Enfin du Raw Black DARKTHRONE-ien comme on en redemande les soirs de pleine lune, lorsque le sang aux lèvres, il est de bon ton de s’enfoncer dans l’univers de la nuit. Baignée par les étoiles et des saccades de vent, la virée avec NATHAIR va se faire à deux roues, je vous prie, et de manière bien pétaradante. Cheveux au vent et masques blafards de circonstance pour s’accorder aux créatures nocturnes et épouser leur instinct de prédation, le volume d’une enceinte crachotant un Black Metal sale et effrayant, Sárkány et Alastair, le duo américain composant NATHAIR, va vous conduire sur des routes désertes jusqu’à ce que l’aube se pointe. De quoi fendre l’air et aller goûter la nuit, le long des virages serpentant et traversant d’inquiétantes forêts.

Ce jeune groupe américain, provenant de Californie, mêle son image et son imaginaire au travers d’un Black Metal cru et bien vampirisé, avec une atmosphère bien salace, mais mélodiquement bien instruite, je vous prie. Les vocaux bien acérés sont impeccables pour ce style de Black Metal. Ils ne vocifèrent pas tant que cela mais ont ce dosage suprêmement inquiétant qui organise le chaos pour en affirmer le dessein belliqueux et nihiliste. Car, du reste, les riffs débordent d’une énergie bien fulmineuse. NATHAIR nous envoie à la face de sacrées compositions qui comportent de très beaux leads ainsi que quelques solos bien sentis ("To Ignore The Rule Of The Iron Sceptre"). Et cela se confirme tout du long de ce premier album éponyme, sobre, sans fioritures et vélocement féroce.

Les premiers titres, volontiers accrocheurs, vont de suite vous étonner. Les premières secondes de "Rider Of The Darkest Night" vont vous attraper les neurones avec ce démarrage en trombe et ce riffing incandescent. Même si les atmosphères diffèrent, je retrouve quelques éléments URFAUST-iens, notamment dans cette batterie sans artifices et bien hypnotique. Les titres suivants vont aussi avoir cette âme noire, bien maléfique et lugubre. Je pense tout particulièrement à "Wander White Hills" et "Blaze Of Spite". Et comble du bonheur, nous aurons aussi droit à une outro très Black Sympho des 90's, et une piste à la guitare acoustique très Folk et donc un brin Americana, "Retrograde".

L’album s’essouffle un peu dans ses derniers titres avec une redondance qui se fait ressentir. Mais notre duo californien a produit un album de Raw Black Metal comme l’on aime à entendre. Son visuel de bikers, sa pochette magnétique et l’ambiance bien particulière de l’album méritent que l’on s’y attarde. Inconnu au bataillon jusqu’alors, NATHAIR investit les rangs des groupes de Raw à surveiller. Nul besoin de promo, le groupe a tout fait lui-même, y compris pour la production et l’enregistrement de l’album. Et ce son puissant mais bien cru fonctionne à merveille. Alors oui, il y a un côté DARKTHRONE des albums des 90s, mais le groupe y puise le matériel suffisant pour construire son identité sonore et nous faire chevaucher des bécanes, roulant à toute berzingue, sur les routes sinistres, sous le regard étrange de la Lune.

Note réelle : 3,5/5.