Un album qui porte bien son nom, c'est en effet une Death Metal symphonie, et les riffs les plus typiques du genre (entendus aussi bien chez MORBID ANGEL que sur les premiers DEICIDE ou PARADISE LOST) sont repris par l'orchestre seul. En résulte un album assez fun mêlant l'ambiance primaire du Metal extrême des origines, avec ses growls vintage, aux délires BUNGLE-TOWNSEND à la mode dans les années 90. La voix de soprano est utilisée au premier et au second degré simultanément, à la fois incongrue et émouvante, parodique et pathétique ; métonymie parfaite de la valeur de l'album, à la fois produit de son temps et musique parfaitement personnelle créée par des gens qui y croient, qui croient que leur folie va traverser les siècles comme celle d'un BEETHOVEN ou plutôt, car c'est plus pertinent, d'un MAHLER.
De la même façon que chez Mahler, la parodie et le sérieux se clashent et pour ainsi dire s'annulent, créant une œuvre qui trahit sa propre critique en épousant le folklore et la geste cannibale de l'art moderne dans tout ce qu'il doit à la société industrielle et au consumérisme, ne pouvant au final qu'admettre son amour pour tout ce qu'il dénonce, WALTARI retourne le propos à 360 degrés en mêlant l'orchestration classique/organique à l'électricité et à l'idiotie des discothèques. Mais au final, à travers ce Death Metal faussement académisé, dépassé par le mouvement incessant de la technologie et ses incitations à danser toujours plus fort et plus vite, c'est le même attachement à la vie qui s'exprime, et c'est beau. La débilité aura toujours quelque chose de poignant, mais il faut qu'elle soit contextualisée, et en 1996, ce contexte existait encore. Il y avait une culture de masse, un seul canal de diffusion majoritaire, et c'étaient les petites autour qui permettaient cet enthousiasme juvénile, en réaction ou en accord avec ce courant principal. Le marché de niches aujourd'hui lié à la nature même du réseau Internet a fait disparaître ce plaisir de l'inouï, car tout peut y cohabiter. Si tout a cours, plus rien n'est surprenant, plus rien n'est bête ou intelligent. Tout se clashe et tout s'annule, l'amour est là mais la mort ne rôde plus. "Yeah ! Yeah! Die ! Die! ", que ça disait ! Merci WALTARI !
