Le Groove Metal et le Djent tendent de plus en plus à être confondus avec du Core Prog, ce qu'on peut comprendre avec la flopée d'appellations non-contrôlées qui nous assaille de toutes parts. Ce que le one-man band HUMANITY'S LAST BREATH nous placarde dans les gencives n'est pas facilement catégorisable, car on entend de l'Indus, du Deathcore il est vrai, mais pas de l'abrutissant véloce à gueulard, du Prog dans l'approche posée et les atmosphères intenses et du Groove dans le rythme un chouia sous le mid-tempo. Certains y verront du MESHUGGAH, un autre groupe suédois, d'autres du Djent pur et dur, de quoi contenter bien des pavillons.

Ce que je retiendrai, à l'instar de plusieurs, est la férocité de ce Metal vrombissant, la lourdeur des riffs, la solidité du chanteur et l'ambiance apocalyptique de "Detestor", un E.P. bien fouillé et foutu, le temps des cinq première pistes. Car le Suédois Buster Odeholm est tellement fier de sa formule qu'il nous offre une version instrumentale de chacun des cinq titres, de quoi user notre patience à la corde. Certains autres styles sont plus agréables à entendre sans parole, alors que le Djent de cette teneur peut paraître agressant, voire anecdotique. Je ne suis donc pas très chaud à cette idée d'allonger ce E.P. de 24 minutes…

Qu'à cela ne tienne, HUMANITY'S LAST BREATH arrive en 24 minutes à nous faire apprécier, ou nous réconcilier peut-être, avec un genre plutôt méconnu. Son approche plus atmosphérique que rentre-dedans, malgré des riffs de malade, contribue à flatter la bête dans le sens du poil. Si le bloc compact formé de la basse, des guitares et de la batterie nerveuse ne souffre pas de baisse de régime côté imagination, il en va de même pour les samples et les manips' dont le Suédois pimente sa musique sans retenue. La fusion de cette puissance et du clinquant pourra sonner cacophonique pour quelques-uns, mais je préfère saluer le travail multicouches limite déjanté d'HLB.

Si on extrapole un peu en fantasmant, HLB serait une espèce d'hybride entre MESHUGGAH et ANAAL NATHRAKH, quand le Groove, le Djent, le Death et l'Indus pétaradent dans une inquiétante symbiose. Les effets stridents et les cordes hyper grasses injectent dans l'ensemble des ingrédients pour produire un kaléidoscope infernal, moderne et percutant.

Odeholm a comme ambition de créer le Metal le plus lourd qui soit, selon ses propres dires. Stoppons ici les lubies, ça ne sera jamais le cas tant qu'il officiera dans ce style. Car même si la production et la violence de "Detestor" sont aussi redoutables que finement ciselées, il y a des centaines de formations qui réussissent, avec moins de gimmicks et de technicité à nous faire hérisser le poil de la colonne.

Cela dit, "HUMANITY'S LAST BREATH" est un sacré phénomène qui vaut la peine d'être vécu.

Podium : (or) "Ocean Drinker", (argent) "Detestor", (bronze) "Harm".