Il est difficile de tout aimer et la trop grande variété de styles musicaux abordés ici par NAZARETH nous condamne presque à une appréciation moyenne de ce premier album. A ce stade, ce n’est même plus une carte de visite mais un véritable catalogue de tous les trucs en vogue à l’époque.
Pour mon compte, s’il y a des bidules dans la Country que j’aime bien (chez Emmylou HARRIS ou Johnny CASH), je dois dire que je n’aime pas du tout "Country Girl" et sa pedal steel en carton, un instrument proprement satanique à mes chastes oreilles de Hardos distingué. Non, je n’ai pas envie de fréquenter les bars à rednecks de « Shérif Fais-moi Peur » en compagnie du groupe ! Pédalant dans la même semoule, "I Had A Dream" est une ballade psyché lénifiante et démodée qui rappelle les gonflants PROCOL HARUM et autres RARE BIRD. C’est chiant. Enfin, je trouve que "Red Light Lady" est gâchée par sa deuxième partie, un brouet pompeuse qui évoque la fin de "Hey Jude" ou bien "With A Little Help From My Friends", un morceau que j’ai toujours détesté (surtout quand c’est Joe COCKER qui le chante, quelle plaie ce type!).
Et voilà, c’est tout pour le négatif et, finalement, ça ne fait pas beaucoup : deux titres et demi sur neuf.
Le reste louvoie entre le sympatoche et le très bon. Les trois premiers titres sont particulièrement réussis, "Witchdoctor" est un chouette Heavy à la BLACK SAB’; "Dear John" est un excellent single, un Boogie sautillant, façon piano-bar; "Empty Arms" est mon morceau préféré du disque, un beau riff harmonisé comme on peut en trouver chez les gens de bon goût ("Drifter", de MAIDEN) allié à une mélodie subtile, à la GILLAN.
En deuxième partie, on trouve deux titres assez sympas : "Fat Man" avec ses voix trafiquées à la talk box semble être inspiré du générique kitchouille de la vieille série "Batman" (sauf que c’est "Fat Man", donc, et que ça témoigne d’un humour très puéril pour ne pas dire plus...). "King Is Dead" est plus surprenant, un titre mélangeant acoustique et orchestral. La musique est belle - une sorte de bande originale de film aux accents romantiques - mais le refrain est moyen et aurait gagné à être éliminé.
Et puis, il y a "Morning Dew", l’un des chevaux de bataille de NAZARETH en live, un titre que tout le monde a repris, de GRATEFUL DEAD à Robert PLANT en passant par EINSTURZENDE NEUBATEN, Rod STEWART et ma grand-mère. Un jour, une folkeuse quasi anonyme, Bonnie DOBSON, a composé cette mélodie en crescendo sur des paroles anti-nucléaires évoquant une pluie radioactive puis, en ouvrant ses volets le lendemain, s’est aperçue qu’il pleuvait… des royalties ! Je préfère la version de BLACKFOOT, sur le décrié "Vertical Smiles", mais celle de NAZARETH est superbe aussi.
Au final, si objectivement cet album mérite trois étoiles, j’en rajouterais une quatrième car la découverte de ce groupe (avec plus ou moins cinquante ans de retard !) via les récentes rééditions CD de chez BMG, m’a vraiment enthousiasmé. Moi qui pensais que NAZARETH était un groupe de gros bourrins qui font du Boogie tout craignos, je découvre un groupe finalement assez subtil avec de très bons musiciens, le chanteur et le guitariste étant particulièrement brillants.
