"A Simple Song", le calme avant une (dé)charge tellurique et ce je ne sais quoi qui laisse à penser que cette fois-ci c'est gagné, contre toute attente.
Ian Gillan a eu raison d'insister auprès de Bob Ezrin pour placer ce titre en ouverture de ce splendide (eh oui !) album.
Des bienfaits de l'apport d'un vrai producteur aux manettes : le traitement du son est une pure merveille, profondeur et textures, ambiance, respirations, théâtralité et qualité des compositions, tout y est.
D'après Ezrin (un type capable de dire non), DEEP PURPLE c'est de la musique instrumentale avec des plages chantées, donc on laisse le temps aux musiciens de s'exprimer : le tandem Paice/Glover tient la baraque tandis que la paire Morse/Airey la repeint de toutes les couleurs (écoutez donc les sublimes parties de claviers sur "Après Vous", les arrangements "orientalisants" sur "Out Of Hand",le solo de guitare sur l'intro de "Uncommon Man").
Le groupe se permet avec "Hell To Pay" de créer un hymne Hard Rock bien crétin en apparence, un truc que n'aurait pas renié MÖTLEY CRÜE, entrecoupé par un passage instrumental que l'on croirait tout droit sorti de "Made In Japan" où l'on jurerait que Blackmore puis Lord se succèdent dans l'interprétation des soli aussi fabuleux qu'inspirés.
"Body Line" est une sorte de Classic PURPLE seventies qui fait mieux que tenir la route, "Above and Beyond", titre un peu plus "faible" aurait illuminé bien des albums précédents.
Le meilleur est cependant à venir.
"Blood From A Stone" tout en ambiance, a un côté Floydien sur ses couplets planants qui contrastent avec un refrain appuyé, effet saisissant garanti.
"Uncommon Man" et "Après Vous" sont proches du Prog Rock, la première est excellente et la seconde est tout simplement sublime, la basse de Roger Glover tout en groove y fait merveille dans son rôle de clef de voûte, l'association guitare/clavier semble par moment sortir du GENESIS de la grande époque (des morceaux du type "Cinema Show" ou "In The Cage", pour ceux que ça interpelle), puis se lâche comme jamais sur la partie instrumentale.
"All The Time In The World" est l'exemple de ce que peut être une ballade réussie, ne sombre pas dans le pathos, le clinquant ou les sentiments à deux balles, DEEP PURPLE n'est pas un groupe de Hard FM racoleur et c'est tant mieux.
"Vincent Price", titre grandiloquent avec son ambiance horrifique est une démonstration magistrale d'efficacité, on peut y trouver des points communs avec l'univers de BLUE ÖYSTER CULT, du type Joan Crawford, avec les titres produits à l'époque par Martin Birch l'ex-magicien du son de DEEP PURPLE...
Comme je vous parle (écris) depuis l'édition vinyle, de l'album, j'ai aussi droit à un petit bonus répondant au nom "It'll Be Me", petit Rock'N'Roll à la JERRY LEE LEWIS, bien sympa pour finir le disque en mode détente.
Pour conclure, voilà un album que l'on peut glisser sans crainte aux côtés des "In Rock", "Machine Head" ou autres "Burn" tout en sachant qu'il sera épousseté aussi souvent que ses illustres prédécesseurs tant il rivalise avec eux en qualité, et comme un bonheur n'arrive jamais seul, on peut aussi se dire que si le groupe décide d'interpréter un bon nombre de ces morceaux sur scène, fusse au détriment de matériel plus ancien (comprenez vintage), on n'en sera tout aussi content !
"Now What?!" : l'excellente surprise d'une année 2013 qui en compte peu quel que soit le domaine, alors on s'incline et on dit merci, mille fois.