"J'ai toujours l'impression de lire "death metal bruta technique" par ci, "neocore thrashy à tendance grind" par là. C'est méga-lourd, de mois en mois j'ai l'impression que ce sont les mêmes choses qui sortent... J'imagine donc que le Death et le Grind n'ont jamais autant sorti de bons albums que maintenant.... haha. Ce n'est pas du tout une critique envers Dark Morue, j'adore le lire, même si le genre qu'il affectionne ne me branche pas plus que ça."

TARANTULA – 20 septembre 2012.

Fenryl replia la lettre avec soin et observa le jeune DarkMorue d'un air grave. Les sourcils froncés, l'air dubitatif. La lecture de ce courrier semblait l'avoir troublé, bien plus que les précédentes attaques. On ne touche pas à l'intégrité du site, à sa ligne directrice. Il fallait prendre une décision, là maintenant, dans ce bureau. Les idées se bousculaient dans sa tête, chose que rendait particulièrement voyante les volutes de fumée pourpre s'échappant de ses narines.
Le petit Deatheux lui, par contre, ne savait vraiment pas quoi foutre. Voilà qu'on le privait de ses jouets préférés et qu'en plus le patron était en rogne. Mal barrée cette histoire. Finalement, le mentor se leva de son trône, gratta sa barbe et prononça d'une voix grave et sensuelle :

F -"Comme tu dois t'en douter, ce message est totalement approuvé. Ton Goregrind pourri, y'en a marre, et..."
DM -"Nan mais z'êtes chiants à tous penser que j'écoute que du Goregrind, c'est quand même assez naze et ça représente un album sur 20 dont je parle mortecouille, faut pas tout confondre !"
F -"Ouais, on s'en fout, casse pas mon délire, me coupe pas dans mon élan épique, j'essayais d'avoir la classe bon sang !
Enfin bref, tu m'as compris. Tu es interdit de Death pendant une semaine. Cette musique de sauvage trahit la ligne directrice originelle de NIME : spimélo symphonique, power allemand, heavy et Glam. Alors si tu veux rester à bord, tu vas immédiatement nous pondre un écrit ancré dans ces genres. Tes yeux doux ne me feront jamais craquer. Ton argent non plus. Non rhabille toi c'est pas mon trip."
DM -"Woké mais j'y connais rien moi, comment je vais trouver tout ça ? Bon c'est parti pour aller demander conseil à Canard WC, vu que je suis un gros fan de JUDAS PRIEST il va pas m'emplafonner... J'espère juste pas me taper du MANOWAR..."
F -"Laisse tomber, l'est pas dispo ce soir, je l'ai vu se casser au Strip Club de Joe DeMaio avec Halford, on le reverra pas de sitôt en état de fonctionnement. Mais y'a Jeff Kanji qui fait des heures sup', à mon avis tu peux lui emprunter une connerie. Maintenant sors de mon bureau et qu'on ne te revoie plus avant ce satané papier."

Médusé, notre Morue ainsi jetée dans les sinistres couloirs du QG de Nightfall In Metal Earth se mis à arpenter les corridors, n'ayant pas la moindre idée d'où pourrait se trouver le bureau de Jeff. Après une bonne demi-heure de marche pleine de rencontres des plus déstabilisantes, que ce soir Citizen et Zodd entrant discrètement dans le bureau de Dolorès armés de menottes et de fouets, Renerion en pleine séance de rodéo sur le dos de Bionic ou BaazBaaz en train de jouer avec le cadavre empaillé de The Marginal, il finit par enfin dénicher la salle clef, dans laquelle il trouva l’intéressé en train de se masturber frénétiquement devant sa collection de photos de Freddie Mercury.
Confusions, excuses, exposition, négociations.
JfK -"Hein de quoi ? Tu veux te bouffer du Heavy ? Toi ?... Bon... C'est que j'y tiens à ma collection moi, m'enfin j'ai forcément un truc bien inutile à te refiler si c'est pour ta survie... Tiens, ça, c'est assez naze donc ça devrait te plaire. Aller, file, j'ai du taff à finir moi !"

