La découverte d'un groupe est un moment intéressant. On pense souvent que le premier contact avec un groupe est celui où l'on écoute pour la première fois un des ses morceaux. Ou à la limite, lorsque l'on aperçoit la pochette du groupe, sur internet, ou chez notre disquaire préféré. Mais il vient souvent un moment avant, où l'on découvre le nom du groupe. Ainsi, la première chose que l'on rencontre c'est un nom. Et ce n'est pas pour rien que de nombreuses œuvres littéraires s'intéressent au pouvoir que possèdent les noms, car c'est ce qui caractérise un objet, une personne, c'est la chose qui permet de les reconnaître, ou de les appréhender. C'est aussi, lorsque l'on parle d'un groupe, un moyen de pressentir la musique jouée par le groupe. Il ne fait aucun doute, par exemple, qu'un groupe avec un nom comme DEATH, joue une musique sombre et violente. Mais lorsque vous vous retrouvez face à un groupe comme ---, les conjectures sont étonnamment plus difficiles. Alors, un coin de notre tête pense à mystère, originalité. Et quelle déception !

Car --- joue ici d'un Black atmosphérique plutôt classique, avec des touches de modernité déprimante. Les riffs sont ici moins éthérés, mais beaucoup plus accrocheurs, moins grondants, mais plutôt provocateurs. Et le pire ici, et ce qui fait s'afficher une moue de dégoût sur mon visage, ce sont ces mélodies dignes d'une musique pop de basse facture. Le clavier, bien trop présent, vient annihiler toute tentative d'assombrissement de la musique par des guitares timidement agressives. Il prend toute la place, vomissant ses mélodies sucrées et les étalant avec obscénité sur un Black déjà malheureusement mou. Un hybride entre mauvaise musique pop et mauvais Black atmo. Comment s'imaginer pire ?

Néanmoins, cette démo n'est pas totalement dépourvue de bonnes idées. La fin de "En Vissnad Blommas Natur", par exemple, est assez intéressante, avec ce monologue en suédois assez théâtral. Malheureusement, il emplit à lui tout seul près d'un quart du morceau et le déséquilibre totalement. Déjà qu'en soit, ce morceau d'ouverture n'était pas mémorable, le déséquilibre apporté par ce monologue le rend encore plus insipide. On pourrait penser à une contradiction de ma pensée : une bonne idée qui alourdit la piste ? Oui, car si, en soit, l'idée est originale et plutôt bonne, cela ne veut pas forcément dire qu'elle est ici adaptée, ou même plus simplement bien utilisée.

On pourra aussi noter la grande diversité vocale sur cette démo. Entre une voix parlée intéressante susnommée, une voix black très saturée mais classique, se glisse une voix presque "gruikée", très saturée elle aussi. Elle apporte un peu de fraîcheur sur "Det Liknar Mest En Jävla Cirkus", et soulage un peu notre organe auditif de tout cette soupe sucrée et pseudo-acidulée. Enfin, une voix claire, pas remarquable, mais toutefois assez agréable vient compléter cet arsenal vocal.

Mais le pire, dans cette démo, c'est sans doute le deuxième morceau : "Rovfågeln". Entre des structures rythmiques pauvres, des riffs peu remarquables, vient s'apposer une mélodie si niaise, qu'elle rend le morceau collant et vomitif. Des passages plus calmes, entre le pseudo black du groupe, viennent ramollir encore plus ce qui paraissait pourtant ne plus pouvoir l'être. Et cette mélodie ! Cette mélodie, je vous l'assure, parasitera votre cerveau pendant des jours et des jours après l'écoute de ce morceau. Et l'on dit que le meilleur remède pour faire partir une chanson qui parasite votre esprit est de la réécouter.... Tout, tout sauf ça !

Cette démo me colle la migraine. Un tel concentré de niaiserie, supplantant et cachant un Black atmosphérique de facture pauvre, et peu inspiré, aboutit à un résultat surprenant sur mon cerveau. Et il ne lui faut que 8 minutes !