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2022 Ashes & Bones
 

- Membre : Grave Digger, Stratovarius, Running Wild, Mystic Prophecy, Axel Rudi Pell

DEVIL'S TRAIN - Ashes & Bones (2022)
Par GEGERS le 17 Juillet 2022          Consultée 1381 fois

De quelle manière la musique est-elle circonstancielle à son espace de création ? Peut-on chanter les grands espaces américains lorsqu'on a grandi loin de la Sun Belt ? Peut-on correctement pratiquer la musique des champs de coton lorsque son environnement immédiat est constitué de fjords et de forêts sombres ? La construction d'une identité musicale peut-elle être complètement déconnectée géographiquement de l'univers dont elle s'inspire ? Nous serions tentés de dire oui, tant les exemples sont légion. Mais s'agit-il alors dans ce cas d'une identité authentique, de véritables ramifications issues de racines solides, où s'agit-il de gimmicks et postures basés sur des clichés éventés ? En résumé, DEVIL'S STRAIN, profondément ancré dans son Europe natale, peut-il mieux sonner que LYNYRD SKYNYRD dont il s'inspire ostensiblement ? La réponse est oui.

DEVIL'S TRAIN n'est pas un nouveau venu sur la scène Hard Rock "bluesy", et les noms qui composent le groupe vont certainement vous sembler familiers. Sur ses deux premiers albums, publiés en 2012 et 2012, la formation est bâtie autour du chanteur de MYSTIC PROPHECY, R.D. Liapakis, et du cogneur Jörg Michael, dont le nom sonne doux aux oreilles des amateurs de la musique de STRATOVARIUS, RUNNING WILD ou Axel Rudi PELL. Rajoutez au duo deux camarades de jeu venus de la chaleur grecque (le guitariste lead Lakis Ragazas) et du froid finlandais (Jari Kainulainen) pour constituer un quartette cosmopolite dont le propos musical se place quelque part entre le Kentucky de BLACK STONE CHERRY, la Floride de LYNYRD SKYNYRD et de MOLLY HATCHET, ou encore la Californie de BLACK LABEL SOCIETY. Une musique faite de légendes humides et accablées de chaleur, entre le bayou et les cactus.

"Ashes & Bones", qui marque la fin d'une pause de sept longues années, voit DEVIL'S TRAIN revenir avec un line-up remanié, le bassiste Jens Becker (GRAVE DIGGER) et le guitariste Dan Baune (MONUMENT) participant à constituer une formation désormais 100% germanique dans les corps, 100% américaine dans les cœurs. La structure musicale bénéficie néanmoins de cette bien réelle rigueur allemande, puisque ce troisième album de DEVIL'S TRAIN est carré comme sa pochette. Rien ne dépasse de l'espace construit par la batterie puissante de Jörg Michael, que ce soit les envolées de guitare, cintrées même dans leur flamboyance, ce qui ne les empêche pas d'être brillantes, jusqu'à la remarquable prestation vocale de R.D. Liapakis (à ranger juste à côté de la catégorie des "chanteurs ayant bouffé du gravier", mais pas loin), riche et séduisante.

Les compositions restent ancrées dans un Hard Rock, souvent mid-tempo, parfois lancinant mais sans pour autant devenir paresseux. Pour vous situer, prenez donc pour exemple le morceau "Still Unbroken" de LYNYRD SKYNYRD. Voici, à quelques détails près, le manifeste de DEVIL'S TRAIN. Forcément, pour que la méthode fonctionne sur 45 minutes, le groupe se doit d'égrener ses cartouches au compte-goutte, et ne pas balancer toute la sauce d'un coup. Ainsi, se voient savamment disséminés sur l'album les ambiances Sleaze de "Girl Of South Dakota", la force mélodique incroyable de "Rock'N'Roll Voodoo Child" (si vous n'en écoutez qu'un, choisissez celui-ci), le chaos maîtrisé de "Ashes & Bones" (qui démontre la capacité du groupe à faire monter la sauce !), voire une espièglerie que l'on aurait peu soupçonné de prime abord, en atteste cette excellente reprise de "Word Up", titre du groupe R'n'b / Funk CAMEO transformé ici pour devenir un sautillant brûlot Hard Rock.

L'influence américaine se retrouve ici sur quelques morceaux volontairement plus efficaces (le riff de "More" n'aurait pas déplu à AEROSMITH), ainsi que sur l'utilisation parcimonieuse mais bien sentie de guitares acoustiques ou d'un harmonica discret. les paroles sont sans aucun doute le point faible de l'album, balayant en série tous les clichés liés aux états du sud des États-Unis : Il y a ici du sexe humide, un diable qui se balade sur tous les carrefours du secteur pour acheter l'âme des musiciens en manque de talent, des flingues et un soupçon de magie noire. Mais l'interprétation, plus subtile que l'impression que cette chronique pourrait vous laisser, nous permet de nous accommoder largement de cette légère faiblesse, qui entame à peine la franche réussite qu'est cet album percutant et puissant, qui démontre que, de part et d'autre de l'Atlantique, la science du refrain et la qualité d'interprétation n'ont décidément pas besoin de papiers pour faire valoir leurs droits. Un album dont la durée de vie reste à valider, mais dont l'efficacité redoutable, doublée d'une virtuosité de bon aloi, ne saurait être mise en cause.

3,5/5 arrondi à 4 pour le plaisir d'entendre le désormais trop rare Jörg Michael cogner sur son kit.

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   GEGERS

 
  N/A



- R.d. Liapakis (chant)
- Dan Baune (guitare)
- Jens Becker (basse)
- Jörg Michael (batterie)


1. The Devil & The Blues
2. Girl Of South Dakota
3. Rising On Fire
4. You Promised Me Love
5. Ashes & Bones
6. More
7. In The Heat Of The Night
8. Smell Sex Tonight
9. Rock N' Roll Voodoo Child
10. Hold The Line
11. Man With A Gun
12. Word Up



             



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