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2016 C'Est La Fin
 

- Membre : Auroch

OCÉAN - C'est La Fin (2016)
Par CITIZEN le 26 Juin 2021          Consultée 970 fois

Les reformations, comme dirait un chanteur relevant plutôt de la juridiction de Forces Parallèles du fait de son désamour pour les doubles grosses caisses, y en a des biens ; je spécifierais que l'une des conditions pour un retour réussi est de quand même pas trop traîner parce qu'après environ trente-cinq ans de cessation d'activité, vous commencez à vous placer plus trop dans le créneau des bonnes surprises qu'on attendait plus mais plutôt dans celui des combos dont le public commence à décliner d'année en année et que plus personne ne risque d'attendre.

Trente-cinq ans après sa période d'activité (si l'on exclut un single infâme en 86), ça fait vraiment un bail. OCÉAN, précurseur du Heavy en France et l'un des rares à avoir approché de près le succès, à la manière d'un ANGEL WITCH français : même scénario d’une maison de disque hésitant entre deux combos, l'un devenant un classique et l'autre un groupe culte, très culte même, mais fort éclipsé par la génération suivante. La masse des troupes de Heavy français n’avait pas commencé à s’ébranler au début de la carrière d’OCÉAN (alors comme groupe de Prog), deux albums plus tard OCÉAN est ringardisé par une nouvelle vague qui a repris à son compte une esthétique Heavy Metal qui était tout bonnement étrangère à la génération d'OCÉAN. D'où un groupe extrêmement talentueux mais peu remis au goût du jour. L'album de retour d'un tel groupe n'est donc définitivement pas un bon point d'entrée, mais j'avoue que je n'ai jamais pris le temps de rédiger quoi que ce soit sur leurs albums des années 70/80, mea culpa. Cela dit, en 2012 je vous en parlais au Mennecy Metal Fest, où ils partageaient l'affiche avec VULCAIN : deux cadors, deux visions différentes d'un Hard Rock/Heavy Metal burné (avant que le programmateur de ce fest pète un plomb et fasse des affiches tout-venant absolument sans cohérence).

Entre temps, le groupe a perdu son chanteur, Robert Belmonte, figure charismatique, et la reformation se fait donc derrière Georges Bodossian, guitariste fondateur, figure plus discrète qui avait déjà su faire d'OCÉAN un monstre du Prog le temps d'un album puis le transformer en un monstre du Hard Rock au tout début des années 1980 ; a-t-il su gérer une deuxième transformation, celle du difficile passage au statut de mammouth dont le retour s'inscrit dans un environnement où il va relever davantage de l'artefact culturel que du groupe pertinent et batailleur qu'il était dans ses heures de gloire ?

Ne vous laissez pas influencer par le manque d’enthousiasme assez général autour de cet album - après tout, cette chro sort longtemps après la bataille et pour cause, je comptais même pas m’écouter "C’est La Fin" (un peu comme pour le dernier DER KAISER quoi, sauf que lui a eu encore moins de chros, je veux dire j’adore DER KAISER mais bon le retour de DER KAISER quoi). Amateurs du côté chanteur de variété qui se la donne en mode Hard Rock après un coup de cafard ou une soirée arrosée, vous ne serez en tout cas pas déçus, le groupe ne doit même pas se douter que l’évolution bizarre du Hard fait qu’un texte parlant de l’un de ses albums puisse coexister sur un site traitant à 99% de groupes parlant zombies, panzers et princesses. Ils ont même le mauvais goût de faire un jeu de mots sur "liberté, égalité, fraternité" - les groupes de boomers ont une certaine obsession pour cette devise mais n'ont pas compris que jamais JAMAIS la détourner dans le contexte d’une chanson de Hard ne vous donnera l'air malin, cf TITAN qui a joué sur scène une nouvelle chanson dont le refrain était également basé là-dessus (je me rappelle plus quel était l’air ni ce que ça racontait précisément mais c’était nul), bref rien de mieux pour vous montrer qu'un groupe a largement troqué la verve de la jeunesse pour des formules empruntées.

