Quelle ne fut pas ma déception quand Thomen 'The Omen' Stauch annonçait quitter son groupe de toujours, de moins en moins en phase avec le style de plus en plus complexe de BLIND GUARDIAN entaché par des frictions de plus en plus fréquentes avec messire André Olbrich, compositeur omnipotent.

Souhaitant renouer avec le style de "Somewhere Far Beyond", le rapprochement avec Piet Sielck, guitariste-chanteur de sa génération et garant d’un traditionalisme orthodoxe dans le Heavy allemand, semble couler de source. On est assuré de rester dans le Heavy teuton tendance Power Metal et tempi échevelés à la clef et c’est exactement à ça qu’on a droit sur ce premier opus de SAVAGE CIRCUS.

"Tomorrowland" et son refrain bardé de chœurs qui évoque directement les "Tales From The Twilight World" ou encore "Between The Devil And The Seas" aux lignes de chant qui s’accordent un mimétisme plus que ténu avec Hansi Kürsch, le tout axé sur des poncifs utilisés à fond mais habilement détournés, SAVAGE CIRCUS n’a pas de quoi rougir avec ce premier opus qui fait preuve de compos savamment écrites et aux structures intelligentes (le bridge de "Evil Eyes" qui permet de retomber sur un second refrain martial avec moins d’évidence que la première fois), ou encore la structure de "Beyond Reality" qui ne laisse pas présager d’un refrain aussi hymnique.

C’est avec ce disque que j’ai découvert la stupéfiante voix de Jens Carlsson, à la rocaille digne du Hansi Kürsch des nineties, capable de pousser de terrifiants hurlements ("Between The Devil And The Seas") entre deux agressions verbales : Thomen ne pouvait pas trouver à la fois plus confortable et plus risqué pour assurer la viabilité de son nouveau groupe : d’un côté il rassurait les vieux fans de BLIND qui n’ont pas apprécié le gigantisme de "A Night At The Opera" et de l’autre il prenait le risque de n’être vu que comme un ersatz de ce dernier.

Le principal défaut de cet album, je dirais, est la virulence quasi ininterrompue du chant qui ne nous laisse aucun répit. Thomen s’amuse comme un petit fou et je retrouve avec un grand plaisir son jeu de toms et ses rythmiques en apparence simples mais toujours saupoudrées d’un petit plus rendant sa patte reconnaissable : il a toujours été pour moi le plus grand batteur du Speed/Power et "Dreamland Manor" fait honneur à sa réputation. Hélas Piet Sielck a compressé à mort les instruments dans sa production à tel point qu’une quasi absence de relief gâche le confort d’écoute qui nous aurait sans doute permis de mieux apprécier les chemins vallonnés de "It – The Gathering" ou encore de "Waltz Of The Demon". Même "Evil Eyes", la tuerie absolue de ce disque, aurait récupéré la grandeur qu’elle méritait.

Tout à fait recommandable aux amateurs de Power Metal teuton qui ne manqueront pas d’y trouver leur compte voire plus.

Un gros 3,5/5.