Notre héros exténué finit donc par rejoindre son bureau personnel après avoir mis une plombe à se débarrasser d'un Enenra rentrant de son concert de TRIBES TO THE BONGS OF MUD totalement déchiré et le draguant lourdement. Repos. Alors... Il a refilé quoi le Kanjo...
Visuellement affreux et kitsch au crayon, ça commence mal. Recherche sur internet... Et merde. Putain non. Projet d'un ex-gratteux de MANOWAR. Il aurait juste pas pu faire pire je crois. Oui je parle à la première personne maintenant sans transition avec le début du texte et je vous emmerde. Quand Canard WC dit ça ça fonctionne très bien, alors faites pas chier.
Bref, écoutons tous ensemble cette magnifique galette en carton. Insertion. Lecture.

…

Bon je crois qu'il y a pas besoin d'être un expert du genre pour se rendre compte que c'est minable. Mais genre vraiment. D'accord c'est un genre que j'ai un mal fou à apprécier à la base, mais quand en plus c'est plat et mal fait...
Alors donc, par où commencer ?
Description formelle : c'est du Heavy. Du vrai, du viril. Chanteur haut perché, grosse guitares qui font des riffs, des synthés pour faire épique warrior of the world of the gods, et évidement, vu que c'est le projet solo d'un guitariste, tout plein de soli de guitare. Tout partout.
Rien de bien original donc. C'est archi-basique et clichesque. On tente bien quelques petites expérimentations ("Back To Heaven" et son orgue hammond, franchement pas dégueu et bien foutu) mais tout reste archi-prévisible et balisé. Ainsi que d'une pauvreté assez affligeante et d'une platitude à toute épreuve. On se fait surtout carrément chier.

Pourquoi ? Parce que mid-tempo non-stop. Soit c'est du un petit peu rapide qui tente d'être énergique mais se vautre lamentablement, soit du lent et qui serait épique si tout n'était pas torpillé comme ça. Torpillé par deux choses : déjà une production qui oublie totalement la notion d'agressivité, les guitares sont d'une mollesse ahurissante, et surtout ce chanteur insupportable qu'on dirait une sorte de Halford sous morphine. Poussant d'un bout à l'autre dans des aigus sans aucun relief, ni coffre, ni conviction. On s'emmerde ferme en attendant le prochain solo, les seuls passages un poil punchy trouvables à la ronde. Bon aller, on a quelques bons riffs à se mettre sous la dent ("Masquerade" surtout, un peu de "Curse Of The Paraoh") mais la plupart du temps on verse tellement dans le cliché vivant du heavy raté... Que ce soit les refrains pratiquement tous minables, la prévisibilité monstrueuse de toutes les compositions ou la linéarité affolante de l'ensemble au final... Ou un titre final de 9 minutes (avec Ghost Track okay) qui verse dans la n'importe quoi total en enchaînant les soli affreux tout seuls... Oui faut en parler de ces solis tiens. Okay techniquement le gars est en place mais il a un style assez désagréable à l'oreille. L'impression de shredder une Gameboy, m'voyez. Pas glorieux tout ça. Pour le groupe d'un guitariste ça la fou mal. Mais comme signalé plus haut, c'est sûrement ce qu'on peut trouver de plus intéressant dans cet opus, pour vous dire le niveau...

…

C'est en rampant que notre Poisson Sombre sortit alors de son bureau. Le CD encore fumant fut glissé soigneusement sous la porte de son propriétaire, les bruits étranges émanant de la pièce dissuadant de lui remettre en main propre. Puis la chronique au complet remise à Fenryl, dont le grand sourire s'estompa rapidement après lecture. Soupirs, puis reconnaissance de la faute. Voilà ce qui arrive quand on incite un Extrêmeux à écrire sur ce qui est cher aux Trues. Finalement son Goregrind de merde on se le garde, vaut mieux des trucs structurés sur des albums puants que des immondes torchons sous-notant des chefs d’œuvres de Metal avec un grand M. Sans rancunes et toutes mes excuses pour la chronique de merde.

Merci à Tarantula pour l'idée et Jeff Kanji pour l'album. C'est eux les responsables, me tapez pas.