Y a donc un décalage culturel plutôt fort, c’est certain ; j’en parle maintenant parce que c’est marrant mais aussi parce qu’à part ça, j’ai surtout des éloges à faire sur cet album. En fait, ça rock toujours comme il faut, et le groupe remplit toute les cases en ce qui concerne l’énergie, l’envie, les idées et le talent. Évidemment, on n’y trouve pas de titres agressifs comme "Dégage", "On Se Rock De Moi", "Mort De Rire" ; ces morceaux se détachaient du lot par nature mais n’ont jamais fait tout le sel d’OCÉAN et le groupe n’a aucune difficulté à aligner des titres dont la créativité rivalise avec ceux de leur période Hard ("Océan I" et "Océan II" donc).

On y trouve juste la dose de modernité qui va bien, avec parfois des riffs qui sonnent ORANGE GOBLIN, c’est dire à quel point c’est du solide niveau production et à quel point l’ensemble est libéré de toute tentation d’adopter exactement le même son et les mêmes maniérismes histoire de se mettre dans la poche les vieux fans. Rien de trop outrancier cela dit, simplement une démarche qui sied à merveille aux bourrasques d’énergie qui restent le dénominateur commun des compositions d’OCÉAN, et avec des morceaux Boogie avec harmonica tels que "Instinct Animal" on ne pourra pas accuser le groupe d’essayer de s’approprier des codes trop modernes ! Si on ne peut que se féliciter de voir le groupe atteindre une nouvelle fois ces mêmes niveaux d’énergie, on est également agréablement surpris de les voir élaborer quelques titres où ils se laissent clairement emporter par leur verve ("Fidèle À Son Nom" avec un long passage bluesy planant qui voit le guitariste se perdre, totalement absorbé dans son jeu, un morceau excellentissime). Vous l’aurez compris, l’album ne s’écoute pas comme un "Océan I" ou "II" (argh, peuvent pas faire des vrais titres d’albums comme tout le monde ?), et ce sont immanquablement les morceaux les plus digressifs et les plus rêveurs qui sortent du lot, signe que l’âge leur va bien !

Comme j’ai tendance à bouder mon plaisir tant qu’il n’est pas absolu je vais juste remarquer (mais vite fait comme ça les moins attentifs vont le rater) que les paroles sont quand même largement moins jouissives à hurler en chœur que celles des vieux albums, et qu’elles ont parfois tendance à rester en tête pour les mauvaises raisons ("tu n’penses qu’à ta gueuuuuuule"), mais bon : c’est normal qu’il y ait un peu moins d’entrain de ce côté-là, et même à son pire c’est tout de même suprêmement moins cringe que ce que fait la reformation basée à Cergy des Fils du Metal (qui pour le coup sont devenus les has-been du Metal les plus cliché qui soient). Après, c’est du Heavy français, la démarcation entre paroles cringe et paroles cool est extrêmement ténue et il n’y a pas de critère magique pour les départager, ici ça tape un peu dans les deux. Le nouveau chanteur quant à lui a peut-être aussi plus de maniérismes et contraste sévèrement avec l’aspect mauvais garçon de Robert Belmonte dans la fougue de la jeunesse, mais en parallèle les compos sont peut-être aussi un peu moins propices à la rage, et lorsque le texte qu’on lui donne lui en fournit l’occasion, son interprétation peut se faire absolument passionnée ("Fidèle À Son Nom", encore). De manière générale, les thématiques explorées deviennent de plus en plus personnelles et cohérentes à mesure que l’album avance, avec une impression que les trois premiers titres sont surtout là pour se chauffer, mais avec le corollaire que l’album tape presque systématiquement juste à partir de la moitié environ, d’autant plus que le groupe est ici au sommet de son art dans les titres les plus étoffés et les plus mélancoliques.

Décomplexé et mature, cet album renforce le catalogue d’OCÉAN en ne cédant ni à une nostalgie facile ni à une modernité peu inspirée. Les dernières aventures du groupe auparavant étant un single de Pop sorti après un premier split du groupe, ce retour permet de boucler la boucle avec des titres plus raccord avec les classiques de 1980 et 1981, tout en élargissant un peu la palette de Georges Bodossian.

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- Georges Bodossian (guitare, chant)
- Stef Reb (chant)
- Alain Gouillard (batterie)
- Noel Alberola (basse)


1. La Haine
2. Désillusions
3. Tu N'p'enses Qu'à Ta Gueule
4. Fidèle à Son Nom
5. Rouge Lézard
6. T'as Rien Trouvé
7. Instinct Animal
8. Je Crois Que Tu Aimes ça
9. La Mort Rôde Autour De Nous
10. C'est La Fin



             



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