ça fait 30€... Reste donc 50€ pour l'écran HD 4" et ses 2 enceintes de 4 W pour un clip au final assez dispensable (une musique ambiante sur une imagerie vidéo à la TOOL). C'est proche du foutage de gueule. Et je ne saisis pas bien le message envoyé aux fans du groupe... Vous nous aimez alors vous raquez ?

Je suis sensé juger l'album, sa musique et pas forcément tout le business/capharnaüm qui l'entoure, mais là, ça mérite sanction. 1 étoile en mois.

Note finale: 4/5.