Selon l’expression consacrée, il est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde, mais doit-on aussi se délecter de choses infâmes pour sortir de sa zone de confort et quitter ses pénates ? Pas sûr, surtout si le jeu n’en vaut pas la chandelle… Et c’est là que NEBULA ORIONIS prend la lumière et s’invite à cette chronique. Le Black Metal est une hydre de Lerne, mais chacune de ses têtes n’est pas toujours si horrifique que cela. Pour ceux qui veulent en savoir plus, disons que NEBULA ORIONIS est un One-man-band russe actif depuis une dizaine d’années et né du temps de la splendeur de la vague Post qui inonda le Black Metal avec plus ou moins d’écueils. Vous savez les cosmico-MESARTHIM avec leurs titres d’albums osés et sacrément espiègles (du moins espérons-le), ou bien LUSTRE avec des premières œuvres pas si nuisibles que cela ("A Glimpse Of Glory" était pas si mal, il est vrai), ELDAMAR, NORD FROST et Cie…

Forcément il y a à boire et à manger dans la discographie de chacun, et NEBULA ORIONIS n’échappe pas à cette règle. M42 (en référence à la classification des objets célestes faite par Messier) a produit pas moins de dix albums depuis 2013 et quasiment autant d’EP. Il ne chôme pas, continue sur sa lancée et fait feu de tout bois pour aller de l’avant, malgré des critiques rarement tendres concernant ses œuvres. Maintenant que les présentations sont faites que dire sur ce "The Long Path To Nowhere" ? Si vous appréciez le carillon à vent mais en bambou s’il vous plaît, les chansons de variété des 80's rose-bonbons, les bulles sonores de chewing-gum qui éclatent délicatement en caressant sexuellement le vent, les mélodies new-age pour curistes en thalasso et les mélopées contemplatives magnifiées la main dans le caleçon, NEBULA ORIONIS est fait pour vous. Si de plus vous avez apprécié le dernier LABYRINTH STELLARIUM, n’en jetez-plus ou plutôt jetez-vous sur cet album et jetez-vous par la même, cela me ferait peut-être reconsidérer positivement cette sortie.

Maintenant pour rester moins cynique - l’espace d’un instant – sachez que les claviers sont omnipotents et pointent plutôt vers le ciel bleu qu’en direction de la lugubrité des ténèbres. La guitare est mixée très loin dans le fond sonore afin de ne pas trop saloper le travail tantrique du synthétiseur. Le chant de M42 est rare mais s’exprime dans un scream doux voir chuchoté. Les rythmes ne sont jamais blastés. Ils restent enjoués et sont idéaux pour entamer la gigue ou plutôt une transe secrète à la limite de la Tektonik. Il fut un temps où j’aurai juste souri, mais l’aigreur gagnant parfois sa place les années passant, je suis un peu exaspéré que l’on rattache le Black Metal avec ce genre de tartes à la crème. Sans doute plaira-t-il aux plus gentillets et ouverts Black métalleux, aux Pokemon des temps modernes ou aux amoureux de l’amour. Allez tous vous faire aimer par NEBULA ORIONIS, tiens !

Mais très peu pour moi, c’est beaucoup trop doux. Comme lorsque j’avais lâché ma grappe en écoutant les autres disques post-"A Glimpse Of Glory" de LUSTRE ou ceux de MESARTHIM après l’album de 2016, ".- - . . . . . . . -. - . - . .", je préfère éconduire mes anciennes écoutes trop fastidieuses de la discographie de NEBULA ORIONIS. J’aime beaucoup les objets célestes mais je vais plutôt me tâter les parties en mirant avec admiration les derniers clichés de la nébuleuse d’Orion qui nous parviennent du télescope James Webb, et qui sont belles à tomber, dieu merci.