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METAL PROG / ALTERNATIF  |  STUDIO

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- Membre : Dream Theater, James Labrie

FRAMESHIFT - An Absence Of Empathy (2005)
Par FREDIAN le 7 Janvier 2024          Consultée 448 fois

Henning Pauly était plutôt du genre hyperactif durant les 00s. CHAIN, FRAMESHIFT et ses premiers albums solo, le diplômé du célèbre Berklee College of Music de Boston (d'où sont issus les membres fondateurs de DREAM THEATER) enchaînait les projets. Pour ce second album, il s'adjoint les services de la Rock Star Sebastian Bach (ex-SKID ROW). Après James Labrie sur le premier opus, c'est donc un autre Canadien qu'il met à l'honneur. Et quels honneurs ! Henning a écrit cet album pour le faire briller. Le grand blond au blouson noir y délivre une performance ma-ju-scule. Un peu moins d'exubérance qu'avec SKID ROW mais une maestria et une justesse bluffante qui portent véritablement le disque.

"Unweaving The Rainbow" proposait un Rock Prog 2.0. "An Absence Of Empathy" s'oriente vers un Metal Prog au socle Alternatif qui n'hésite pas à incorporer touches électro et arrangements "symphoniques" tout en gardant l'accroche mélodique comme fil conducteur. Henning s'occupe de presque tout (excepté la batterie et donc le chant principal). Il a conçu, composé, arrangé, orchestré, programmé, mixé et masterisé cet album. Dès l'opener on sent la tournure plus lourde et plus sombre avec un riffing plus agressif. Le mariage Groove/Alt, touches électro et claviers omniprésents mais pas envahissants fonctionne et, à ce titre, "Just One More" et sa construction en loop à la TOOL est un hit en puissance. Mais là où Henning se démarque c'est sur la qualité de ses soli : toujours mélodiques, pertinents et plein de feeling, ils viennent aérer, contraster ou redynamiser les morceaux. En bref ils sont une vraie plus-value.

La grande réussite de l'album c'est son côté fédérateur (e.g. les refrains sont imparables bien que parfois trop répétés). Le soin apporté aux lignes et harmonies vocales est très appréciable. Chant en canon (comme dans "Chain.exe") sur le nuancé "I Killed You" et, fort d'un véritable ensemble choral, chœurs puissants ("Miseducation", "Push The Button", "Blade") apportent un relief supplémentaire. En termes d'écriture, je ressors les deux morceaux-fleuves. "I Killed You", qui varie les tempi et les mélodies, commence comme une ballade puis complexifie sa trame et ses harmonies jusqu'au fameux canon de toute beauté. Utilisation habile de l'Hammond, feeling à fleur de peau sur les soli et chant magistral : du grand art ! "Blade" marie le symphonique à son Alt Metal pour un titre tentaculaire et cinématique de haute volée (il relate un combat ancestral épique pour défendre le village et l'honneur et la fierté du clan : et franchement, on le voit le film !).

Cependant, l'album est long et tend à s’essouffler. Le final est légèrement en-deçà. "How Long Can I Resist" et "When I Look Into My Eyes" ne sont pas mauvais mais, dans cette veine Alt Prog, sont moins percutants que les premiers morceaux, et du coup les 74 minutes de l'album se font sentir. Plus gênant encore, un certain ventre mou s'installe en milieu de disque. Si "Push The Button" est sauvé par son refrain catchy et ses chœurs, "In An Empty Room" malgré son chant remarquable est une ballade plutôt anecdotique et "Outcast" et son chant presque Fusion couplé à une trame mélodique AOR est un peu incongru. Le projet était peut être trop ambitieux.

