Une année 2010 aux débuts prometteurs en matière de Speed mélodique (FREEDOM CALL, GAMMA RAY, RHAPSODY) et dont on condamnera avec aplomb l’absence totale de sorties aussi valables que capables de la maintenir à un niveau satisfaisant.
SALAMANDRA pouvait être celui qui remonte la barre d’un cran, fort d’un album précédent surprenant de persuasion et des ambitions clairement affichées sur le successeur dont il est, à cet instant, question. Les premiers échanges avec "Time To Change" dévoilent une formation les méninges en sang. SALAMANDRA se les est tripotés avec les ongles pour en faire sortir des compositions personnelles, variées et fignolées. Jamais cette impression de travail outrancier ne se dément, ni celle de découvrir une formation dont le souhait pourrait bien être d’accoucher d’un album plus épique que le clairon d’avant bataille ; Ivan Borovský associe des glaires à ses cordes vocales pour un rendu écorché et rentre-dedans. Les riffs, simplifiés, sont bâtis avec une insistance particulière sur le tranchant. Le batteur assène ses coups avec la volonté de priver ses fûts du moindre repos. Les chœurs tiennent de GRAVE DIGGER, virils et éraillés. Même la production plus brute qu’à l’habitude dans ce registre souvent coloré de teintes claires qu’est le Speed mélodique y va de sa participation.

Epique au possible ? Si c’était là un objectif, il est atteint. Quant à celui de la conviction, il faudra en reparler. Non que "Time To Change" s’avère mauvais. Il lui manque juste la petite touche propre à le conforter à cet échelon inespéré de la part d’un groupe handicapé par une nationalité peu en vue en Heavy Metal et moyennement appuyée par un label au réseau limité, Leviathan Records. Là où on a droit à un bon refrain, SALAMANRA nous refuse un accompagnement adéquat ("Underworld Tale"), là où le clavier se démène pour tisser des ambiances convaincantes, les mélodies ne décollent pas assez ("Lost Life"), là où les lignes de chant plaquent des frissons, le refrain manque de force ("Factor Zero").

Je suis déçu. Non réellement par cet album. Tout compte fait, il m’a accompagné durant de longues semaines. Il m’a plu, j’ai compris qu’il fallait en tirer le meilleur et laisser de côté le superflu pour en profiter sans détour.
Je suis surtout déçu par le potentiel que j’ai cru ressentir, presque palper même. SALAMANDRA confirme un talent insondable. Si insondable, peut-être, que ses membres n’ont pas su y puiser l’exhaustivité des éléments dont l’amalgame aurait pu produire une excellente nouveauté. La preuve ? "Dark Matter", et je tenais à finir mon texte sur ce titre. Lui a tout compris et parvient à démontrer la capacité de son géniteur à forger des titres fédérateurs, denses, entrainants et suffisamment épiques pour transformer le grain des peaux sensibles.
Un bon album, certes. Mais c’est tout.