Non content d’abriter les plus belles femmes du monde ainsi que la Palinka, alcool national redoutable (surtout la version artisanale à 60°), la Hongrie s’avère aussi être un terreau non négligeable du Metal talentueux, qui a malheureusement tendance à passer inaperçu au plan international. Laissez-moi donc vous présenter M. Attila BAKOS alias Mr voix claire de THY CATAFALQUE, Hongrois de son état justement. Comme il s’ennuyait entre son projet Black Atmo/Mélo TARANIS (que je vous recommande) et son projet folk WOODLAND CHOIR (que je vous recommande tout autant), il s’est dit qu’après tout, il ferait aussi bien de lancer un projet solo sous son propre nom. C’est ainsi que naquit ce "Aranyhajnal" qui se présente sans surprise comme un mélange des trois groupes suscités et qui me fait également penser aux Finlandais de THROES OF DAWN.

En ce qui concerne la musique, Monsieur Bakos est un guitariste avant tout et nous le prouve. Les guitares sont reines, ce sont elles qui charpentent l’intégralité des morceaux et tissent leur canevas mélodique. On y trouvera tout au plus quelques discrètes nappes de clavier ou encore une petite flûte, mais pas d’orchestrations boursouflées ou d’instrument exotique au nom imprononçable. Subtil. Côté vocal, le moins que l’on puisse dire, c’est que le bonhomme possède une voix en or (les montées vocales à la fin de "Sziklák Szívén" m’ont transpercé le cœur !), pouvant passer sans problème des médiums/graves jusqu’à des aigus quasi-angéliques. Son timbre pourrait ressembler de loin à un Vintersorg en moins maniéré, moins nasillard et plus versatile (bref, en mieux quoi). La comparaison n’est pas anodine, la musique d’Attila évoquant régulièrement des paysages similaires à ceux des moments les plus calmes de BORKNAGAR. Pas d’agression ici, ni de rage, tout au plus quelques passages énergiques, mais principalement de la douceur le long d’une succession de tableaux lumineux et mélancoliques à l’image du "Crépuscule Doré" (traduction de "Aranyhajnal") de la pochette qui me donne envie de m’y évader et de ne jamais revenir.

"Lángolj" est le titre le plus THY CATAFALQUE-ien avec ses rythmiques enlevées et ses riffs mélodiquement plus élaborés. Mais mon passage préféré est sans conteste le fabuleux break acoustique à 4:40 sur "Áldás", transe tribale hypnotique et entraînante menée avec brio (avec qui?) qui marque chronologiquement le début de la seconde moitié de l’album, plus atmosphérique et sensible, qui obtient ma préférence.

C’est l’occasion de se rendre compte, même si je le savais déjà grâce à DALRIADA ou THY CATAFALQUE, à quel point le hongrois est une belle langue, très chantante et chaleureuse. J’en profite aussi pour affirmer mon opinion sur le fait qu’il n’est pas absolument nécessaire de chanter en anglais pour pouvoir exporter sa musique (SOLSTAFIR s’en sort très bien par exemple) et qu’il n’est pas non plus indispensable de comprendre les paroles pour les apprécier (parce que le hongrois, vas-y comment c’est velu !). Ce disque en est une magnifique preuve.

Voilà, s’il vous prend l’envie d’une petite balade bucolique entre deux rasades de blast, vous pouvez vous jetez les yeux fermés sur ce petit bijou confectionné avec amour par un mec tout seul qui n’a pas oublié d’être doué. Par contre, Monsieur BAKOS, ce n’est peut-être pas nécessaire de créer un nouveau projet à chaque fois que vous voulez sortir un disque, si ?