-EEUUUUUURRRRRGHHHHHH!
Ou comment démarrer sa chronique de la même manière que l'album dont il est question.
Vous êtes fan de Brutal Death gras, de la nouvelle scène slam et du gore craspec qui gerbe sa cervelle les boyaux à l'air ? Alors vous connaissez déjà DISGORGE. Et vous savez déjà que ce "Cranial Impalement", malgré sa courte durée d'une vingtaine de minutes et son statut de dépoussiérage 2 en 1, s'il n'est certainement pas la création la plus aboutie du combo, a marqué au fer rouge toute la prochaine génération de deatheux et filé un bon coup de pied dans la fourmilière underground.

Sorti en 1999, mais regroupant en vérité deux créations sorties respectivement en 95 et 96, "Cranial Impalement" est un monument de spontanéité et de crasse, de puissance et de groove, de furie et de glaires.
Fort d'une prod' roots sans être raw, dégueulasse sans être baveuse, ce premier effort full-lenght des Californiens n'a aucune autre prétention que vous faire ressentir la même chose que le monsieur sur la pochette, à savoir vous éclater le crâne par tous les moyens, que ce soit à force d'headbanger ou tout simplement contre un mur de briques.
Pour avoir une idée plus précise du style, on prend la première période de SUFFOCATION (jusqu'à "Pierced From Within" quoi), et on extrémise tout çà à mort, jusqu'au point de non-retour. Plus de vitesse, encore moins de structure apparente, des accélérations plus fulgurantes encore et des parties lentes toujours plus lourdes.
Ici, ne pensez même pas à tenter de retenir quoi que ce soit dans les compos. Le fil conducteur des morceaux semble être inexistant, on enchaîne les blasts qui arrachent aux parties presque groovies annonciatrices des futures Slam parts démocratisées en parallèle par d'illustres Texans affamés.

Mais le principal point fort de l'album, celui qui écrase absolument toute forme de concurrence, c'est bien évidement la légende vivante Matti Way. Bien que sa performance soit ici inférieure à celle qu'il signera avec LITURGY, elle est absolument bluffante de brutalité pure et de crasse. Pas la moindre trace de paroles, juste un débit violent, spontané, et absolument effrayant de crédibilité. Non, Way ne sombre jamais dans le ridicule comme certains autres savent le faire, et ses intonations variées (dans le sens où on distingue différents sons, pas de refrain en chant clair dans les parages) toutes plus glaireuses et dégueulasses les unes que les autres contribuent au statut de maître, loin devant ses successeurs Fuselier et Magana, et même encore aujourd'hui sur le podium de la scène death tout entière.

Encore de nos jours d'une violence proprement effrayante, servie par un son parfait et un organe vocal parmi les pires que le monde ait engendré, "Cranial Impalement" est toujours une influence majeure dans le Death underground. Tout pour en faire une oeuvre absolument culte. Toujours au-dessus de la concurrence actuelle. La brutalité pure. Visionnaire ? Indispensable.