Hum, vous croyez que si je reprends discrétos l'intro que j'ai écrite pour le AZRATH XI, ça va se voir ? …Oui ? Rah merde. J'ai l'impression d'être espionné là du coup.
Donc toujours est-il que, "The Sea Grave" est un album avec un Cthulhu sur sa pochette. Et vous savez ce que ça veut dire, un Cthulhu sur une pochette. Ben ça veut dire que l'album déchire la race à sa maman, et que si t'aimes pas y'a un Grand Ancien qui va venir te manger.
Et donc, voilà, l'album Cthulhu d'aujourd'hui, c'est le dernier GRAVEYARD. Nope, pas le groupe de Stoner, celui de Death Metal Suédois, gras, qui tronçonne à la HM-2 et fait pas de quartier. Prends ça dans ta gueule. Sauf que, ben ils sont pas suédois. Mais alors pas du tout. Le Swedeath en Espagne, j'avais jamais vu ça avant même pour être honnête. M'enfin il faut de tout hein, paraît même que de nos jours on en fait en France...

Alors donc. GRAVEYARD, que j'ai découvert cette année au Party San et qui m'ont foutu une énorme baffe en s'imposant comme le meilleur groupe du genre à l'affiche (SULPHUR AEON ça compte pas, z'ont aussi un Cthulhu sur leur pochette). Ni une ni deux (mais bien quarante-douze), je me procure leur dernier album, "The Sea Grave". Ouh que ce titre fleure bon la référence Old School comme pas permis. D'ailleurs il est bon de noter que c'est leur second effort, mais vu que l'album précédent est extrêmement similaire, pas la peine d'en faire une chronique. On va dire que là tout ce que je peux raconter concerne aussi l'effort précédent, et que vous aussi vous les découvrez maintenant.
Alors, c'est pas compliqué, si la scène Revival ne vous dérange pas, si vous aimez GRAVE et UNLEASHED, alors vous pouvez vous ruer dessus et prendre votre pied comme pas permis. C'est pas compliqué, on a TOUT : tout d'abord cette production avec le son lourd, croustillant, puissant et naturel, rien à redire, c'est nickel et ça poutre. Mais on a surtout du gros riff, toutes les caractéristiques du Death Old School Suédois, mais avec en bonus une délicieuse ambiance Lovecraftesque bien comme il faut.

Parce que ouais, le Death Metal pratiqué ici n'a rien d'original. Rien de rien. Niet. Par contre, tout le travail est tellement bien fait, avec tellement d'amour, et d'inspiration, qu'on est forcément tout content et émoustillé de se retrouver face à une telle œuvre. Tout respire la tradition : l'intro ultra cheap qui aurait pu être faite au xylophone, précédent un premier titre brut de décoffrage qui aura raison de nos cervicales au bout de seulement quelques riffs. Quelle énergie ! Et voilà qu'on se mange le traditionnel hymne du skeud, "Faces Of The Faceless" et son refrain terrifiant hurlé en chœurs (et pas n'importe quels chœurs, genre y'a les vocalistes de TEITANBLOOD, OBSCURE ou KÖRGUL dedans quoi) se mariant à merveille au pouta-pouta-pouta de la batterie. Ce pattern tellement typique et tellement jouissif à la fois.
Et tous les titres s’enchaînent, et se ressemblent un peu mais on s'en fout ça déchire à chaque fois. On marie les grosses séquences blastées (façon GRAVE) aux riffs plus posés, groovies et fédérateurs qui se scotchent dans le crâne (façon UNLEASHED), on hésite pas à ralentir la cadence méchamment pour rendre le tout glauque et faire sentir le caveau pas frais (façon ENTOMBED)... La palme revient à "Of He Who Sleeps", titre final encadré de deux interludes, pesant et particulièrement sombre.

Ambiance oui, quelques interludes cheap, des leads par-ci par-là (l'introduction de "Blood Of Vengeance", ainsi que son final), mon Dieu que par ici ça flaire bon le cultiste qui sacrifie des poulpes. Mais bon, pas la peine de croire pour autant que GRAVEYARD font du Doom/Death, non, ça reste bas du front, bovin et ça mise sur l’efficacité qui fait tout péter. Tout respire la puissance, de la batterie qui ne cesse de s’emballer au chant caverneux façon Ola Lindgren. Et aucun morceau faible à noter, avec de plus un vrai boulot sur la structure des compositions, juste histoire de sonner moins linéaire. La montée en puissance de "The Nutriting Of The Cadaver", avec son "In Deep Slumber" introductif, est à se péter les cervicales, tout comme la puissance de feu bien plus soutenue d'une "Cult Of The Shadows pt1.". Bon sang mais ces titres quoi, même Lovecraft ressemblait pas autant à du Lovecraft. Dommage qu'il ait jamais eu l'occasion d'écouter du Death, je suis sûr qu'au final ça lui aurait plu.

DONC. Pour synthétiser. Si vous êtes un éternel râleur qui hurle que la scène Revival Death qui pullule de partout c'est de la merde, et que personne n'égalera jamais les anciens et que les groupes apportent rien de neuf, évidement vous aimerez pas. En attendant attendre du neuf d'un Revival c'est complètement débile, et sans tous ces groupes on aurait nettement moins de Death Swedish à voir en concert. Passé cette petite parenthèse, "The Sea Grave" est une tuerie n'apportant aucun sang neuf mais synthétisant tout ce qu'on aime dans cette musique macabre, croustillante et puissante, alors s'en priver serait une belle connerie.
Une excellente surprise qui arrache tout sur son passage et compile tout ce que j'ai envie d'entendre quand je veux écouter de la musique. Irréprochable.

R'lyeh : Appuyez sur play, tronçonnez du Cthulhu en headbangant comme des dératés, et appréciez la scène Revival Death à sa juste valeur.