BLAZEMTH nous est revenu il y a peu car son deuxième album est sorti aux dernières aurores de 2024. S’il ne m’a pas comblé totalement, il a eu davantage le mérite de faire sortir du bois un EP très intéressant sorti il y a un bail et qui a toute sa place au sein de la série des Oubliés du Black Metal des 90s que je vous concocte. Un mot encore de présentation du groupe, BLAZEMTH est avant tout à l’époque un duo espagnol formé par Volkhaar et Erlick I De Catalunya qui signent toutes les compositions.

"Fatherland" est le deuxième EP mais aussi le plus abouti en termes de son et d’inspiration. Bien dans le jus de l’époque, les vingt minutes de Black Metal sortent néanmoins de la mélasse par une très belle mélodicité et des touches atmosphériques prononcées et fort bien intégrées. De fait "Fatherland" est singulier. Les riffs sont tout bonnement excellents, les plages de claviers sont aussi à noter car elles délivrent de belles émotions, sans jamais trop investir le champ sonore mais en restant un peu en suspens aux aguets en arrière-plan. BLAZEMTH ne blaste jamais à outrance mais son agressivité est de taille. J’ai souvent pensé au SETHERIAL de l’époque à l’écoute de ce "Fatherland" tant une férocité volontiers pugnace paraît étreindre le jeu des Espagnols. Mais je pourrais aussi indiquer aussi que ces lignes mélodiques d’une grande beauté ressemblent à d’autres du "Landscape Symphonies" que les Allemands de MEPHISTOPHELES avait su si bien proposer.

L’alternance entre vociférations bien appuyées et quelques voix claires sporadiques produisent aussi leur petit effet et produisent une ambiance parfois épique à certains passages comme sur la fin du titre éponyme sacrément bien troussée. Et puis il y a des moments sublimes aussi dans cet EP. Écoutez moi les deux dernières minutes du titre "For Centuries Left Behind" je vous prie et entendez ce riffing superbe produisant quelques instants de grâce. Les nappes de claviers aussi du titre "Fatherland" se doivent d’être écoutées… comment ne pas être transporté par leurs motifs émouvants et leur appoint à faire travailler l’imaginaire. Et je dirais aussi la même chose pour le titre qui fait office de conclusion "The Winter Ashes - Opus I", qui avec son abord mélancolique nous transporte sur une terre de bataille désolée de la mère patrie et peuplée d’êtres agonisants auparavant ennemis mais aujourd’hui unis et suspendus aux seules volontés du destin.

En proposant vint minutes de Black Metal aussi saisissantes, BLAZEMTH nous offre un EP exceptionnel qui aurait dû augurer un avenir radieux. Pourtant le groupe va se séparer et réapparaître vingt ans plus tard avec une fougue disons… Différente. En 1996, les Espagnols avaient la vie devant eux et savaient sans doute qu’ils vivaient leurs plus belles heures. Amis à l’époque d’autres grands noms de la scène scandinave (EMPEROR, BURZUM, IMMORTAL) avec lesquels ils conversaient et échangeaient de manière épistolaire sur différents sujets, BLAZEMTH en sortant ce "Fatherland" avait de quoi parader. 1996 fut une foutue belle année pour le Black Metal d’une manière générale mais elle a aussi enterré ou englouti quelques trésors dont bien évidemment celui de BLAZEMTH que je vous demande d’écouter.