La France a rarement su faire du bon Rock, mais quand il s’agit d’honorer les branches extrêmes de la musique, de fiers coqs entament une marche forcée pour défendre l’honneur du drapeau et le hisser haut dans les cieux orageux. Dans le Black Metal les exemples ne manquent pas. Si je vous cite NEHEMÄH, ANOREXIA NERVOSA, OSCULUM INFAME ou encore BLUT AUS NORD je dissipe d’emblée tout malentendu et coupe la chique aux plus zélés détracteurs. CRYSTALIUM fait partie de ces figures de proue qui auront marqué le mouvement au début de ce nouveau millénaire et "De Aternitate Commando" est un soufflet adéquat pour calmer les dernières ardeurs.

Je dois bien le dire, hormis les groupes que je viens de citer, je n’ai jamais été friand de la scène française. Une des raisons est ma propension à refouler la langue française que je trouve assez désuète pour accompagner la brutalité et la tonalité du Black Metal. C’est un avis personnel que je ne m’explique pas. Je trouve que les accents et les timbres scandinaves, slaves et anglo-saxons collent davantage, et expriment de manière plus congruente l’ambiance distillée par le Black Metal dans toutes ses formes et ses déclinaisons. Seulement CRYSTALIUM fait aussi exception à cette critique quelque peu acerbe de ma part. Il faut dire que ce groupe développe un Black Metal guerrier très décomplexé et de surcroît doté d’aspérités maléfiques et d’une aura macabre. "De Aternitate Commando" est un vrai brûlot au sens littéral du terme ; c’est un chaudron bouillonnant, rempli du sang des ennemis et de ceux ayant persisté dans l’erreur. Les titres sont glaçants et rendent honneur aux anciennes heures passées et glorifient en substance le sentiment national sans s’épancher sur un quelconque idéal identitaire (je rassure tout de suite les inquiets !). Quelques arrangements sonores me rappellent les travaux Dark Ambient de LES JOYAUX DE LA PRINCESSE, la comparaison pourrait s’arrêter là, néanmoins CRYSTALIUM a le mérite ainsi de faire progresser ses compositions, évitant ainsi le piège d’une certaine linéarité. À ce jeu Blizzard Cillag est essentiel, ses prestations vocales contribuent activement à marquer l’identité unique de ce groupe.

CRYSTALIUM nous offre un album remarquable d’un Black Metal racé qui ne s’épanche pas tête en avant à dérouler du blast, des hurlements interminables, des atmosphères tièdes ou modernes. Il s’agit davantage d’un collectif de nihilistes patentés, qui avec une certaine véracité, nouent un pacte avec la diablerie et installent sa vengeance au sein de son univers musical. Porté aussi par des guitares incisives - les claviers relevant les ambiances vindicatives du groupe - "De Aternitate Commando" développe un goût immodéré pour l’agression et sa réflexion. La batterie sonne de manière artificielle, cela ne gâche pas la production mais j’aurais préféré l’entendre de manière plus distincte. Nos Français auront servi une belle mandale cette année-là avec cet album de renom devenu depuis lors un classique.