Un beau jour de l'année 2005, un grand nigaud dans le magasin métal de Grenoble contemple un double album posé en évidence. A un prix ultra compétitif, confortablement installé dans un digipack classieux, un dessin excellent laissant entrevoir un album de dark folk, ou de musique atmosphérique ou médiévale à la NENIA C'ALLADHAN… Allez, à ce prix (16 euros en fait), un double album, le grand nigaud, il tente (et c'est pas souvent, que le grand nigaud, il achète les yeux fermés)!

Au final, je me retrouve avec quoi ? Tout sauf ce que j'avais prévu, une galette avant-gardiste déroutante et étrange, une déception au départ, et puis au fil des écoutes, une véritable révélation…

Ainsi, mêlez le côté "hymne féerique" d'un GAE BOLG, le burlesque étrange d'un DANY ELFMAN, la théâtralité parfois excessive d'un SOPOR AETERNUS, quelques électrisations métalliques rappelant la bonne vieille école allemande, des nappes symphoniques ou orchestrales qui nous tenteront bien de classifier SAMSAS TRAUM dans la catégorie du même nom, ou peut être même le metal gothique d'un ILLUMINATE (pour rester en Allemagne…). Pourquoi pas après tout un petit rock à la DIE ARTZE ? La voix s'en rapproche très clairement : même tessiture (bon, à deux trois trucs près hein); même justesse, même naïveté, mêmes excès sensuels un tantinet pompeux (mais n'est ce pas aussi le contraste avec la langue allemande qui me joue des tours). Seule chose qui diverge : une théâtralité beaucoup plus présente chez SAMSAS TRAUM, qui se rapprocherait plutôt de cette petite bête d'Anna Varney (SOPOR AETERNUS).

En plein "Däs Mädchen aus dem Inneren…", je ne peux m'empêcher de dresser un parallèle avec le côté complètement kitsch des génériques de mangas. "Der Junge…", encore pire, surprend par un refrain trop glamour et clinquant pour être attendu au tournant. Mais tout ce qui choque au début finit par s'intégrer au fil des écoutes. Les variations musicales, le style musical, l'instrumentation (des orchestrations imposantes aux guitares acoustiques, claviers oniriques ou piano mélancoliques, et bien sûr, guitares électriques et compagnies) comme les émotions qui nous viennent, tantôt naïves, parfois plus sombres ou triomphales se laissent aller au gré d'une trame conceptuelle qu'en misérable francophone je ne comprends pas. Mais tant pis, je me rattrape sur les quelques illustrations de l'artwork et le caractère foutrement évasif de la musique.

Alexander Kaschte, unique compositeur et musicien officiel du groupe, tourne la louche d'une grande marmite d'influence, entre folk, néo classique, métal orchestral, rock… tout en préservant une unité véritable.
Un album fabuleux bourré de fantaisies, mêlant la naïveté d'un conte de fée, l'entrain d'une quête épique belliciste et certainement bien tordue et peut-être bien aussi une mélancolie à la fois romanesque et curieusement sombre. Plus emphatique qu'autre chose, n'ayant pas peur de basculer dans l'excès, a.Ura jongle avec les genres, s'amuse avec les clichés, saute de la facilité au perfectionnisme, de la légèreté au cynisme, dessine de jolis et rayonnants arcs-en-ciel comme les lourdes nuits orageuses, dans un monde tout simplement…particulier!

Pas de toute, l'école Allemande compte 'encore' un nouveau génie !