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2020 No Wilderness Deep Enough
 

- Membre : Neurosis

Steve VON TILL - No Wilderness Deep Enough (2020)
Par NEURO6 le 3 Décembre 2020          Consultée 1382 fois

Steve Von Till est un animal singulier de la scène Metal nord-américaine. Second chanteur de NEUROSIS – groupe qu’il a rejoint en 1989 – il mène parallèlement une prolifique carrière solo, en son nom ("No Wilderness Deep Enough" est son cinquième album) et à travers son projet HARVESTMAN (quatre albums produits), avec lequel il a notamment produit de la musique de film.
Avec ses potes de NEUROSIS, il contribue au Metal d’avant-garde depuis plus de trois décennies en explorant les tréfonds du genre, échappant aux cases dans lesquelles on souhaiterait les enfermer. Mais si leur démarche artistique est remarquable, car profondément collective, elle laisse de ce fait peu de place à l’individualité. C’est pourquoi la plupart des membres s’inscrit dans divers projets parallèles (Jason Roeder est aussi le batteur de SLEEP depuis leur reformation) ou bien se lance dans une carrière solo. C’est le cas du chanteur-fondateur Scott Kelly. Et donc de Steve Von Till.

Cette démarche solo est pour lui l’occasion d’exprimer ses explorations méditatives très personnelles, sincères et touchantes, à travers la musique mais aussi l’écriture et l’art graphique. Jusqu’ici, Steve Von Till nous avait habitué à deux registres musicaux comme auteur-compositeur-interprète : d’une part, le Folk sombre et dépressif des albums produits en son nom, ce qui fut lancé avec "As The Crow Flies" (2000), puisant dans un répertoire américain traditionnel ; d’autre part, les approches plus expérimentales et instrumentales qu’il réalise avec HARVESTMAN, entre psychédélisme et musiques électroniques. Des disques solo qui contrastent avec le son lourd et avant-gardiste de NEUROSIS.

La surprise était donc de taille lorsqu’à l’été 2020, les fans ont prêté attention à sa dernière sortie, "No Wilderness Deep Enough", publiée chez le label qu’il gère, Neurot Recordings. D’abord parce que l’album a paru accompagné de son tout premier livre, un recueil de poèmes ("Harvestman: 23 Untitled Poems And Collected Lyrics"). Aussi, parce que ce nouvel opus est marqué par la mise en retrait de la guitare acoustique au profit d’instruments classiques ou analogiques. Il fait la part belle au cor d’harmonie, au piano, au violoncelle ou encore au mellotron, le tout porté par des nappes de synthé. Le premier titre nous transporte immédiatement dans son univers. "Dreams Of Trees" s’impose d’entrée de jeu comme un très beau morceau, où la voix rauque de Von Till se mêle parfaitement avec le violoncelle et le cor. La chanson passée, nous voilà déjà plongés dans un océan de mélancolie.
Le caractère évocateur de cet album est assez subtil. Steve Von Till se met à nu, entre spiritisme et existentialisme. Il serait superflu de décortiquer les titres un à un. Il faut s’abandonner dans les bras tatoués du barbu, près d’un feu de camp crépitant, pour saisir toute la poésie de cet album personnel et introspectif. En effet, la poésie se cache partout dans les six titres, comme sur le très touchant et minimaliste "Indifferent Eyes", morceau qui a fait l’objet d’un fort beau vidéoclip.

Pour mieux être immergé dans son imaginaire, il faut connaître le contexte de la réalisation de cet album, né dans le nord de l’Allemagne. Rendant visite aux parents de sa femme, dont la famille réside ici depuis plus de cinq siècles, cultivant la terre, le Californien dit avoir été marqué par ce lourd enracinement. Passant du temps à jouer sur le piano, il a commencé à ajouter à ses mélodies simples et sombres quelques notes de cor et de mellotron, des orchestrations telles qu’on les entend sur "The Old Straight Track". De retour dans son studio, il a bricolé ces enregistrements, ajouté du synthé, pour se rendre compte qu’il tenait quelque chose de singulier, différent de ses productions précédentes. Si le disque aurait pu être un album instrumental, Randall Dunn - un ami ingénieur du son qui fut chargé de l’enregistrement et du mixage - l’en a dissuadé, le défiant de poser sur cette musique des lignes de chant. Randall Dunn a également marqué de sa patte ce nouvel album, au son plus éthéré, comme sur "Trail The Silent Hours".

La pochette constitue quant à elle une œuvre coproduite avec son ami Orion Landau, accessoirement graphiste (il travaille aussi avec YOB, pour qui il a produit la pochette du dernier album "Our Raw Heart"). À l’origine, il s’agit d’une photographie prise par Steve Von Till lors d’une tournée de NEUROSIS de passage en Islande. Depuis le Helgafell, petite colline située au nord de la péninsule du Snæfellsnes, il a pris un cliché de la baie, capturant les méandres serpentant vers le Breiðafjörður. La forme du cours d’eau rappelle celle d’une créature mythique, tel le Jörmungand de la mythologie nordique. Orion Landau s’est servi de cette photo pour produire ce visuel psychédélique. Sa puissance énigmatique colle avec succès à l’atmosphère de l’album, où le naturalisme côtoie le fatalisme, en particulier "Shadow On The Run" porté par un drone contemplatif.
L’album dépeint un paysage sonore méditatif, dramatique et froid. Les paroles, que l’on découvre dans le livret mais aussi dans le recueil de poèmes, sont très métaphoriques, se limitant parfois à de simples mantras, comme sur "The Old Straight Track". Von Till y explore l’incertitude croissante qui caractérise le monde contemporain. C’est une porte d’entrée dans son monde, lui qui a choisi de quitter la ville depuis deux décennies pour exercer humblement le métier d'enseignant en école primaire, dans un comté rural et boisé du nord de l’Idaho (à Cœur D'Alene, où le label Neurot Recordings est installé). Il y transmet le flambeau du savoir aux générations futures, au contact de la nature. Comme d'autres collègues de NEUROSIS, il a fait ce choix - celui de ne pas vivre exclusivement de sa musique - afin de garder son art pur, de ne pas compromettre son éthique par une recherche du profit, tout en garantissant de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. C’est ce qui explique la rareté des tournées du groupe et de ses membres.

Les six titres (37 minutes) passent comme un songe vécu de manière semi-éveillée, entre introspection et envolées triomphantes. On perçoit là la volonté de Von Till d’expérimenter, de sortir de sa zone de confort en allant chercher de nouvelles sonorités plus électroniques et aussi plus de créativité. Très personnel, l’album pourra ravir les admirateurs du musicien, les fans de NEUROSIS en recherche d’éclectisme et les amateurs d’Ambient, sans toutefois s’imposer comme une référence du genre. En somme, une bande-son idéale pour un hiver confiné.

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- Steve Von Till (chant, instruments)


1. Dreams Of Trees
2. The Old Straight Track
3. Indifferent Eyes
4. Trail The Silent Hours
5. Shadows On The Run
6. Wild Iron



             



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