Car s'il ne s'agit pas per se d'un concept album, il tourne néanmoins autour d'un thème central : la violence. Le livret et l'artwork citent d'ailleurs Isaac Asimov, "la violence est le dernier refuge des incompétents". L'idée, à la fois originale et bancale, est d'explorer diverses formes de violence sous plusieurs angles (agresseur/victime, contextes différents) par procuration. Soit les rêves d'un homme tellement assailli par la glorification de la violence dans les médias qu'il cherche à en comprendre les origines ("Human Grain"). Sont ainsi abordés le meurtre ("Just One More"/"I Killed You"), la violence à l'école ("Miseducation" / "Outcast"), la torture ("This Is Gonna Hurt" / "When I Look Into My Eyes"), la guerre ("Push The Button" / "Blade") et le viol ("In An Empty Room" / "How Long Can I Resist"). L'album conclut, en écho au premier titre ("What Kind Of Animal [Human Grain - Part II]"), que si la violence est enracinée en nous, ses mécanismes déclencheurs résident dans l'enfance. La seule solution pour la contrôler consiste donc à transmettre une éducation équilibrée à nos enfants afin qu'ils deviennent des adultes responsables et pleins d'empathie.

OK. C'est tout aussi réaliste que maladroitement traité. Le parti-pris aurait pu être plus original, à l'image de la double perspective abordée pour chaque forme de violence. La banalisation de la violence dans les médias et ses effets (e.g. reproduction par accoutumance) aurait pu être développée ; c'était, par exemple, un des thèmes forts du "Bowling For Columbine" de Michael Moore, sorti quelques années plus tôt. Musicalement, si la correspondance des atmosphères est plutôt bien pensée (e.g. jolie ballade tout en douceur et finesse au moment de conclure et s'adresser à son bébé, "What Kind Of Animal" ; intimiste lorsqu'une mère dialogue avec sa fille violée, "In An Empty Room" ; agressif et presque sadique dans ce chant déclamatoire répété, l'explicite "This Is Gonna Hurt" ; les nuances de "I Killed You" qui traduisent l'esprit troublé et schizophrénique du mari trompé devenu tueur impulsif ; "Blade" et sa cinématique), il est dommage de ne pas avoir lié les diptyques entre eux par un thème récurrent, une reprise de riff ou une mélodie marquante. Seules quelques évocations légères sont perceptibles (e.g. ces claviers rétros qui accompagnent les riffs principaux de "Miseducation" et "Outcast", les mélodies vocales proches des refrains de "This Is Gonna Hurt" et "When I Look Into My Eyes").

Pour conclure, si je salue l'ambition du projet et la perf' de Sebastian Bach, je regrette son manque d'aboutissement thématique et musical. Le disque est long et quelques répétitions l'alourdissent. Il n'en reste pas moins une proposition intéressante. Un Metal Prog moderne (en 2005) qui s'affranchissait des parrains du genre alors au top de leur carrière.

Note réelle : 3,5/5.

Le hit : "Just One More".
Meilleurs titres : "I Killed You", "Blade".
La jolie ballade : "What Kind Of Animal".

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   FREDIAN

 
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- Henning Pauly (guitare, basse, banjo, warr, clavier, percussions)
- Sebastian Bach (chant, chœurs sur 3,6,9)
- Eddie Marvin (batterie)
- --
- Jody Ashworth (voix basse sur 4, chœurs sur 3,6,9)
- Matt Cash (chœurs sur 3 6,9)
- Adam Evers (chœurs sur 3,6,9)
- Michael Sadler (chœurs sur 3,6)
- Gwen Sadler (chœurs sur 3,6)
- Greck Cannon (chœurs sur 3,6)
- Jesse Dutton (chœurs sur 3,6)
- Shawn Gordon (chœurs sur 3,6)
- Michael Donlon (chœurs sur 3,6)
- Henning Pauly (chœurs sur 9)


1. Human Grain [an Absence Of Empathy]
2. Just One More [murder I - Serial Killer]
3. Miseducation [violence In Schools I - The Teacher]
4. I Killed You [murder Ii - Impulse Killer]
5. This Is Gonna Hurt [torture I - Torturing]
6. Push The Button [war I - Modern War / Impersonal]
7. In An Empty Room [rape I - The Victim]
8. Outcast [violence In Schools Ii - School Shooting]
9. Blade [war Ii - Historical War / Personal]
10. How Long Can I Resist [rape Ii - The Assailant]
11. When I Look Into My Eyes [torture Ii - Being Tortu
12. What Kind Of Animal [human Grain - Part Ii]



             



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