Deathwish fait désormais figure d'usine Ford dans le milieu Hardcore. Les productions s’enchaînent vomies sur un tapis comme fabriquées par des Charlot las et pas drôles pour un sou, dans l'unique espoir de gagner de quoi acheter du pain. Ils montent une à une les pièces pour faire de l'estampillé Deathwish.

D'abord, il faut être des jeunes avec des jeans noirs déchirés au niveau du genou et tant qu'à faire, avoir un bonnet en été et pourquoi pas un marcel. Mais sans muscle. Toute cette étape ne prend guère de temps, les pièces se bousculant au portillon. La seconde étape demande de l'investissement : il faut passer par une entreprise très réputée : Kurt Ballou Corp. Chez Kurt Ballou Corp on vous construira un son parfaitement adapté au système des usines Deathwish : gras, puissant et instantané. Du vivant en leurre pour un montage sans passion. Enfin il faut bien sûr que le produit respecte les codes propres à l'usine. La musique doit sonner Deathwish, à grands coups de passages bien lourds style Beatdown, de quelques dissonances bien vues, de passages Punk Hardcore pour faire venir le chien, de moments de tension avec une basse en solo pour maintenir le suspense et de quelques hurlements éructés sans talent par un type qui transpire l'immédiateté. Miam.

CODE ORANGE sort tout récemment des usines Deathwish, et le produit est tout à fait attendu. Le précédent bénéficiait de l'effet de surprise, amusant mais sans plus, puis la marque Deathwish a décidé d'en faire des produits dérivés. Vous remarquerez le parfait assemblage, la magnificence du travail Deathwish sur "Slowburn" et son simili-Beatdown ennuyeux et efficace (écoutez ces coups sur la chinoise dans le vide, c'est saisissant !). "Unclean Spirit" vient faire croire qu'on est là pour danser mais non, CODE ORANGE est méchant, ils ont les cheveux devant les yeux et des écarteurs quand même. Surtout quand ils appliquent une recette Deathcore bien lisse, c'est saisissant de réalisme, la puissance me fait dresser les poils, j'en pleure bouhouhou Maman aide-moi. L'entrée éponyme est un monument de tension avec ces alarmes éparses, on se croirait dans un Silent Hill version LINKIN PARK. Effroi américain quand tu nous tiens.

Les dissonances sont tout de même divertissantes et donnent l'impression de revenir dans les années 1990 (ultra pénible "My World") tandis que les lignes de basse semblent composées par un maître du Funk, en témoigne le rigolo "Slowburn". Pour ce qui est du mordant du riff, on a parfois l'impression que l'Intérêt est venu en tant qu'actionnaire mais non, en fait il est parti jouer au golf, loisir bien plus violent. Les notes ringardes de "Thinners Of The Herd" nous font croire à une reprise d'ULTRA VOMIT fatigué et lorsqu'on arrive à "Your Body Is Ready..." on se dit que c'est une blague – même avant -, et puis on peut commencer à partir cuisiner avec l'album en fond, histoire d'avoir un autre bruit que l'huile frémissante. Puis on coupe, car une fois les échalotes mises le son est bien plus dingue.

Néanmoins, quelques passages viennent rehausser l'intérêt d'un objet tout propre, par exemple.